J’espère, ma chère Hélène, que tu recevras avec plaisir des nouvelles d’un ancien ami, qui, malgré l’abandon un peu précipité dans lequel tu l’as laissé, n’a conservé contre toi aucun ressentiment, et pense bien souvent à toi et aux courts instans de bonheur qu’il te doit.
Je pense que maintenant tu es réveillée de tes riantes illusions, pauvre enfant ! et si je crois les informations que j’ai fait prendre, il est temps qu’une main amie te vienne tirer du naufrage.
Je t’aime toujours, Hélène, mais d’un amour vrai et solide ; reviens à moi, tu retrouveras encore cette vie brillante dont tes folles amours t’ont fait tomber ; j’ai compté sur le retour de l’enfant prodigue ; rien n’a été changé dans ta maison : tes chevaux sont dans tes écuries ; tes domestiques n’ont servi personne depuis ton départ ; personne ne s’est permis d’entrer dans ta chambre ; j’ai voulu qu’on la respectât comme un sanctuaire où j’ai goûté un bonheur qui empêche de croire que Dieu puisse rien promettre de plus à ses élus.