CHAPITRE V LA RUSSIE INCONNUE

Le Karrovarka avait atteint la surface du fleuve, dont la largeur, en cet endroit, n’était pas inférieure à quinze cents mètres. Il roulait rapidement sur le field raboteux.

Certes, durant la mauvaise saison, le lit des rivières est la meilleure route que les voyageurs puissent rêver.

Le spectacle était magnifique. À droite et à gauche, la Matouchka Volga s’étendait ainsi qu’un tapis d’argent, que le soleil piquait d’arabesques étincelantes. En arrière, se profilaient les falaises sombres de la rive droite, coupées de loin en loin par des ravines semblables à celle qui avait livré passage à l’automobile.

En avant d’eux, les compagnons de Taxidi apercevaient la rive gauche du fleuve s’élevant en pente douce, tandis qu’au loin des forêts épaisses étendaient leur rideau devant l’horizon.

À mesure que la traversée avançait, les détails se précisaient. Au fond d’une petite vallée se dressaient sans ordre des huttes d’aspect barbare, des cubes de maçonnerie grossière surmontés d’un toit de chaume conique. Sur le sommet de l’un des coteaux dont le val était dominé, un petit bois se montrait et, dépassant la cime dénudée des arbres, une tourelle élancée, peinte d’un bleu éclatant, se terminait par un chapeau doré en forme de tulipe.

En regardant mieux, Jean remarqua que, de place en place, à la lisière du bois, étaient plantées des perches rouges.

– Ceci, expliqua le savant, indique que le bois est « sacré », c’est-à-dire qu’il entoure un temple tchérémisse.

– Un temple, répéta le jeune homme. Serait-ce là que Diane est enfermée ?

Taxidi haussa les épaules :

– Je n’en sais rien. À Moscou, on nous a affirmé qu’elle se trouvait dans un village nommé Mangouska. Est-ce Mangouska qui s’étale dans la plaine ? Je ne saurais le dire en ce moment. Il est certain que nous ne sommes pas très éloignés du but de notre voyage ; voilà tout ce que je puis garantir jusqu’à plus ample informé.

En ce moment, le Karrovarka atteignait le rivage et s’engageait à une allure ralentie sur la pente de la berge.

Soudain une exclamation de Frig appela l’attention de tous sur des points noirs, qui se mouvaient avec rapidité à la surface blanche de la plaine couverte de neige.

– Des habitants, clamait le clown, ils accouraient comme de petits locomotives emballées, ce était sans doute pour nous donner le salut de bienvenoue.

Tous regardaient. Le groupe se rapprochait. On distinguait maintenant en avant deux personnes qui, chaussées de raquettes, glissaient sur la croûte de neige durcie. Elles semblaient fuir et se dirigeaient en droite ligne vers le Karrovarka.

– Ces gens là ne s’occupent point de nous, murmura Taxidi au bout d’un instant. Une troupe armée est lancée à la poursuite de deux fugitifs. Qu’ont-ils fait ?

La détonation d’une arme à feu l’interrompit, une fumée blanche s’éleva au dessus de la bande des chasseurs d’hommes ; mais les fuyards ne semblèrent pas avoir été atteints, car la rapidité de leur course ne se ralentit pas.

– Mais ils vont les tuer, s’écria Lucien !

– C’est bien possible, répondit flegmatiquement le savant.

– Alors… Il faut les sauver ; nous ne pouvons ainsi laisser massacrer sous nos yeux…

Froidement Taxidi considéra le poète, et d’une voix sèche que n’agitait aucune émotion :

– Nous avons un but et ne devons point nous en écarter, même pour épargner une existence humaine.

– Cependant…

– Cependant ? Savez-vous ce que sont ces gens que l’on pourchasse ? Peut-être des voleurs, des criminels. Pourquoi risquer de nous brouiller avec les Tchérémisses, alors qu’il nous importe tant d’être bien reçus par eux ?

