XXII Magdeleine à Stephen

Mon ami, que votre lettre m’a fait de mal ! Pourquoi doutez-vous de mon amour ? qui a pu vous donner d’aussi tristes pensées, et que faut-il faire pour les écarter de votre esprit malade ?

Faut-il te dire que je t’aime plus que ma vie, que tu es mon bonheur, et que je ne puis vivre sans toi ? Stephen, ne le savais-tu pas ? Ai-je balancé à vous dire que je vous aimais quand vous me l’avez demandé, et me croyez-vous capable de vous tromper ?

Oh ! calmez-vous, mon ami ! pardonnez-moi des alarmes peut-être exagérées ; pensez à la situation d’une jeune fille privée, dès les premiers pas de sa vie, de son guide naturel, de sa mère, et qui a la tête pleine des récits des précipices qui bordent la route et des dangers du chemin.

Oui, je me confie à vous. Vous avez raison : mon amant doit me donner pure à mon époux ; c’est vous qui préserverez, pour vous mon innocence et mon honneur. Ils sont à vous, c’est mon seul bien, mon seul trésor avec votre amour. Qu’ils soient votre bien et votre trésor, et défendez-les contre vous et contre moi, s’il en est besoin !

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