CHAPITRE XVI HAMBOURG

Entre les rives basses de l’Elbe, bordées de villes, de villages, le steamer filait, obéissant comme un cheval bien dressé à la main ferme du pilote.

Brunsh, Neuhaus, Glackst, Stausk, Elsnsten, Wedel, restaient en arrière. L’Eagle laissait à sa droite les îles nombreuses qui divisent le fleuve à partir de Mithlenberg, et dont la première est celle de Firkenwürder ; il franchissait Teufelsbrucke, Dulgonne, Neumilhden, la cité commerçante et industrielle d’Altona, dont le musée d’Ethnographie et d’Histoire naturelle est réputé, et il s’arrêtait enfin, le long du quai du Sandthorhafen, l’un des bassins du port de Hambourg, ville libre d’Allemagne, place de commerce la plus importante d’Europe après Londres et Liverpool.

Durant tout le trajet, Horngiver n’avait cessé de se lamenter sur le retard que la fausse direction de l’Eagle apportait à ses affaires. Lucien, Frig, Frog et Lee l’avaient plaint et avaient senti leurs soupçons contre Nali croître à mesure qu’ils s’apitoyaient davantage sur le sort du marchand de bestiaux.

Comment l’Américaine avait-elle osé accuser ce brave homme ? Ne paraissait-il pas évident qu’elle avait voulu ainsi égarer l’opinion, masquer ses manœuvres. Et sous l’empire de ces pensées, ils s’éloignaient de la jeune fille, qui devenait pour eux une ennemie, la miss Arbel dont Jean avait parlé au poétique Lucien.

À peine le steamer eut-il accosté, que Horngiver prit congé de ses compagnons de traversée. Il allait courir à la gare, prendre le premier train pour la France et tâcher de rattraper le temps perdu.

On le vit galoper sur le môle qui sépare le Sandthorhafen du Gratsrookhafen et disparaître parmi les constructions édifiées en cet endroit.

Sur le pont, les clowns, le poète et l’Américaine restaient pensifs, quand master Hook s’approche d’eux :

– Mesdames, gentlemen, dit le patron, il me faudra cinq ou six heures, pour renouveler ma provision de charbon. Profitez de ce délai pour parcourir la ville. Nous repartirons ce soir, et demain je vous déposerai à Boulogne, ainsi qu’il était convenu. Tant pis pour moi, si une fausse manœuvre rend mon voyage moins profitable. Soyez tranquille, je changerai ma boussole.

La proposition plut aux assistants. Seulement Nali attira Vemtite à l’écart :

– Voulez-vous me rendre un service, demanda-t-elle ?

– Des chevaliers français, nous sommes les modèles,

Ordonnez, miss, un mot ; vous verrez, ce mot d’ailes

Me pourvoira

répliqua galamment le jeune homme rassuré par l’affirmation de Hook.

– Eh bien, informez-vous de l’adresse du marchand d’habits le plus voisin.

– Marchand d’habits ? répéta-t-il un peu surpris.

– Oui, j’ai besoin de me déguiser. Hier, dans ma précipitation, j’ai mal pris mes mesures. Il ne faut pas que Jean me sache près de lui. Je vous ai expliqué mes motifs.

– Sans doute, murmura Lucien avec une soudaine réserve.

– La nuit, cela n’avait pas grande importance ; mais à présent, d’un moment à l’autre il peut paraître sur le pont. Il boude, garde la chambre, cela ne saurait durer. Je désire me rendre méconnaissable, afin qu’à notre arrivée en France, certaine de l’avoir sauvé, il me soit possible de me séparer de vous et d’aller attendre dans la retraite l’appel de son père, qui peut-être ne résonnera jamais à mon oreille.

Le ton résigné et doux dont elle prononça ces paroles émut le disciple d’Apollon :

– Si, si ! Miss, vous l’entendrez cet appel, je vous le promets. En attendant je vais faire ce que vous souhaitez.

Un douanier passait sur le quai, Lucien l’appela :

– Y a-t-il un marchand d’habits dans le voisinage ?