Ni Vemtite, ni Jean ne trouvèrent un mot. La question posée par le docteur avait ramené leur pensée sur Nali. C’était elle qu’il fallait sauver d’abord.

– Vous le voyez, Monsieur Lucien, dit doucement Anacharsia, qui avait souri de plaisir en entendant la proposition généreuse du poète, le Français chevaleresque est tenu par la nécessité.

Le jeune homme tourna la tête vers elle ; leurs regards se croisèrent longuement, sur leurs joues s’épandit une teinte rose qui ne provenait pas de la caresse brutale du vent glacé, et brusquement leurs paupières s’abaissèrent, tandis que toute leur personne trahissait une gêne soudaine, inexplicable.

Heureusement Frig intervint :

– Oh ! le chevalerie française était en déroute, mais le chevalerie anglaise se portait bien. C’était notre intérêt d’offrir un asile à ces deux patineurs.

Comme tous fixaient sur lui des yeux étonnés, le clown se pencha à l’oreille de Taxidi, prononça à voix basse quelques paroles qui amenèrent un sourire sur la face grave du savant, et s’avançant près de la balustrade, il adressa des gestes d’appel aux fugitifs. Ceux-ci, surpris en se trouvant en face de l’automobile dont la forme étrange leur paraissait sans doute inquiétante, se préparaient à contourner l’obstacle suivant une ligne oblique. Les signes du clown modifièrent leurs intentions, et ils s’élancèrent droit sur le chariot.

Aussi rapidement que possible, le savant lançait au dehors l’échelle articulée, dont l’extrémité frappa le sol en soulevant un nuage de neige pulvérisée.

Maintenant les fugitifs étaient tout près. On distinguait leurs traits, leurs vêtements. C’étaient un homme et une femme ; lui, grand, blond, superbement découplé dans le costume peu élégant du pays, blouse et pantalon de fourrures, souliers d’écorce sur lesquels se croisaient les attaches des raquettes ; elle petite, brune, gentille en dépit de son type tartare, de son nez légèrement épaté, gracieuse, avec sa tunique de fourrure, ornée d’un plastron agrémenté de pièces de monnaie et de coquillages. À partir du genou, des jambières de drap noir la défendaient contre les rigueurs du froid.

Tous deux arrivèrent jusqu’au pied de l’échelle :

– Comprenez-vous le russe, demanda Taxidi ?

– Oui, petit père, fit l’homme. Je suis sujet russe. Pétrowitch, du gouvernement de Vitebsk, garde de la pêche en ce pays.

Tout en parlant il observait ses ennemis. Ceux-ci, massés à quelque distance, semblaient tenir conseil. À leur mimique on devinait que le Karrovarka leur inspirait une crainte salutaire et les empêchait de continuer leur poursuite. Le docteur s’en aperçut. Avec un geste adressé au clown, il murmura :

– Nous avons le loisir d’interroger nos protégés.

Puis, revenant à ceux-ci :

– Que veulent donc ces gens réunis là-bas ?

Ce fut la jeune femme qui répondit :

– Ils veulent nous tuer, petit père.

– Vous tuer, et pourquoi ?

– Pourquoi ? Eh ! si je te le raconte, ils nous atteindront et…

– N’aie aucune crainte, je te sauverai.

– Vrai ?

– Je te le promets. Maintenant parle.

Elle eut un coup d’œil à l’adresse de son compagnon, un autre dans la direction des ennemis, et à demi rassurée :

– Vois-tu, petit père, je suis Ouchka, fille de Garavod, le chef et le pope de la bourgade de Mangouska que vous apercevez là-bas.

– Mangouska, redit Jean se souvenant que c’était là, le but de son voyage !

Mais Taxidi lui imposa silence de la main, tandis que Ouchka continuait :

– Mon père ne voulait pas me donner en mariage à Pétrowitch. Alors je lui ai dit : Vole-moi à ma famille, selon l’antique usage tchérémisse. Il a consenti et tout se serait passé sans bruit, si nous n’avions été surpris à l’instant où nous quittions le village. Aux cris de mon père, tous les habitants ont pris les armes et se sont lancés à notre suite. C’est aussi l’usage. Les fiancés ne doivent pas être surpris, et quand on les rejoint dans leur fuite, ils doivent mourir.

