CXXXII À MAGDELEINE, LE MARI DE SUZANNE

Ma chère Magdeleine,

Suzanne a été dangereusement malade ; l’extrême irritabilité de ses nerfs a engagé les médecins à me recommander d’éloigner d’elle la moindre émotion. Aussi, je lui ai dit que vous voyagiez avec votre mari, et je garde pour le moment où elle sera rétablie une grande quantité de lettres que j’ai reçues de vous pour elle.

Cependant, j’ai pris la liberté d’en ouvrir une au hasard, quoi que je sois loin de vouloir m’immiscer dans les secrets de votre amitié ; c’est celle où vous dites à Suzanne que vous serez près de nous dans cinq semaines. Ce sera pour elle une heureuse convalescence, et je vous en serai pour ma part très-reconnaissant. Mais je crains que Suzanne ne soit pas assez forte pour porter cette joie. Retardez de quinze jours votre arrivée, et puis restez avec nous le plus longtemps possible, et soyez persuadée que vous aurez deux bons amis qui béniraient presque les malheurs qui vous pourraient arriver pour l’occasion qu’ils leur donneraient de vous prouver leur attachement et leur affection.

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