Rompre n’est pas reculer.
(GRISIER.)
Maurice, une heure après, était devant la porte d’Hélène. Comme il allait frapper, la porte s’ouvrit.
Hélène sortait à pied, suivie d’un domestique.
Elle s’arrêta.
— Soyez le bienvenu, monsieur Maurice, lui dit-elle, ma promenade peut se remettre.
Il faut dire que Maurice était venu pour passer près d’Hélène le plus longtemps possible. Mais son sourire, le son de sa voix, l’aspect de son corps souple et gracieux, de sa démarche noble et légère, l’émurent à un tel point qu’il ne pouvait respirer, et qu’il lui dit :
— Pardon, madame, j’arrive de voyage ; mon retour chez moi est nécessaire. Je ne voudrais pas interrompre votre promenade ; je venais seulement vous apporter cette branche d’églantier que j’ai cueillie — où vous savez.
— Vous êtes bien bon, dit Hélène.
Elle regarda la branche, et, feignant de sentir une fleur, y déposa un baiser ; des larmes roulaient dans ses yeux.
— Je ne sortirai pas, dit-elle.
Elle attendit un moment, pour voir si Maurice demanderait la permission de lui tenir compagnie.
Malgré lui, son émotion était loin d’avoir diminué. Il salua et partit. Hélène le regarda aller avec surprise. Il avait l’air de s’enfuir.
Il allait respirer.
Mais, pour ne pas s’avouer à lui-même son émotion ou sa timidité, il se dit : — J’ai bien fait, je ne la verrai plus.
Et il alla se coucher dans le logement qu’il avait loué vis-à-vis des fenêtres d’Hélène.