– Quelles mœurs, fit Lucien incapable de se contenir davantage ! Voilà ce que l’on rencontre en pleine Europe.

Il allait continuer, mais il se tut en entendant Taxidi prononcer une phrase russe qu’il ne comprit que grâce au geste donc elle était accompagnée.

– Montez, avait dit le savant en désignant l’échelle de fer.

En une seconde les fugitifs eurent rejoint les voyageurs sur la plateforme.

Ce mouvement fut accueilli par des cris furieux. Les poursuivants cessèrent de délibérer et s’élancèrent tumultueusement vers le Karrovarka.

Pétrowich et Ouchka blêmirent.

– Nous sommes perdus, gémirent-ils.

Mais Taxidi les rassura par un sourire, puis appelant Frig :

– Sir Frig, lui dit-il, voulez-vous descendre auprès de mon préparateur. Qu’il se tienne prêt à faire le nécessaire.

Le clown inclina la tête en signe d’assentiment, et s’accrochant des deux mains au rebord de la trappe ouverte dans la toiture, il se laissa tomber à l’intérieur.

Surpris de ces différentes manœuvres, Jean et son ami Lucien regardaient, cherchant en vain à deviner ce que préparaient leurs compagnons.

Cependant les ennemis des nouveaux hôtes de la forteresse roulante approchaient. Bientôt, ils furent à portée de la voix, et l’un d’eux, que son vêtement orné de bandes d’étoffe rouge désignait comme un personnage important, s’avança seul.

– C’est mon père, murmura la jeune Tchérémisse. Garavod, chef et prêtre du village.

L’homme était parvenu tout près du véhicule. Il salua en portant les deux mains à son bonnet de fourrure et d’une voix lente :

– Moi, Garavod, chef du village de Mangouska, je souhaite la bienvenue aux étrangers venus sur notre territoire.

Pétrowich traduisit la phrase prononcée en tchérémisse, c’est-à-dire en finnois, mélangé de tartar et de russe.

– Bien, fit alors le savant ; réponds-lui que l’enchanteur Taxidi et ses fidèles saluent à leur tour Garavod.

L’interprète tressaillit. Ses yeux se fixèrent avec un mélange d’ironie et de crainte sur le docteur. Avec un geste de commandement, ce dernier ajouta :

– Dis-lui ce que tu viens d’entendre.

Du coup Pétrowitch obéit.

L’effet fut instantané. Garavod prit une attitude humble, presque suppliante, et le dialogue suivant s’engagea :

– Enchanteur, tu es enchanteur, petit père ?

– Sans doute. La voiture qui me porte marche sans chevaux ; elle vogue aussi sur les eaux, car elle fut construite par les Kérémel.

– Les Kérémel, clama Garavod en levant les bras au ciel, les démons ?

– Eux-mêmes, et c’est pour leur obéir que j’ai donné asile à ceux que tu poursuivais.

Après cette déclaration, il y eut un silence. Enfin le chef reprit :

– Alors, tu veux les soustraire à ma colère ? Songe, petit père, que ma fille Ouchka est une Tchérémisse-Méri, dont le sang est pur de tout mélange, et que je ne dois pas l’accorder pour femme à Pétrowitch le russe.

Taxidi hocha la tête d’un air approbateur :

– Je conçois cela. Aussi je ne veux pas m’opposer à ta volonté. Viens prendre les coupables, et si les Kérémel le permettent, emmène-les pour les punir.

La face bronzée du chef s’épanouit :

– Les hommes du village prétendaient employer la force mais je leur ai dit : à quoi bon nous créer des démêlés avec la gendarmerie russe. Ce sont des voyageurs que Pétrowitch à la langue dorée a trompés. Je leur apprendrai la vérité et ils me remettront les coupables.

