LI Marie

Il monta l’escalier et tourna lentement la clef qu’Edward avait laissée à la porte ; il entra et vit deux têtes sur l’oreiller, car il y avait au lit un oreiller et de beaux draps bien blancs ; c’étaient Edward et Marie.

Marie, la jolie servante.

Oh ! comme Stephen eût voulu racheter ce premier baiser qu’il avait déposé sur les lèvres de la jeune fille !

Edward se réveilla.

— Qui va là ?

— Moi.

— Ah ! c’est toi, Stephen ! Sois le bienvenu, ne fais pas trop de bruit et va nous chercher à déjeuner.

Stephen fut un peu surpris, mais il ne vit pas d’objection à faire, quoique sa situation lui parût bizarre. Comme il sortait, Edward le rappela.

— Prends de l’argent par terre, dans le coin de la fenêtre. Stephen vit dans l’endroit indiqué une vingtaine de florins.

— Tu déjeuneras avec nous, dit Edward ; fais apporter un bon déjeuner pour trois.

— Allons, dit Stephen en s’en allant, il faut prendre la chose gaiement. Edward ignore ce qui s’est passé entre Marie et moi ; et, d’ailleurs, que m’importe Marie ?

Néanmoins il y avait en lui quelque aigreur qui ne disparut que peu à peu ; quoiqu’il n’eût conservé aucune intention sur Marie, il lui semblait que ce moment d’amour ou de fièvre ; qu’il avait eu pour elle l’avait faite sienne et était au front de la jeune fille, comme le signe et le cachet d’un maître.

Il commanda le déjeuner et alla au collége faire sa première classe. Quand il revint déjeuner, il trouva sa place prise ; une nouvelle connaissance d’Edward, un jeune homme de la ville, l’était venu voir et il l’avait invité.

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