Ce ne fut que vers la demie après midi que Fanfare se présenta le lendemain au Louvre.
Il avait retardé le plus possible ce moment, car l’approche de l’heure décisive lui causait un trouble inexprimable. Peu d’hommes ont passé par de telles tribulations. On aurait donc tort de taxer Jean de petit maître ou de garçon impressionnable.
Quoi qu’il en soit, l’artiste était énervé au suprême degré. Pour dissimuler le désarroi de ses pensées, il s’absorba dans la reproduction crayonnée de l’empereur Hadrien, répondant à peine au salut des gardiens qui passaient. Ces honnêtes fonctionnaires lui inspiraient du reste une aversion épouvantable. Chacun lui apparaissait comme un adversaire, chargé uniquement de l’empêcher de rendre sa fiancée Nali à l’existence en même temps qu’à la liberté.
Fréquemment le jeune homme consultait sa montre, la portait à son oreille pour s’assurer qu’elle marchait, car les aiguilles tournant sur le cadran semblaient lentes à son impatience.
Deux heures, trois heures, la demie furent marquées par les pointes insensibles. Alors il jugea qu’il convenait de se rendre dans la salle des Caryatides, où Frig lui avait donné rendez-vous.
Il ferma son carton, rangea ses crayons, s’efforçant d’être calme, de ne pas montrer une précipitation dont on eût pu s’étonner.
Et son cœur frappant les parois de sa poitrine ainsi que le battant d’une cloche, la vue obscurcie, la démarche incertaine, il quitta la salle des Antonins et gagna le corridor de Pan.
Sur le seuil de la salle des Caryatides, il s’arrêta quelques secondes. La respiration lui manquait. Cependant grâce à un énergique effort de volonté, il parvint à poursuivre son chemin.
À la fin de novembre les jours sont courts. La nuit commençait à envahir la salle presque déserte. À son bureau placé à droite, un gardien somnolait. Jean lui jeta un mauvais regard. La présence de cet homme allait-elle l’empêcher de réaliser son dessein ?
Soudain il resta immobile, les pieds rivés au sol. Frig, toujours couvert de son pardessus à carreaux, s’approchait de lui.
L’Anglais le rejoignit et, baissant la voix :
– Il est temps de monter à votre couchette, sir Jean.
Incapable de prononcer une parole, le peintre désigna du doigt le gardien assis à sa table.
– Il va s’en aller, ricana le clown.
Et, sans laisser à Fanfare, étourdi de son assurance, le loisir de l’interroger, il l’entraîna vers les Caryatides.
– Là, maintenant, éloignons ce surveillant. Vous savez, sir Jean, je suis un peu ventriloque, écoutez-moi cela…
Il se tut. Aussitôt une voix qui semblait venir du corridor de Pan appela :
– Isidore !
Le gardien se leva vivement et regarda autour de lui.
– J’ai appris son nom exprès, murmura Frig en riant sans bruit.
À peine venait-il de parler, que la voix reprenait à l’extrémité de la salle :
– Isidore ! vite… à la Diane de Milo !
Du coup, le gardien, pensant recevoir cet ordre de l’un de ses chefs, s’élança dans la direction indiquée.
D’un regard circulaire le clown s’assura que personne ne l’observait, et croisant ses mains en forme d’étrier :
– Dépêchons, sir Jean. Profitez de le courte échelle.
D’un bond Fanfare, s’appuyant à la Caryatide voisine, fut debout sur les mains de son compagnon.
– Vous touchez le corniche ?
– Oui.
– Alors, un rétablissement… Un… deux et trois… Well !
S’enlevant sur les poignets et poussé par l’Anglais, Jean avait disparu sur l’entablement que les Caryatides supportent.
D’un air dégagé, sifflotant un air de gigue, le clown s’éloigna tranquillement.
À la porte du corridor de Pan, il croisa le gardien qui revenait furieux en grommelant :
– Quel est l’idiot qui fait des farces pareilles. Comme c’est malin de m’envoyer à la salle de Milo. Ah ! si je le pince celui-là… !