– Ya, Herr, répondit l’homme. Suivez le môle jusqu’au bout, traversez le Brookthor, ce pont que vous voyez là bas et qui sépare le bassin de Sandthor de celui de Brookthor. Juste en face s’ouvre la rue Ste-Anne (Bei St-Annen). Dans les premières maisons à droite, vous trouverez votre affaire. Seulement le marchand est une marchande anglaise.

– Anglaise, parfait. Merci Monsieur.

Tandis que le douanier continuait sa promenade, Vemtite traduisait à Nali des indications qu’il venait de recevoir.

– Alors, répondit l’Américaine, je n’ai pas besoin de vous imposer la corvée de m’accompagner. Le chemin est tellement simple que je ne risque pas de m’égarer.

Saluant Lucien d’un signe de tête, elle franchit la passerelle qui reliait le steamer au quai et se dirigea à pas pressés vers le Brookthor.

– Bon, murmura philosophiquement le secrétaire du ministre de l’Instruction Publique, elle a raison : visitons Hambourg.

Mais avant de partir, il voulut revoir Jean Fanfare. Sombre et absorbé, celui-ci était enfermé dans sa cabine. Avec indifférence il accueillit la visite de son ami.

– Où sommes nous, questionna-t-il seulement ?

– À Hambourg.

– Hambourg au lieu de Boulogne… tu vois.

– Mais la faute en est à la boussole.

– Ou aux ennemis de la pauvre Nali.

– Nous repartirons ce soir pour la France.

– Je ne l’espère plus.

Malgré toute son éloquence, Vemtite ne put tirer autre chose du peintre affligé. De guerre lasse, il quitta la cabine et rejoignit les Anglais qui l’attendaient auprès de la passerelle. Le poète prit la conduite de la petite troupe, et guidé par ses préférences artistiques, l’entraîna vers le Kunsthalle, le coquet musée de peinture de la ville libre de Hambourg.

Traversant le Brookthor, les voyageurs s’engagèrent sur le Brookthor-quai, franchirent le canal de Zoll (Zollkanal) et par la Bahnhofstrasse, gagnèrent la promenade plantée d’arbres, créée sur l’emplacement des anciens remparts de la cité. Remarquant au passage le Johannis Kloster, le Muséum historique, la statue d’Adolphe IV, ils parvinrent au Kunsthalle.

Mais là, Frig et Frog, qui depuis quelques instants se frottaient les joues avec un visible mécontentement, déclarèrent que leur barbe n’étant pas faite, ils allaient se mettre en quête d’un coiffeur, tandis que Lee et Vemtite visiteraient les galeries de peinture.

Le poète leur fit observer qu’ils ignoraient l’allemand et qu’il serait heureux de les aider dans leurs recherches. Mais avec la confiance dédaigneuse, que du haut en bas de l’échelle sociale on rencontre chez tous les citoyens de la Grande-Bretagne, Frig répondit :

– Je parle anglais, c’est suffisant.

Réflexion profonde à laquelle Lee applaudit. Seul contre trois, Lucien céda et offrant le bras à l’écuyère, qui parut très flattée de cette attention, il pénétra dans le Kuntshalle, tandis que les clowns, le nez au vent, s’en allaient de leur côté.

Au milieu des toiles intéressantes, il les oublia bientôt. Il allait à travers le Musée expliquant les sujets représentés à Lee, toute étonnée de son érudition.

Il lui signalait le Messager de Hoogh ; un Paysage de Ruysdaël ; une Nature morte de Heda ; Cromwell ouvrant le cercueil de Charles I er , de Delaroche ; puis la collection Schwabe, composée surtout de tableaux de l’école moderne anglaise, et qui à ce titre intéressa particulièrement l’épouse de Frig.

Cependant, avec leur belle présomption britannique, Frig et Frog s’enquéraient de la demeure du barbier le plus proche.