– Tu as bien pensé, viens donc reprendre ton bien.

D’un saut, Garavod fut sur l’échelle, empoignant les montants à deux mains, mais il se rejeta brusquement en arrière avec un cri de douleur.

Puis il regarda ses mains, ses bras, se tâta les genoux avec des mines effarées du plus haut comique.

– Qu’a-t-il donc, demanda Jean à voix basse ?

– Un courant électrique parcourt l’échelle, fit le docteur sur le même ton.

– Alors ?

– … Il a éprouvé une secousse violente et… il va en ressentir une seconde, termina Taxidi en voyant le Tchérémisse se rapprocher du léger escalier de fer.

Il achevait à peine, que Garavod roulait dans la neige en poussant des cris d’épouvante. Le savant saisit Pétrowitch par le bras :

– Demande-lui ce que signifie sa conduite. Pourquoi n’accepte-t-il pas mon invitation ? Je suis un chef dans mon pays et son hésitation me blesse.

La phrase transmise par l’interprète, Garavod se redressa et considérant l’échelle d’un regard oblique :

– Je voulais monter sur ton char, mais je ne puis. Pourquoi donc les degrés de fer me repoussent-ils ?

– Tu as rêvé.

– Non, non, mes bras sont moulus comme si l’on m’avait frappé à coups de gaules.

À ces mots, Taxidi prit un air étonné. Soudain il se toucha le front et gravement :

– Je comprends.

– Tu comprends quoi ?

– Que les démons Kérémel ont pris ta fille sous leur protection. Ils ne veulent point que tu t’approches d’elle avec des idées de vengeance.

Et comme le Tchérémisse faisait une épouvantable grimace, le savant poursuivit :

– Ne t’irrite pas. Obéis aux puissants génies de la nuit. Mieux que nous, ils savent ce qui doit être. Sans doute, l’entrée du Russe Pétrowitch dans ta famille doit être pour les tiens et pour toi une source de prospérités.

– Tu crois, petit père, murmura Garavod dont l’avidité naïve fut émue par ces paroles ?

– Il me semble que sans cela, les Kérémel ne s’occuperaient point de tes affaires. Au surplus, il nous est facile de nous rendre compte de leurs souhaits. Affirme que tu pardonnes à Ouchka et que tu l’uniras à son fiancé. Si réellement, comme je le pense, les démons désirent cette union, tu graviras l’échelle sans difficulté.

– Je déclare ce que tu viens de dire, prononça le chef non sans hésitation que le Russe remarqua.

Aussi, le jeune homme se pencha vers Taxidi :

– Laisse-moi exiger de lui le grand serment tchérémisse ; sans cela, il nous emmènera et nous torturera quand tu ne seras plus là pour nous défendre.

– Va.

Le garde-pêche ne se fit pas répéter l’autorisation et traduisit sa requête à Garavod.

Celui-ci eut un geste de colère, il avança la main vers l’échelle, mais crédule comme tous ceux de sa race, une crainte salutaire l’empêcha d’achever son mouvement :

– Jure, répéta Pétrowitch qui ne le perdait pas de vue.

Un dernier combat se livra dans la pensée du Tchérémisse, enfin il prit son parti et d’un ton rageur s’écria :

– Par tous les saints de l’Église orthodoxe, par les cent quarante dieux – Iouma – et démons – Kérémel – de nos pères, je jure que je pardonne à Ouchka et à Pétrowitch, que nul ne touchera un cheveu de leur tête et que leur union sera célébrée dans le temple de Mangouska !

– Bien, répondit Taxidi. À présent, essaie de monter auprès de nous.

Lentement, avec l’allure d’un fauve dompté, Garavod mit le pied sur le premier échelon de l’escalier de fer. Sa figure s’éclaira. Vouno aux aguets venait d’interrompre le courant électrique, et le digne Tchérémisse put se hisser sur le pont sans subir la plus légère secousse.