Frig ne sourcilla pas. Il poursuivit son chemin comme s’il avait totalement ignoré de quelle mystification se plaignait Isidore, et peu après, il sortait du Musée par la porte Denon.
Devant le monument Gambetta, Frog attendait.
– Sir Jean est à son poste, dit seulement Frig.
Son cousin hocha la tête d’un air approbateur :
– Alors, l’affaire est enlevée. Mon émi, le camionneur – il est impossible de rendre l’ironie qui accentuait ces mots. – mon émi le camionneur va venir aujourd’hui avec tous ses ustensiles. Demain matin, nous devons nous rencontrer pour vider un verre.
Et avec un rire joyeux :
– Il a même une manière à lui de dire ce chose. Il ne dit pas : boire un verre. Oh no ! il dit : touer le ver. Oh ! ces Français ; toujours very humbug.
Cependant Fanfare, perché sur la tablette des Caryatides, assistait à la fermeture du Musée.
Sa cachette, entourée d’un rebord en saillie, affectait la forme d’une auge peu profonde, et, en avançant la tête avec précaution, il pouvait, sans être vu, voir ce qui se passait dans la salle.
Les gardiens, stimulés par l’heure, hâtaient le départ des derniers visiteurs, désignant la sortie avec une politesse empressée, à laquelle il était impossible de résister.
Maintenant les « civils » avaient disparu. Deux surveillants restaient seuls, causant auprès des Caryatides, sans se douter qu’ils avaient un auditeur invisible.
– On s’en va, fit Isidore d’un ton grognon, impressionné qu’il était encore par la plaisanterie du ventriloque Frig.
– Eh non ! répondit son compagnon.
– Qu’est-ce qui nous retient ?
– Le camionneur de l’Administration donc !
– Il n’est pas arrivé encore ?
– Non ; parbleu, quand on travaille pour l’État, c’est toujours à petite vitesse !
Un instant de silence suivit cette remarque judicieuse, dont la justesse devait être particulièrement appréciée par les causeurs. Puis Isidore reprit :
– Moi, je lui donne le quart d’heure de grâce, pas une minute de plus.
– Moi, idem. Je n’ai pas envie de faire des heures supplémentaires.
– À quatre un quart, je boude.
– Il en sera quitte pour repasser.
– Nous ne sommes pas à la disposition des emballeurs.
Le dialogue se fût prolongé longtemps, si le roulement d’un camion n’avait résonné dans la cour. Les gardiens coururent à la fenêtre :
– Les voici enfin. Ce n’est pas malheureux !
Peu d’instants après, deux camionneurs entraient, faisant claquer sur les dalles leurs lourds souliers ferrés.
Ils portaient une longue caisse de chêne renforcée de lames de cuivre, qu’ils déposèrent à gauche de la salle, à quelques mètres de la Diane de l’Archipel, toujours cachée sous sa bâche de toile.
Puis ils assortirent et revinrent bientôt en poussant devant eux une large brouette de fer, analogue à celles en usage dans les gares, et sur laquelle était juché un appareil de forme bizarre, sorte de cric à plateau qui permet de déplacer, sans effort et sans danger, les hôtes de marbre, de bronze ou de pierre des galeries.
Guidés par les surveillants, ils traversèrent la salle et s’engouffrèrent dans le corridor de Pan ; mais longtemps après leur disparition, les voûtes sonores continuèrent à répercuter, avec un bruit de tonnerre, le roulement formidable de leur brouette.
Jean s’agita sur sa couche peu moelleuse :
– Pourvu qu’ils ramènent leurs ustensiles de ce côté, murmura-t-il.
Anxieux il attendit. Il devait, en effet, pour déplacer le bloc d’aluminium qui enfermait Nali, se servir des instruments des camionneurs, ainsi que le lui avait indiqué le clown, et à la pensée de faire, au milieu de la nuit, un vacarme pareil à celui qu’il entendait, il se sentait défaillir. Indubitablement, s’il opérait dans ces conditions, il attirerait l’attention des gardiens de service.