Les sociétés se sont formées, a dit un profond philosophe, afin que l’homme pût se servir de sa langue pour demander son chemin à ses semblables.

Philosophe sans le savoir, Frig arrêta une commère qui passait, et se frôlant la joue de la main, geste qui, dans sa pensée, devait faire naître dans l’esprit de son interlocutrice l’idée de rasoir, il articula lentement :

– For shaving ?

L’expression anglaise, qui correspond au delà de la Manche au : c’est pour la barbe, Monsieur ? de nos artistes capillaires, l’expression, disons-nous, amena sur le visage de la bonne femme, une apparence d’étonnement ; et comme le clown répétait en scandant les syllabes :

– For shaving ?

Elle fit signe qu’elle ne comprenait pas et continua sa route.

L’insuccès de sa tentative n’enleva pas à Frig la conviction que parler anglais suffit pour se faire entendre en Allemagne. Il renouvela sa question à dix personnes sans arriver à un meilleur résultat :

– Ces habitants de Hambourg sont bouchés comme des bouteilles de Champain, grommelaient les deux cousins. Ils ne devinent pas l’anglais, ce qui prouverait déjà un pauvre cervelle, mais de plus, ils ignorent le mimique. Ils n’ont donc jamais vu de cirque ?

Tout en échangeant ces réflexions, les clowns exploraient du regard les alentours, cherchant un passant, de physionomie intelligente, capable de discerner les beautés de la langue saxonne. Soudain Frog poussa une exclamation :

– Well !

Sur un mouvement interrogatif de son compagnon, il désigna du doigt une vingtaine de petits garçons marchant deux à deux, sous la conduite d’un jeune homme grave, blond, au nez surmonté de lunettes.

– Un pension, dit-il.

– Yes, bonne idée, des petits gentlemen qui faisaient leur instruction, ils doivent nous renseigner.

Rejetant la tête en arrière, faisant bomber leur poitrine, les cousins se dirigèrent vers le personnage aux lunettes, qu’ils jugeaient devoir être un professeur. Avec ensemble, ils portèrent la main à leurs chapeaux, geste que l’Allemand imita aussitôt, puis Frig répéta pour la douzième fois :

– For shaving ?

En complétant sa question par le mouvement approprié. Leur interlocuteur les regarda, prononça quelques mots en allemand ; mais comme ils indiquaient l’impossibilité où ils étaient de converser dans ce dialecte, le jeune professeur sourit, et, curieux effet de la discipline militaire qui pèse sur toute l’Allemagne, ses élèves, qui s’étaient arrêtés et examinaient curieusement les étrangers, sourirent également.

Très aimable, le blond jouvenceau pria par signes les cousins de l’accompagner. Ils acceptèrent avec un nouveau salut. La chose leur paraissait claire, le Hambourgeois voulait les guider vers l’officine d’un barbier, afin qu’ils ne courussent pas le risque de s’égarer.

Derrière le maître qui riait toujours, derrière les élèves qui se mordaient les lèvres pour étouffer les éclats d’une gaieté intempestive, Frig et Frog quittèrent le boulevard et s’engagèrent dans la Rabotsenstrasse.

Au bout de dix pas, leur conducteur fit halte devant un magasin d’apparence sévère, au-dessus de la porte duquel se balançait une plaque de tôle découpée de façon bizarre et couverte de caractères rouges.

Le professeur indiqua aux clowns qu’ils pouvaient entrer dans cette boutique. Ceux-ci ne se le firent pas répéter. Ils pénétrèrent dans une salle sombre, aux murs cachés par des armoires de chêne à casiers. Au fond, trônant derrière un comptoir de bois noir ciré, une grosse femme blonde, opulente, au visage sans expression qui semblait avoir été sculpté par un fabricant de poupées de Nuremberg, se tenait droite, raide et majestueuse.

Elle accueillit les Anglais par un sourire et marcha à leur rencontre.

Eux s’inclinèrent de cette manière inimitable qui leur était propre, et Frig se frottant de nouveau la joue, articula nettement :

– For shaving ?

