XVIII. Au théâtre

Un prêtre italien, amoureux de la musique, et d’ailleurs autorisé par les usages de son pays, voulut absolument entendre mademoiselle Alboni ; il se glissa au Théâtre-Italien, et se blottit dans le fond d’une loge, – mais bientôt, il fut si enthousiasmé, qu’il trahit sa présence en s’écriant : « Femme, vos péchés vous seront remis. »

L’intérêt que l’on va chercher au théâtre n’est plus celui qu’on y allait chercher autrefois. – J’ai écouté, dans divers théâtres, les conversations de mes voisins. Quand on joue Bérénice ou Clytemnestre, vous croyez peut-être que les femmes du monde s’occupent de ceci : – Titus abandonnera-t-il Bérénice ? – Oreste tuera-t-il sa mère ?

Nullement. On veut savoir et on se demande qui a donné ce riche bracelet à mademoiselle Rachel ; on s’entretient du nouveau coupé de mademoiselle Judith ; et si quelque femme du monde pleure encore à la tragédie, c’est de chagrin de n’avoir pas le bracelet, d’envie à propos du coupé, et d’ennui de son métier de femme du monde.

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