Son entreprise présentait déjà bien assez de difficultés, sans que cette dernière complication vînt s’y ajouter.
De longues minutes s’écoulèrent. Enfin l’artiste eut la satisfaction de voir reparaître camionneurs et gardiens avec tout leur attirail.
– Bon, déclara l’un des ouvriers, pour ne pas vous retenir plus longtemps nous clouerons l’emballage demain. Aussi bien, cela nous arrange aussi. Prévenez vos collègues qu’à sept heures du matin, nous enlèverons le colis. Bien le bonsoir !
Cinq minutes plus tard, Jean était le seul habitant de la salle des Caryatides.
La nuit venait, remplissant le vaste hall d’un brouillard sombre. La veillée de l’artiste commençait.
Elle fut longue et cruelle. Les côtes meurtries par son support de pierre, Jean se retournait à chaque instant pour déplacer la douleur.
Puis des rondes passaient silencieuses, ombres noires se dessinant en silhouettes sur le halo lumineux d’une lanterne. Alors le peintre demeurait immobile, retenait son souffle. Avec une attention enfantine, il suivait les mouvements de la lueur mobile qui, en tombant sur les statues alignées, semblait leur communiquer une existence éphémère.
De nouveau, l’obscurité régnait en maîtresse dans la galerie déserte.
Vers minuit, la lune dégagée de nuages brilla dans le ciel. Par les hautes fenêtres ses rayons pâles envahirent le hall. Mais cette clarté, qui eût dû être recueillie avec joie par Fanfare, lui causa seulement une impression de malaise.
Agacé par sa faction, hanté par l’idée de délivrer Nali, il était à cette heure d’une sensibilité nerveuse anormale ; et les héros, les déesses de marbre, dont les formes blanches s’accusaient sous la lumière lunaire prenaient pour lui une apparence fantastique.
Statues ou statuettes, bas-reliefs, ornements des vases godronnés de porphyre rouge, des coupes en albâtre fleuri, des colonnes en brocatelle semblaient par des mouvements insensibles sortir des ténèbres, marcher vers la clarté !
Jean se souvint de ce conte finlandais dans lequel un roi et tout son peuple, transmués en granit par un esprit malfaisant, recouvraient le mouvement et la vie pendant quelques heures de la nuit.
Il haussa les épaules. Est-ce que lui, Parisien ultra-moderne, il sacrifierait à la crédulité enfantine des nations bégayant au seuil de l’histoire ? Il risqua, pour se démontrer son courage, un petit ricanement.
Mais il ne renouvela pas l’épreuve. Le son léger parut se multiplier dans la salle, renvoyé en écho par les angles, les enfoncements des fenêtres. On eût dit que l’assemblée de héros pétrifiés répondait au rire du jeune homme.
De minute en minute son angoisse inquiète augmentait. Certes ce n’était point de la peur, mais la gêne inexprimable, l’anxiété irraisonnée de celui qui depuis longtemps est seul dans un lieu silencieux. Il attendait le bruit indistinct qui chasse le mutisme des choses, l’apparition imprécise devant laquelle s’évanouit la solitude.
De là une tension particulière de l’esprit, une propension à subir des impressions imaginatives. De là, la crainte et aussi le désir de voir s’animer les œuvres d’art dont il se trouvait environné. Il eût souhaité, quitte à en mourir d’épouvante, que la Vénus accroupie se relevât, que le Jupiter lançât sa foudre, que Posidonius lût à haute voix les inscriptions funéraires, que Bacchus entonnât une chanson à boire, et que Minerve vînt réciter sur les urnes cinéraires l’oraison funèbre des disparus.
Dans cette disposition, les dernières heures de la nuit furent pénibles. À tout moment, le peintre meurtri, courbaturé par sa longue station horizontale sur le dais des Caryatides, tressaillait brusquement.
