CHAPITRE VII LA TACHE DE SANG DU LOUVRE

On était en pleine nuit. De gros nuages noirs couraient vertigineusement dans le ciel.

La cour muette semblait déserte, mais les fenêtres des appartements du roi étaient éclairées, projetant au dehors une lumière pâle.

– Qu’est-ce donc ? murmura Jean, impressionné par le silence.

Son guide répondit d’une voix sourde :

– La nuit du 24 août 1572. La nuit de la Saint-Barthélemy !

Et, comme l’artiste esquissait un geste :

– Tais-toi, ordonna son compagnon. Tais-toi, nous entrons dans la chambre du roi.

Aussitôt l’obscurité fut remplacée par une clarté aveuglante, et à deux pas de lui, Fanfare remarqua un homme frêle, au visage blême, aux regards inquiets.

C’était Charles IX.

En face du roi, se tenait un seigneur de fière allure, aussi calme, aussi tranquille que son souverain paraissait troublé.

– Voyons, Larochefoucauld, murmura Charles d’une voix quelque peu tremblante. Ne t’en va pas ce soir. Veillons ensemble, nous deviserons de guerre et de chasse.

– Ma foi, Sire, répliqua le gentilhomme, vous me contraignez à un aveu pénible. Le divin Morphée a semé ses pavots sur mon front. Je craindrais de répondre à vos propos par un ronflement. Mieux vaut que j’aille dormir.

– Je t’en prie, mon cher comte.

Le seigneur secoua la tête :

– Si je me rendais, mon gracieux Sire, j’encourrais votre disgrâce. C’est un triste compagnon qu’un courtisan qui somnole. Laissez-moi obéir aux ordres de la nature, et demain vous me trouverez frais et dispos pour votre jeu de paume.

Un geste découragé échappa au roi, et d’un ton dolent :

– Va donc, puisque tu le veux.

– Vous me pardonnerez demain, mon cher Maître. Si je prends quelque repos, c’est pour mieux remplir mon service auprès de mon souverain.

Charles ne répondit pas. Les paupières baissées comme s’il craignait de regarder son interlocuteur en face, il lui tendit une main hésitante que le comte serra respectueusement, après quoi ce dernier sortit.

À peine la porte était-elle retombée sur lui, que le roi se prit la tête à deux mains, avec un geste de désespoir.

– Pauvre Larochefoucauld ! gémit-il. J’aurais voulu le sauver lui !

Cette angoisse royale était horrible à voir. Jean, spectateur étrange de la scène rétrospective, tremblait.

Soudain Charles se dressa brusquement. Il se mit à tourner autour de la pièce. Il parlait, lançant des phrases hachées, haletantes :

– Pourquoi ai-je permis cela ? Hier, quand on m’a appris l’attentat commis sur Coligny, j’ai ressenti de la colère, j’ai songé à venger le bon Amiral… Aujourd’hui je pactise avec les assassins… je permets le massacre des huguenots… et mon beau-frère en est… Henri de Béarn, époux de ma sœur Margot est parmi ceux que j’ai condamnés… Comment cela s’est-il fait ? Comment mes actes sont-ils si contraires à ma volonté ? C’est ma mère Catherine de Médicis, c’est Guise qui m’ont arraché l’ordre d’égorgement… Ah ! Catherine, toi dont le front d’airain cache des pensées que je ne comprends pas, ne déshonores-tu pas ton fils en cette soirée néfaste ?

Il fut agité d’un long frisson, puis demeura immobile, le cou tendu, comme s’il écoutait. Enfin il poussa un profond soupir.

– Non, rien encore. J’avais cru entendre le signal du carnage. Oh ! quand je pense que demain le jour éclairera tant de cadavres épars dans les rues de la ville ! Et qui sera marqué au front… ? C’est moi, le roi, qui ai donné l’ordre fatal,… moi, le tout puissant.

