Il est plus fin que l’ambre ; l’ambre n’enlève que la paille, et lui m’enlève aussi le grain.
(UN PAYSAN)
Néanmoins, un matin du mois d’octobre, un prêtre avait à genoux devant lui Richard et Blanche, Maurice et Pauline.
Maurice avait encore essuyé quelques désappointemens dont l’idée le suivit jusqu’à l’église.
Lorsqu’il avait demandé la main de Pauline, sa mère lui avait dit : — La délicatesse m’oblige à vous avertir que Pauline est moins riche que sa sœur, à laquelle appartient, par la libéralité d’une vieille parente, ce petit château avec toutes ses dépendances. — Mais, pensa Maurice, qui diable oserait, à un semblable aveu, dire devant une fille : — Ah ! Pauline est moins riche que sa sœur ; mais cela change tout, je ne l’épouse pas.
J’aurais dû préalablement faire prendre des informations à ce sujet. Au reste, Pauline a plus d’argent qu’il ne m’en faut.
Cependant la messe continuait, et comme le prêtre lisait l’épître :
« Mes frères, que les femmes soient soumises à leur mari comme au Seigneur, parce que le mari est le chef de la femme, comme Jésus-Christ est le chef de l’Église. »
— Malgré le goût de Maurice pour la campagne, pensait Pauline, il faudra bien qu’il passe l’hiver à la ville.
« Comme donc l’Église est soumise à Jésus-Christ, les femmes doivent être soumises en tout à leur mari, etc., etc., etc. »
Et un peu après :
« Seigneur, dit le prêtre, laissez-vous fléchir par nos prières, et accompagnez de votre grâce le sacrement que vous avez institué pour la propagation de l’espèce humaine. »
— Pourvu, pensa Maurice, que je n’aie pas d’enfans.
« Et, continua le prêtre, faites, ô Seigneur, que l’épouse obtienne une heureuse fécondité, et que tous deux voient les enfans de leurs enfans jusqu’à la troisième et quatrième génération. »
Et tandis qu’on continuait, Maurice se disait : — Ce qui me contrarie, c’est de n’avoir pas ce parc, qui tenait tant de place dans mes rêves de bonheur, moi qui espérais marcher sur un gazon à moi, dormir sous l’ombre d’un feuillage à moi…
Et j’ai eu la sottise de ne pas même demander Blanche, qui me plaisait plus que sa sœur, Blanche est bien poétique et s’accorde mieux avec mes idées sur les femmes ; ses yeux bleus veloutés ont un feu si doux, sa taille svelte…
— Maurice ***, dit le prêtre, promettez-vous la foi de mariage à Pauline *** ?
— Oui, répondit Maurice.