Monsieur le comte,
Je ne vous hais ni ne vous méprise ; loin d’être offensée de vos sentimens pour moi et de vos généreuses intentions, je ne puis que vous en remercier et vous en savoir gré ; mais je ne veux ni ne dois les accepter. Je vous aimerais, monsieur le comte, que je ne voudrais pas être votre maîtresse ; vous n’aimeriez bientôt plus une femme que le monde mépriserait. Mais je ne vous aime pas. Il n’y a là ni coquetterie ni adresse. Pauvre jeune fille ! je ne suis pas si savante, et j’espère ne l’être jamais. Je ne vous aime pas ; vous êtes assez spirituel et assez honnête homme pour comprendre que notre correspondance ne peut être plus longue ; ayez, je vous prie, la bonté de ne plus envoyer le domestique qui me suit quand je sors, et reste des journées entières sous mes fenêtres ; je ne recevrai plus de lettres, la présence de votre domestique ferait jaser sur moi. Si je ne puis accepter vos dons, ne m’enlevez pas mon seul bien, ma réputation de sagesse et d’honnêteté.
J’ai l’honneur d’être, monsieur le comte, votre très humble servante,
HÉLÈNE.