Il croyait percevoir des chuchotements, des soupirs indistincts, comme si les lèvres de marbre de l’Olympe entassé là se fussent agitées pour débiter les « potins mondains » du Tout-Athènes et du Tout-Rome du Louvre.
Il advint même que les sens de Jean furent affectés à ce point que, pour échapper à l’étreinte de la nervosité croissante, il fixa ses regards sur l’enveloppe de toile de la Diane de l’Archipel. Il voulait ainsi revenir à la réalité prosaïque et dangereuse de sa situation. Vain effort ! Sous ses yeux l’enveloppe s’agita. Est-ce que la jeune fille se réveillait, est-ce qu’elle luttait contre la cuirasse métallique qui l’étouffait ?
Sans réfléchir, l’artiste se suspendit par les mains à la corniche de la tablette qu’il avait choisie pour refuge, il sauta à terre. Il courut vers Diane, écarta violemment l’enveloppe… et mit en fuite un chat noir, gardien à quatre pattes du Musée, qui s’était glissé en cet endroit. Cet incident grotesque eut du moins l’avantage de donner un autre cours aux pensées de Fanfare. Durant plusieurs minutes, il considéra Diane-Nali, souriant à la captive, avec une larme sous la paupière.
– Va, fit-il enfin avec une douceur infinie. Je te sauverai, et loin d’Ergopoulos, loin des musées complices de ta séquestration, nous vivrons heureux.
Un bruit lointain de pas interrompit son affectueuse improvisation. Une ronde arrivait. Elle était loin encore, peut-être vers l’escalier Daru ; mais dans les galeries silencieuses, le moindre son s’enflait démesurément.
Sur la pointe des pieds, Jean se rapprocha des Caryatides. Sans respect pour ces nobles sculptures, il les escalada comme un simple mât de cocagne.
Quand le surveillant de ronde pénétra dans la salle, il paraissait inquiet. Son oreille exercée avait perçu un bruit inaccoutumé. Mais il eut beau promener la lumière de sa lanterne de tous côtés, il ne vit rien d’insolite, et finalement, convaincu de s’être trompé, il s’éloigna.
C’était à la ronde de trois heures du matin que Fanfare avait ainsi échappé. Rendu circonspect par cette aventure, il ne bougea plus de sa cachette jusqu’au moment de se mettre à l’œuvre.
Enfin vers la cinquième heure, la dernière promenade de surveillance eut lieu. À l’apparition du falot, l’artiste poussa un soupir de soulagement. Sa faction tirait à sa fin. Un sourire railleur retroussant ses lèvres, il écouta les pas du gardien se perdre dans l’éloignement, puis il étira ses membres et de nouveau descendit de son perchoir.
Courbé en deux, se dissimulant derrière les piédestaux des statues obéissant en un mot à l’instinct des voleurs, qui, même dans une maison inhabitée, conservent involontairement une démarche louche et défiante, il se glissa près de la caisse abandonnée par les camionneurs.
Avec peine, il tira de l’emballage les lourds fragments, antiques témoins de civilisations éteintes, qui allaient être enfouis dans l’oubli du musée de Nantes, et, ce premier travail achevé, il se mit en devoir de les remplacer par sa chère statue de Diane.
Son émotion devint si forte en cet instant que, durant plusieurs minutes, il fut incapable de poursuivre sa besogne. Il se ressaisit pourtant, domina son trouble et fit glisser, auprès du piédestal de la malheureuse Nali, le cric à plateau qui devait lui permettre d’achever son œuvre.
D’un geste impétueux, il arracha l’enveloppe dont la statue était recouverte. Diane apparut, baignée des rayons d’argent de la lune. L’aluminium poli se piquait de paillettes brillantes ; on eût dit que Nali était drapée dans une tunique d’or en fusion. Son front se nimbait d’une auréole éclatante. Il semblait que l’expression pensive de son gracieux visage se modifiait pour faire place à la joie, à l’espérance.