Et avec un ricanement amer :

– Tout puissant ! Ah ! la bonne histoire. Je suis un enfant, un pantin dont ma mère tient les fils. Mais je me révolte à la fin. C’est trop de honte, trop d’épouvante. Je ne veux pas que la tuerie s’accomplisse… Que les compagnies des gardes retournent à leurs chambrées, au lieu de rester en armes dans la cour.

Le sourire reparut sur les traits du roi :

– Ma mère sera furieuse, mais bah ! le respect filial a des bornes, je ne dois pas condamner tant de bons gentilshommes.

Il étendit la main vers une sonnette pour appeler ses gens, contremander l’ordre sanguinaire.

À ce moment, une porte s’ouvrit sans bruit, et dans l’encadrement se profila la silhouette d’une femme, assez grande, le visage froid, le regard dur ; elle était vêtue d’une longue robe de velours noir dont la jupe tombait sans plis. Un chaperon de même étoffe couvrait sa tête.

À sa vue, Charles interrompit le mouvement commencé. Il restait sans voix, sans geste, comme l’oiselet fasciné par le serpent :

– Ma mère ! bégaya-t-il enfin.

La visiteuse eut un sourire ironique. Sans s’inquiéter de la froideur de la réception, elle marcha vers le roi :

– Mon fils, dit-elle d’une voix sèche, si j’ai quitté à pareille heure mes appartements du rez-de-chaussée pour monter ici, c’est que j’avais à soumettre une plainte à Votre Majesté.

– Une plainte, encore ? laissa échapper Charles.

Catherine le couvrit d’un regard étincelant :

– Est-ce un reproche ? Mon fils n’est-il plus disposé à écouter sa mère ?

– Non, ce n’est pas cela, bredouilla le malheureux souverain incapable de résister à la volonté supérieure de son interlocutrice.

Elle profita aussitôt de son avantage :

– J’en suis aise. Au surplus, la chose n’est point grave et une simple admonestation de vous suffira à punir la coupable.

– Ah ! si ce n’est pas plus terrible…, commença le monarque soulagé par cette déclaration.

– Il s’agit de votre sœur, Claude de France, duchesse de Lorraine. Elle est d’une religion bien tiède.

– Claude ?

– Elle-même. Tout à l’heure Margot exprime le désir de se retirer dans ses appartements.

– Eh bien ?

– Claude a cherché à l’en dissuader. Elle s’accrochait à ses vêtements, la suppliait avec des larmes de rester avec nous. J’ai dû employer toute mon autorité pour mettre fin à cette scène déplacée.

Le roi était redevenu sombre :

– Eh ! la pauvre Claude sait ce qui se prépare. Elle a craint qu’il n’arrivât malheur à cette folle de Margot.

– Quoi, vous l’excusez ?

– Oui, Madame, et je pense qu’il vaut mieux pardonner que punir.

Un éclair livide étincela dans les yeux de Catherine de Médicis et d’un accent méprisant :

– Voilà donc le fond de votre âme. C’est ainsi que parle un roi, environné d’ennemis qui ne songent qu’à arracher la couronne de son front.

– Y songent-ils ? articula timidement Charles.

– Vous doutez ? Pourtant vous avez entendu Guise, le plus fidèle de vos capitaines ; vous avez entendu les paroles de votre mère et vous doutez encore ? Ah ! Les Huguenots avaient raison quand ils se targuaient de conquérir le royaume de France pour le donner à ce traître, dont vous avez fait votre frère, Henri le Béarnais !

– Madame !

– Non, je ne me tairai pas. Si vous préférez les parpaillots à vos parents, à vos traditions, à vos croyances, faites-moi emprisonner. Vous avez des cachots, des geôliers. Jetez-moi dans un in-pace, et ce sera un titre de gloire pour Charles IX d’avoir sacrifié sa mère aux hérétiques.

Écrasé sous cette avalanche d’imprécations, le roi courbait le front. Catherine eut un fugitif sourire et changeant de ton :

– Mais j’ai tort de vous gronder ainsi. Vous êtes doux, Charles, et si je n’étais à vos côtés, les lourds devoirs du trône vous briseraient.

Elle s’arrêta. Un coup de feu, partant de la cour du Louvre, avait retenti dans la nuit.

