L’ÉVOLUTION DE PESTALOZZI

Pestalozzi, averti par l’expérience, renonçait à procurer le bien du peuple par la sagesse et la bonté des dirigeants. Non, les princes, les seigneurs, les baillis n’étaient presque tous que des égoïstes et des aveugles. Le peuple ne pouvait être sauvé par les chefs qui l’avaient exploité jusque-là. Il fallait donc qu’il se sauvât lui-même. Et qu’était la Révolution française, sinon cet effort de salut du peuple par lui-même ? Aussi, donnant congé au Junker Arner et au pasteur de Bonnal, Pestalozzi, par une révolution héroïque de sa pensée, se donnait tout entier au mouvement révolutionnaire. Dans un livre sur la Révolution, auquel il mit le titre significatif. Oui ou Non, il affirme qu’il faut prendre parti, et il prend parti. Il sera jusqu’au bout, même au travers de leurs violences et de leurs fautes, avec les révolutionnaires.

« Tombe la tête des rois, si le sang royal ainsi versé appelle sur les droits de l’homme l’attention des peuples ! » Ceux-là aiment médiocrement les hommes souffrants, ignorants, accablés, qui ne leur pardonnent ni les égarements ni même les crimes dans leur marche difficile et troublée vers la lumière et le droit. Ainsi des sources profondes de pitié, d’humanité, qui longtemps en silence alimentèrent l’âme de Pestalozzi, jaillit enfin l’énergie révolutionnaire. Il se rencontrait à Zurich, au commencement de 1793, avec Fichte, et ces deux esprits ardents mêlèrent leur flamme.

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