– C’est moi, murmura le peintre avec l’accent de la prière. C’est moi, Nali. Je viens délivrer ta douceur, ta beauté. Ne crains pas, bientôt tu seras libre, et le sourire refleurira sur tes lèvres !
Tout en parlant, sans s’apercevoir peut-être qu’il proférait des sons, le jeune homme, par une série de saccades, faisait passer la pseudo-sculpture grecque de son support sur le plateau du cric.
Puis il roula l’appareil, chargé du précieux fardeau, à côté de la caisse qu’il avait vidée tout à l’heure, et, faisant manœuvrer le déclic de la manivelle, laissa le plateau s’abaisser jusqu’au niveau du fond du coffre.
Cinq minutes lui suffirent pour y coucher la statue, la dissimuler sous les coussinets, toiles, etc., destinés à remplir les vides de l’emballage, et à remettre en place le couvercle.
– C’est fait ! dit-il joyeusement.
Mais ses regards tombèrent sur les fragments antiques déposés sur le sol :
– Il s’agit seulement de dissimuler cela. Derrière la statue géante de Melpomène, m’a indiqué Frig. Allons-y.
Un à un, il chargea sur la brouette les débris réunis pour le musée de Nantes et se mit en route.
Cette promenade à travers les galeries lui causa des transes épouvantables. Le roulement de la brouette, enflé par la résonnance des voûtes sonores, se prolongeait avec le bruit tumultueux d’une chute d’eau.
Il semblait impossible au peintre qu’un tel vacarme n’attirât pas les gardiens réveillés en sursaut.
Cependant il atteignit sans encombre la salle de Melpomène. Alors avec des forces doublées par la crainte d’être surpris, il enleva torse d’Hercule, tête de Junon, jambes d’Apollon, et les jeta pêle-mêle derrière la masse imposante de la muse grecque. Dans sa précipitation, il ajouta sans doute quelques dégâts à ceux que les siècles avaient causés à ces respectables vestiges de la statuaire d’Attique, mais il n’y songea même pas.
Une seule pensée le tenait : se hâter, retourner à sa cachette, ne pas compromettre par une hésitation le succès de son expédition.
Aussi rapidement que possible, il ramena la brouette à sa place primitive et se mit en devoir de grimper à son gîte.
Déjà il s’accrochait sans respect au nez d’une Caryatide, quand il eut une exclamation de stupeur. Ses doigts desserrèrent leur étreinte et il retomba sur les dalles.
Par la rainure de la porte capitonnée, qui donne accès dans le vestibule de l’escalier Henri II, filtrait un rayon de lumière. Une ronde arrive. Dans dix secondes, des surveillants pénétreront dans la salle.
Un instant, Fanfare sent un vent de folie souffler sur lui. Il n’a pas le temps d’escalader le dais qui toute la nuit lui a servi d’asile. Il va être pris, arrêté… On découvrira le motif de sa présence. Nali est perdue !
Ses yeux se portent sur le piédestal vide de la statue. Réussît-il même à se dissimuler, qu’il est impossible que l’on ne s’aperçoive pas de la disparition de la victime d’Ergopoulos.
Que faire ? Les pas des gardiens se rapprochent, ils sonnent sur le dallage. La porte va s’ouvrir. La fatalité a condamné le peintre et sa fiancée. Non, pas encore. Une lueur traverse le cerveau de Jean.
D’un bond, il est auprès de la toile qui cachait Diane. Il s’en enveloppe, saute sur le piédestal au moment même où les surveillants de ronde se montrent sur le seuil.
Une minute s’écoule, minute d’angoisse aiguë. Le gardien passe. Il n’a rien vu.
Et, quand il a quitté la salle, Jean, dont les genoux ploient, s’assied sur le socle de la Diane de l’Archipel, et, les jambes pendantes, la tête vide, il reste là inerte, brisé, palpitant de l’émotion terrible dont il a été secoué.