Chancelant, le roi s’affaissa sur une chaise, et Catherine l’enveloppant d’un regard d’indicible mépris, s’écria d’une voix triomphante :

– La punition des coupables commence !

Vivement elle se dirigea vers la porte qui lui avait livré passage, sans que son fils fît un geste pour la retenir. Au moment de sortir, elle se retourna. Un rictus diabolique contracta ses traits, et elle murmura :

– J’ai bien fait de venir. Il eût été capable de révoquer ses ordres.

Puis elle disparut.

Le roi était seul. Un grand silence avait succédé à la détonation. Angoissé, sa respiration gênée sifflant entre ses lèvres décolorées, Charles attendait avec une expression hagarde et épouvantée.

Mais un tumulte s’élève.

Des pas nombreux, précipités, résonnent dans le couloir voisin.

Le monarque a un cri de terreur… il appelle.

Un valet de chambre accourt :

– Quel est ce bruit ? interroge Charles.

Le laquais répond d’un air insouciant :

– Un huguenot blessé qui fuyait.

– Il est mort ?

Et en demandant cela, les cheveux du roi se hérissent.

– Non, non. Il s’est réfugié chez Madame Marguerite. Il l’a saisie par les bras et s’en est fait un bouclier. Si bien que le capitaine des gardes, de peur de blesser la noble épouse de Henri de Béarn, lui a accordé la vie du fugitif.

– C’est bien, allez.

Le valet sort. Le roi est seul. Il essuie machinalement son front où perlent de grosses gouttes de sueur. Il fait mal à voir.

Mais la guerre civile s’étend sur la ville endormie. La chasse à l’homme s’organise. Ce sont des cris de ralliement, des arquebusades, des hurlements d’agonie. Dans la cour du Louvre, on entend des cliquetis d’acier, des malédictions. Ce sont les gentilshommes Navarrais, hôtes du roi, que les compagnies des gardes égorgent.

À chaque détonation, à chaque clameur, le roi sursaute ; un grelottement continu fait s’entrechoquer ses genoux.

Titubant ainsi qu’un homme ivre, il marche d’un pas incertain, se heurtant aux meubles, se bouchant les oreilles, essayant vainement de s’isoler du bruit du massacre.

Et soudain un flot de sang monte à ses joues, ses yeux prennent un éclat de démence, d’horribles contorsions tordent son corps, font grimacer son visage.

– Morts, clame-t-il, tous morts ! Ils m’escortent. Ils sont là autour de moi !… et ces murs, ces murs d’où ruisselle le sang.

L’hallucination effroyable qui depuis ne devait plus quitter Charles, venait de débuter.

Et Jean Fanfare, dans son rêve personnel, voyait se réaliser celui du monarque. Des spectres hideux, étalant leurs blessures, la poitrine trouée, la gorge ouverte, le crâne fendu, grouillaient boueux, déchirés, lamentables. Sur les murailles, de longues rigoles rouges descendaient du plafond. Elles atteignaient le plancher, formaient des mares sans cesse élargies.

Le jeune homme reculait, levait les pieds pour éviter cette marée sanglante. Il se tourna vers le Génie, dont les yeux de lumière laissaient perler des larmes, et suppliant :

– Assez, assez de crimes !

– Tu as raison, dit l’Esprit, partons.

Il eut un geste. La chambre du roi s’évanouit en vapeur, le silence se fit. De nouveau Jean et son guide étaient sur la berge de la Seine, mais le Génie du Louvre avait hâte de poursuivre son voyage à travers l’histoire. Sa baguette décrivit un cercle dans l’air, et des personnages inconnus défilèrent sous les yeux du peintre. Le seizième siècle, siècle d’empoisonneurs, d’assassins, de troubles se déroula.

Des silhouettes se montraient un moment et retombaient inertes, renversées par le crime. François de Guise tué d’un coup de pistolet par Poltrot de Méré ; Charles VIII et Louis XII succombant aux mystérieux ravages d’un poison inconnu ; Henri III poignardé par Jacques Clément.