La dame eut un mouvement de surprise, considéra le visiteur de ses yeux bleu-faïence, puis fixa son regard sur les écoliers, qui du dehors, le nez contre les vitres, paraissaient jouir énormément de la scène. Frig répéta avec un commencement d’impatience :

– For shaving ?

Son interlocutrice le toisa derechef, eut un nouveau regard pour les curieux massés dans la rue, puis comme frappée d’une idée, elle se toucha le front, désigna des chaises aux cousins et se dirigea vers une armoire, en se dandinant avec la grâce d’un canard qui a bien dîné.

Elle ouvrit un casier, tâtonna un instant, et revint avec un objet volumineux, soigneusement enveloppé de papier. Déroulant le paquet, elle en tira une énorme seringue de métal blanc et la présenta triomphalement, en susurrant en pur allemand :

Ceci, Messieurs, est le dernier modèle pour pensionnats !

Le professeur facétieux avait conduit les clowns chez un fabricant d’irrigateurs, et la commerçante, trompée par la présence des jeunes étudiants, avait traduit à sa façon la question de Frig.

Ce dernier ne comprit pas la dame, mais il vit le geste, il reconnut l’instrument. Il le repoussa avec un geste de dégoût en criant :

– No ! no !

Au dehors un formidable éclat de rire retentit. Élèves et professeur s’éloignèrent en se tordant en un accès de folle gaieté, tandis que la grosse blonde, fronçant les sourcils redisait rageusement :

– Je vous affirme, Messieurs, que c’est le dernier modèle pour pensionnats.

– No ! no ! for shaving ? clamaient de leur côté les clowns agacés.

– Dernier modèle…

– For shaving.

– Des pensionnats.

– Aoh ! gronda Frog qui piétinait, ce femme est résolument stioupid ; on n’a jamais vu un gentleman se raser avec un seringue.

– Dernier modèle, glapit la négociante.

– Vos êtes entêtée comme une mule.

– Modèle adopté à l’université d’Heidelberg.

– Oh ! s’écria Frig, une idée.

– What’s, interrogea Frog cessant brusquement de gesticuler ?

– Ce milady va comprendre, vous allez voir.

D’un mouvement rapide, l’époux de Lee tira son mouchoir de sa poche, le secoua et l’attacha sous le menton de la commerçante que, d’un croc en jambe habile, il fit choir sur une chaise.

– Well ! murmura Frog en maintenant la grosse personne qui se débattait en promenant sur les Anglais des regards épouvantés.

Il la tenait fortement. Alors Frig saisit délicatement, entre le pouce et l’index de la main gauche, le nez de la patiente, et de la dextre il lui frotta les joues en redisant comme un refrain :

– For shaving ? Vo comprenez ? pour faire tomber le barbe de mon face.

Ah non, elle ne comprenait pas, l’infortunée marchande. Rendue muette par l’épouvante, persuadée qu’elle était captive de malfaiteurs qui en voulaient à ses jours, elle s’épuisait en vains efforts pour échapper à l’étreinte de Frog. Enfin l’excès de sa terreur lui rendit quelque présence d’esprit, et d’une voix perçante, brisée, fantastique, elle hurla :

– À l’assassin !

Des cris répondirent de l’arrière-boutique. Une porte s’ouvrit, des hommes armés de bâtons, de manches à balais, de tringles de fer, apparurent. La dame redoublait ses appels.

Les clowns jugent que la situation devient dangereuse ; il faut gagner le large. Faisant pirouetter leur victime, ils la jettent dans les bras du premier assaillant, et tandis que celui-ci chancelant sous le choc reprend son aplomb, ils ouvrent la porte de la rue et s’élancent au dehors.

Les défenseurs de la marchande les poursuivent avec des clameurs discordantes. Les cousins regagnent la promenade, croisent Vemtite et Lee au moment où ils sortent du musée. Sans ralentir leur allure, ils leur crient :

– Retournez au béteau. Très occupés à présent, vous expliquerons plus tard !

