L’INFLUENCE DE LA RÉVOLUTION SUR GODWIN

Mais la Révolution de France eut sur Godwin deux effets très précis, et qu’il a très nettement marqués lui-même.

D’abord, elle lui a manifesté la vertu de la démocratie. Il a compris que la simplicité du gouvernement démocratique pur (opposé aux combinaisons et aux complications des gouvernements mixtes) était le milieu le plus large et le plus sain à toutes les initiatives et activités individuelles. Il avait bien jusque là considéré la monarchie comme un gouvernement corrompu, mais on devine qu’il se demandait si gouvernement de tous par tous était possible. Le magnifique optimisme révolutionnaire de la France, affirmant et réalisant la souveraineté nationale, lui donnant bientôt sa forme logique et suprême, la forme républicaine, et constituant sur la base large et simple de la volonté populaire un gouvernement capable des plus fermes résistances, avait donné de l’audace à la pensée de Godwin ; et rien n’est plus glorieux pour la Révolution française que d’avoir ainsi dépassé par sa hardiesse la hardiesse des penseurs et d’avoir porté les esprits, sur l’aile robuste de l’action, au delà même de leur rêve.

En second lieu, quand Godwin ajoute qu’elle a déterminé en lui la volonté d’écrire et de publier ce livre, il convient que c’est d’elle qu’il tient la notion d’un devoir social. Il ne suffit plus au philosophe d’accumuler en silence les idées, il faut qu’il intervienne dans le mouvement de la pensée humaine et qu’il contribue à former la conscience de tous. Mais cette intervention, c’est surtout, c’est presque exclusivement sous la forme de l’éducation qu’il : la conçoit ! En France, la Révolution est un combattant qui tranche les difficultés avec le glaive ; pour Godwin le progrès est un éducateur qui dénoue peu à peu les liens des esprits et prépare ainsi, doucement, l’évolution des institutions elles-mêmes.

Share on Twitter Share on Facebook