La Ligue était maîtresse de Paris. Les princes, convoqués par Mayenne, tenaient conseil au Louvre.

Henri IV assiégeait la capitale. Il rentrait acclamé dans le palais d’où il était sorti en fugitif. Le roi légendaire de la « poule au pot » encourageait les artistes ; il les logeait au Louvre et fondait ainsi une sorte d’école d’art décoratif.

Et les constructions continuaient, chaque règne ajoutant un pavillon, des galeries, des embellissements à cette suite de palais qui forment l’ensemble géant de cette demeure où réside l’âme de la nation.

Louis XIII, souverain effacé par Richelieu, ministre génial et absolu ; Mazarin, Italien plein de ruse et d’avarice ; Moussu d’Artagnan, capitaine des Mousquetaires, foulaient tour à tour les pavés des cours, les dallages des vestibules.

Alors survenaient Louis XIV, Molière, Corneille, Racine, Jean de la Fontaine, Fouquet. Le Louvre s’enrichissait de sa colonnade. Le Roi-Soleil s’éteignait, livrant la France et son palais à l’incapable et indifférent Louis XV.

Autour de l’édifice et parfois même à l’intérieur, les philosophes discutaient, préparant par l’idée, par le livre, le mouvement de la Révolution.

Louis XVI, victime propitiatoire marquée par la fatalité, gravissait les marches du trône. Bourgeois, plus serrurier que roi, ce souverain brave homme avait l’honneur de créer le musée. En 1787, il approuvait le rapport du comte d’Augeviller concluant à la réunion, au Louvre, des tableaux italiens des galeries de Versailles et des Rubens des salles du Luxembourg.

Mais la Révolution éclate, les événements se précipitent. Le 7 août, Lafayette veut faire occuper le palais du roi par la milice parisienne. En 1791, le musée prend le nom de « Réunion de tous les monuments de la science et de l’art », sur le rapport de Barère.

La Terreur fait frissonner Paris ; le tocsin sonne, les recruteurs de volontaires parcourent la rue, précédés de tambours, dont les sourds roulements sont interrompus de temps à autre par le cri : « La Patrie est en danger ! Aux armes, citoyens », et le 27 juillet 1793, la Convention décrète la formation du musée national.

En 1794, on installe la Bourse dans les salons décorés par Romanelli ; en 1797, l’Institut siège dans la galerie d’Apollon ; en 1795, Chappe, l’inventeur du télégraphe habite le Louvre.

Puis l’épopée Napoléonienne commence.

Bonaparte, vainqueur en Italie, en ramène, le 28 juillet 1798, les Chevaux de Venise, la Vénus du Capitole, le Laocoon, le Gladiateur mourant. En 1801, début du dix-neuvième siècle où triomphera l’industrie, c’est une exposition industrielle qui se tenait dans la cour du Louvre.

Gloires ou tristesses de la nation ont leur contre-coup sur le Musée.

En 1802, il s’enrichit des Noces de Cana, de Véronèse, de toiles de Raphaël, du Titien, de Murillo, provenant surtout des collections du duc de Toscane.

En 1810, il abrite le mariage de Napoléon Ier et de Marie-Louise d’Autriche, puis il acquiert la Transfiguration de Raphaël, le Martyre de Saint Pierre et l’ Assomption du Titien, le Saint Marc de Tintoret. Ses galeries sont bondées, il faut en expédier le trop plein en province.

Le Louvre reçoit encore la Vénus de Médicis et la Diane de Gabies.

Puis viennent les désastres, la retraite de Russie, la campagne de 1813, l’entrée des alliés à Paris en 1814, les cent jours, Waterloo, 1815 !

Pour la seconde fois, en deux ans, les armées coalisées de l’Europe ont envahi la France ; elles occupent Paris.

Les Prussiens de Blücher réclament les œuvres d’art, fruits des conquêtes de Napoléon, à qui la possession en a été reconnue par les traités.