Ils courent toujours. Un soldat se met en travers de leur route ; d’un saut périlleux ils franchissent l’obstacle en uniforme. Ils prennent de l’avance, distancent leurs ennemis essoufflés qui, un à un, retournent au magasin d’irrigateurs, où la marchande bouleversée par la scène qui vient d’avoir lieu fait brûler du kirchenwasser pour se redonner du calme.

Inquiets d’abord, Lucien et sa compagne avaient été vite rassurés sur l’issue de la chasse à l’homme où leurs amis jouaient le rôle de gibier. Mais la curiosité leur faisait presser le pas. Ils avaient projeté de faire le tour de l’Aussen-Alster et du Binnen-Alster, ces deux lacs entourés de plantations, de maisons somptueuses, qui sont l’originalité et le luxe de Hambourg ; mais ils renoncèrent à cette promenade dans leur hâte de savoir comment les clowns avaient ameuté le quartier en voulant se faire raser.

De nouveau ils traversèrent le Brookthor, et suivant le quai, arrivèrent bientôt en face de l’Eagle.

Mais là, une surprise les attendait. Des ballots étaient empilés sur le pavage et des hommes sur deux files les transportaient sur le steamer. Au milieu d’eux, le patron Hook affairé, donnait des ordres, gourmandait celui-ci, poussait celui-là. Et près de là, appuyé contre la pile de colis, un mousse, autant qu’on en pouvait juger à sa taille, se tenait immobile, la tête basse, formant un contraste frappant avec le remuant capitaine. Tout près Frig et Frog regardaient les yeux écarquillés.

Hook aperçut ses passagers :

– Bonjour, leur dit-il, je complète un chargement pour Londres.

– Pour Londres ?

– Oui… C’est vrai, vous ne savez pas. Je ne vous conduis plus en France, défense de la police.

– De la police ?

– Yes, parfaitement. Votre ami est arrêté pour une affaire d’aluminium.

Les clowns abaissaient la tête de haut en bas et relevaient de bas en haut d’un air consterné.

– Mais qu’est-ce que cela signifie, interrogea Vemtite d’une voix tremblante ?

– Je n’en sais pas plus que vous, je ne parle pas l’allemand.

– Jean non plus.

– Jean, votre ami ? Oh ! il n’a pas eu besoin de parler. Des gens de la police sont venus à bord. Ils ont trouvé quelque chose en aluminium. Ils l’ont emporté, et pour engager votre ami à les suivre, ils lui ont mis des menottes.

Comme les voyageurs se regardaient avec une angoisse affreuse dans les yeux, un homme se dressa tout à coup devant eux, livide, échevelé, hagard, l’air d’un fou. C’était Jean Fanfare.

– Jean, s’écria Vemtite, c’est toi, libre !

Il tendait les bras à son ami. Le peintre s’y jeta et avec un accent impossible à rendre :

– Libre, oui, mon pauvre Lucien. Libre, mais frappé à mort.

– Toi, allons donc ! balbutia le rimeur.

– Ils ont pris Nali. Sur un ordre du bureau central de la police, on la transporte à Berlin, et dans quelques jours il sera trop tard pour la sauver.

Le mousse appuyé contre les ballots avait levé la tête. Il écoutait. Il fit un mouvement comme pour se rapprocher.

– Eh ! reprit fougueusement Vemtite, en unissant nos forces, nous la sauverons, nous sommes courageux, libres de nos mouvements…

Il s’arrêta en voyant son ami hausser ironiquement les épaules.

– Nous sommes prisonniers et allons être conduits à Berlin.

Vemtite eut un haut le corps. Ses yeux parcoururent un cercle. Autour du groupe, des hommes à l’allure militaire formaient une circonférence infranchissable.

Le mousse aussi avait regardé. Une contraction pénible crispa son visage, il reprit son attitude nonchalante, tandis que le cercle se rétrécissait et que les Français et leurs amis anglais, chacun entre deux policiers, étaient entraînés vers le Brookthor.

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