CXLIII

— Ô Magdeleine ! pardonne-moi.

» Pourquoi veux-tu que je vive ? Qu’y a-t-il pour moi dans la vie maintenant ?

» Mais mon âme est avec toi ; elle ne pouvait se séparer de la tienne, c’est mon corps seul que tu as laissé ici.

» Qu’ai-je fait !

» Je l’ai tuée ! j’ai tué mon bonheur et ma vie !

» Son regard si doux qui pénétrait le cœur, il est mort ; sa voix suave, elle est morte ; son corps souple et gracieux, il est mort, ses beaux cheveux noirs, soyeux, ils sont morts : tout est mort !

» Elle était si belle !

» Oh ! pourquoi n’ai-je pas, au lieu de cette atroce vengeance, fait mon bonheur de son bonheur, veillé sur elle comme son ange gardien ! Pourquoi ne l’ai-je pas entourée de mon amour pour écarter d’elle le moindre chagrin, la moindre peine.

» J’aimais tant son sourire ; son sourire m’aurait payé de mes souffrances.

» J’aurais renoncé à la vie pour moi, je n’aurais vécu que de la sienne, je n’aurais été heureux que de son bonheur, je n’aurais souffert que de ses souffrances.

» Oui, je me serais élevé au-dessus de l’humanité, et mon âme, divinité protectrice, aurait plané sur elle.

» Mais elle est morte !

» Il faut accomplir ses dernières volontés ; son fils sera mon fils.

» Et ce dernier baiser sur sa bouche morte…

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