Vainement le gouvernement français, soutenu par l’empereur de Russie, cherche à résister. Les alliés ont gain de cause, et le 23 septembre 1815, les bataillons anglais investissent le Louvre ; des soldats en armes emplissent les salles, tandis que des ouvriers emportent les chefs-d’œuvre.

Mais les vides sont bientôt comblés. On puise dans les réserves, au Luxembourg, dans d’autres musées ; 1821 apporte la Vénus de Milo, 1824 voit la création des galeries du Moyen-Âge et de la Renaissance.

Arrive décembre 1830, le procès des Ministres de Charles X. L’artillerie de la garde nationale campe dans la cour du Louvre, et parmi les soldats de cette garnison improvisée, on remarque Cavaignac, Alexandre Dumas, Bastide, Guinard.

Le Musée Assyrien s’ouvre en 1838. En février 1848, nouvel envahissement du Louvre par les insurgés.

Enfin en 1857, le palais était achevé par les ordres de Napoléon III. Il recevait la Conception et la Nativité de Murillo, six fresques de Luini, un portrait par Antonello de Messine, les 250 tableaux du legs Lacaze, les statuettes de Tanagra.

Jean, pris de vertige, assistait au prodigieux défilé de l’histoire. Il vit les tristesses de 1870, Paris assiégé, l’un des services de la Défense Nationale fonctionnant au Louvre, et dans les rues couvertes de neige, par un froid aigu, les soldats de la capitale, les mobiles envoyés par la province soutenir la suprême lutte contre le cercle d’airain de l’armée d’investissement.

Il vit les femmes hâves, les enfants amaigris stationner à la porte des boulangers, des bouchers… débitant du cheval, pour obtenir une ration insuffisante. Ces malheureux, soutenus par l’espoir de vaincre, trouvaient encore le courage de sourire, et, obscur héroïsme, de transformer en chanson le cri d’angoisse qui montait de leurs entrailles tiraillées par la faim.

Et puis la défaite. Les soldats de l’ennemi campant dans les Champs-Élysées.

Surpris de leur triomphe, ils regardaient avec une crainte vague ce Paris formidable qui les entourait et le Louvre noir, silencieux, désert, dont les grilles s’étaient fermées, pour que l’envahisseur ne vint pas caresser, d’un œil insolent, les trésors entassés par la nation.

Enfin s’allume la torche de la guerre civile. Les Tuileries s’embrasent, s’écroulent.

Le Louvre est menacé, mais à force de courage, d’abnégation, de mépris du danger, on le préserve d’une destruction qui eût été irréparable.

Cependant ces scènes douloureuses s’effacent comme les précédentes, et Jean se voit debout auprès du parapet du quai, en présence du Musée actuel.

Le Génie qui fut son guide est toujours à ses côtés. Son casque étincelle sous un rayon de soleil, sa baguette se modifie, s’arrondit, prend la forme… non, l’artiste voit mal, cela n’est pas possible !

Il regarde encore. Horreur ! c’est un manche à balai qu’il a sous les yeux et l’esprit du Louvre a fait place à la femme de ménage qui, de sa voix enrouée, demande :

– Eh bien, Monsieur Jean, on fait donc la grasse matinée ?

Le jeune homme se dresse, les idées brouillées par ce soudain passage du rêve au réveil.

Il fait grand jour ; par le vitrage il aperçoit le ciel clair. Son atelier est illuminé par un gai soleil d’hiver.

– Quelle heure est-il ? questionne-t-il en bâillant.

– Dix heures, monsieur Jean.

– Dix heures ?

– Sans doute. Vous dormiez si bien que j’ai fait l’atelier sans vouloir vous déranger ; mais comme vous vous agitiez, j’ai pensé que vous aviez peut-être le cauchemar, et ma foi je vous ai secoué.

– Vous avez bien fait. Allez donc me chercher à déjeuner… Ce que vous voudrez. Pendant ce temps, je m’habillerai, j’ai à sortir aujourd’hui.

Et tandis que la bonne femme se précipitait pour obéir au peintre, celui-ci, délivré de sa présence, procéda à sa toilette.

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