CXVIII

Stephen voyait Edward et sa femme presque tous les jours ; le soir, en les quittant, il savait qu’ils allaient se coucher, et il avait une peine incroyable à cacher la fureur qui le brûlait.

Il s’était fait présenter dans leurs sociétés ; il dansait et chantait agréablement ; personne n’était mieux mis que lui, n’était mieux informé des nouvelles et ne les racontait avec plus d’esprit, et, quand il arrivait tard dans un salon, il trouvait tout le monde désœuvré et ne sachant que faire sans lui.

Sa fortune et son esprit lui avaient procuré les plus brillantes connaissances.

Le frère de l’électeur, auquel il avait rendu un petit service, avait parlé de lui à son frère, qui l’avait invité à aller passer quelque temps à la résidence.

Il s’était concilié l’amitié des artistes et des littérateurs ; il ne paraissait pas un livre nouveau qu’il ne l’eût le premier pour le faire lire à Magdeleine ; pas un opéra n’était représenté qu’il n’eût une loge à offrir à Edward et à sa femme. Par moments, Edward se défiait de cet empressement ; mais il ne le voyait faire aucune impression sur l’esprit de Magdeleine, et, d’ailleurs, il devait beaucoup d’argent à Stephen, et il se voyait sur le point d’être obligé de lui faire de nouveaux emprunts.

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