FICHTE

Fichte, disciple de Kant, mais plus audacieux que son maître à se jeter aux luttes de la vie, s’était passionné pour la Révolution française. La philosophie de Kant mettait toute la dignité de l’homme dans la liberté de la pensée, dans l’autonomie du vouloir. Mais, se demande Fichte, que deviendra cette liberté de la pensée et du vouloir, si la Révolution succombe ? Ce n’est plus avec le libéralisme avisé d’un Frédéric II ou d’un duc de Weimar, c’est avec la fureur de la contre-Révolution triomphante qu’aura à compter l’esprit humain. Les puissants feront violence à la pensée même pour en arracher toutes les secrètes racines révolutionnaires. Donc il faut lutter. Il ne suffit plus de défendre la pensée libre, comme le fait Kant, en la pratiquant avec une fermeté mesurée et inflexible. Il faut prendre l’offensive, dénoncer les sophismes et déjouer les complots de ses ennemis. Ainsi en Fichte l’animation de la crise révolutionnaire passionne la profonde philosophie kantienne de la liberté et la tourne en une force de combat. En cet homme intrépide et pauvre, qui traversait à pied toute l’Allemagne pour chercher les leçons qui le faisaient vivre, il y avait une sorte de fierté plébéienne à la Jean-Jacques, mais avec plus de tenue morale, de constance et de mesure.

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