Une fois en haut, il s’approcha des fugitifs, les amena au bord de la plateforme, et leur prenant les mains, il les appuya sur son crâne.

À ce geste, les villageois toujours en observation poussèrent des cris aigus, et dans une charge folle accoururent vers le Karrovarka.

Garavod alors leur fit un long discours. Il leur expliquait la qualité des voyageurs, l’intervention inattendue des démons, qui à deux reprises l’avaient repoussé.

Il n’avait pas terminé que tous s’étaient jetés à plat ventre sur la neige et psalmodiaient une prière sauvage.

Frig venait de reparaître sur la plate forme ; il considérait la scène en clignant de l’œil avec une gravité comique. Enfin il murmura à l’oreille de Jean :

– Il avait raison, mister Taxidi, ces gens étaient très démesurément bêtas. Si le statue de Diane est dans leurs cottages, nous le reprendrons easy… no, facilement.

– Mais que se passe-t-il donc, interrogea le peintre qui n’avait rien compris au dialogue inconnu qui avait frappé ses oreilles ?

– Une petite chose pas compliquée du tout. Ils nous prenaient pour des grands sorciers ; ils pensaient que l’électricité était un démon. Ils ont tous très beaucoup peur de nous.

Le clown s’interrompit, pour empoigner le bras de Taxidi.

– Mister, lui dit-il, le statue doit être dans le temple, d’après ce que le conservator de Moskiou, il avait affirmated.

– Oui.

– Alors, nous devons demeurer dans le temple.

– Ils n’y consentiront jamais.

– Si, si, je suppose. Ils ont le cervelle pas plus solide que le panade. Ils croiront très bien parfaitement les démons ne volaient pas habiter chez des simples particuliers. Chut ! Le vieux fou, il désirait de parler.

Cette dernière phrase était motivée par un mouvement du père d’Ouchka. Garavod, ayant terminé son discours, se dirigeait vers Taxidi, ayant Pétrowitch et sa fille à ses côtés.

Le garde-pêche s’inclina devant le docteur :

– Monsieur, lui dit-il, je vous remercie profondément de votre aide. Grâce à vous, je n’ai plus rien à craindre et j’épouserai celle que j’ai choisie. Mon beau-père me charge de vous offrir l’hospitalité dans sa demeure.

– Je lui sais gré de cette bonne pensée, répondit le savant, mais je ne puis accepter. Les démons habitent les temples et non la demeure des mortels.

Le jeune Russe eut une exclamation étonnée. Évidemment il ne partageait pas les superstitions de la peuplade au milieu de laquelle sa fonction l’obligeait à vivre.

– Répétez-lui mes paroles, fit doucement le maître du Karrovarka, je vous en serai obligé.

– Alors je n’hésite pas.

Et fidèlement Pétrowitch rapporta au chef la réflexion de son interlocuteur. Celui-ci eut une mimique désolée :

– C’est vrai, clama-t-il, je n’y songeais pas. Que les esprits me pardonnent. Viens, protégé des génies, je te guiderai vers le temple, à travers les avenues du bois sacré.

– Voilà qui est bien. Seulement, à quoi bon marcher, mon chariot magique nous conduira.

– Mais nous n’avons pas de chevaux pour le traîner.

– Ne t’ai-je pas dit qu’un attelage nous était inutile ?

– Si, je me souviens. Je ne croyais pas qu’un pareil prodige fût possible.

– Attends, tu jugeras toi-même.

Sur un signe du savant, Frig ramena l’échelle de fer sur le pont, et Taxidi, se penchant au-dessus de l’écoutille, appela Vouno et lui commanda de reprendre la marche.

Dix secondes plus tard, le Karrovarka roulait pesamment sur la plaine gelée, et les Tchérémisses, affolés par cette voiture merveilleuse, qui courait seule, sans traction visible, la suivaient en emplissant l’air de chants d’allégresse.

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