XXIX Magdeleine à Stephen

Quelle terrible nuit j’ai passée ! Vers le soir, un orage a éclaté ! je ne savais pas si tu étais arrivé, je me suis retirée de bonne heure dans ma chambre ; mais j’ai résolu de ne pas dormir pendant que peut-être mon Stephen était accablé de fatigue et inondé des torrents de pluie qui tombaient du ciel : je me mis à t’écrire, et de temps en temps je m’arrêtais pour pleurer. Au bout de quelques heures, je me trouvai dans un affaissement extrême ; mes yeux n’avaient plus de larmes ; une soif ardente me consumait ; un sommeil pénible s’empara de moi, il ne dura pas ; le jour était venu, j’ouvris la fenêtre, le temps était redevenu serein ; alors je montai à ta chambre, la clef était à la porte : en la touchant, un frisson me courut par tout le corps ; je pensais, j’espérais un instant que tu n’étais pas parti, que j’allais te trouver là, te voir encore une fois ; mais la chambre était vide, tristement vide ! Je trouvai ton lit encore défait, quelques livres qui t’avaient appartenu ; je les prendrai ; puis cet argent destiné à mon père, je le lui demanderai, j’achèterai avec quelque chose à mon usage, ce sera comme un présent de toi.

Écris-moi, Stephen, ne me cache rien de ce qui arrive et de ce que tu penses ; tu recevras deux lettres à la fois à l’adresse que tu m’as indiquée. Adieu, mon ami, mon fiancé ! adieu ! du courage !

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