Quelques larmes obscurcissaient les yeux de Maurice ; il les essuya et se leva.
— Où vas-tu ? dit Fischerwald ; la pluie bat les vitres à les briser.
— Je vais chez moi.
— Tu peux t’attendre à faire la route seul. Je suis original ; je ne sais si je t’ai dit qu’il y a quelque temps je suis sorti sans chapeau ; mais je n’abandonnerai pas un feu comme celui-ci, après lequel la maudite pluie m’a fait tant travailler, ni la meilleure bière que j’aie jamais bue, ni les plus appétissantes perdrix que chasseur ait jamais mangées, ni l’espoir de passer le reste de la soirée à fumer d’excellent tabac en me grillant les jambes, — pour aller courir les champs, les pieds dans la boue jusqu’au ventre, par une pluie de neige fondue. Je te souhaite un heureux voyage, et, comme docteur, je t’ordonne, aussitôt ton arrivée, — de te mettre dans un lit bien bassiné, et de boire d’excellent vin chaud avec du sucre et de la cannelle, ce qui ne t’empêchera peut-être pas d’être malade. — Voilà tout ce que je puis faire pour toi, en y ajoutant, vu le temps diluvien, le récit de l’ode d’Horace, au vaisseau de son ami Virgile,
O navis…
Quæ tibi creditum debes Virgilium.
Robur et æs triplex, circa pectus erat.
au premier qui imagina de sortir par un temps à ne pas mettre un cousin à la porte.
Pendant ce discours, dont il n’avait pas entendu un mot, Maurice était retombé sur son fauteuil, songeant qu’il ne devait pas paraître savoir la présence d’Hélène, et que rien ne prétexterait son arrivée par un temps semblable.
Pour Fischerwald, il crut avoir convaincu son ami, et se remit à se nourrir de son mieux.