XIX

La situation de Maurice et d’Hélène était toujours la même. Hélène attendait que Maurice fixât l’époque du mariage, et ainsi le train et la dépense de la maison restaient toujours sur le même pied ; elle subvenait par la vente cachée de ses diamans et de ses effets les plus précieux aux frais énormes de son intérieur.

Maurice croyait qu’elle recevait encore la pension de Leyen. Il attendait à avoir obtenu une place, pour avoir avec elle à ce sujet une explication définitive, faire donner à Leyen un congé absolu, et vivre modestement avec sa maîtresse, dans une obscure retraite, du fruit de son travail ; car, avec la fierté naturelle de Maurice, l’idée de se créer une fortune par la vente des diamans d’Hélène n’avait pu séjourner dans son esprit que quelques instans.

— Pour avoir les places, se dit-il un matin, il ne faut ni flâner, ni perdre de temps. Je vais, dès aujourd’hui, savoir si l’on me donne cette place de deux mille florins que l’on m’avait promise, et au sujet de laquelle on devait me rendre réponse et attendre ma décision, le jour où Richard m’a donné un coup d’épée.

Il se mit en route et rencontra Richard ; ils allaient du même côté et cheminèrent ensemble.

— Je vais, dit Maurice, savoir si l’on veut me donner cette place dont je t’ai parlé.

— Quoi! dit Richard, cette place que tu voulais refuser, et que je devais prendre, si tu ne rendais pas réponse le lendemain.

— Précisément.

— Il y a dix jours que j’en remplis les fonctions.

Maurice retourna chez Hélène ; elle était au lit, évanouie ; le médecin, que l’on avait mandé, n’avait pu encore la rappeler à la vie.

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