Les plaisirs auxquels se livraient Leyen et Fischerwald avaient perdu à peu près tous leurs charmes, quand Maurice sortant d’une allée épaisse, fut reconnu par le docteur Fischerwald, qui alla à sa rencontre, et fit la présentation d’usage. — Monsieur le comte, je vous présente un malade rebelle et fugitif, qui, confié à mes soins, a pris la fuite depuis une semaine, sans que j’aie pu le rejoindre, pour errer seul dans les bois, comme Nabuchodonosor après sa transformation.
— C’est pour éviter cette transformation que je me suis enfui, dit Maurice.
Quand Maurice voulut continuer sa route, le comte et le docteur insistèrent fortement pour qu’il restât avec eux. Ils redoutaient de retomber dans l’ennui et l’embarras du tête-à-tête dont sa présence les avait tirés, car ce n’était pas à son mérite que Maurice aurait pu attribuer un tel accueil. Tout autre qui se fût présenté à sa place en eût reçu un semblable.
— Je ne dirai pas pour te retenir, dit Fischerwald, que plus on est de fous, plus on rit. D’abord parce qu’il ne s’agit pas ici du plus ou du moins, attendu que nous ne rions pas du tout ; ensuite, parce qu’aucun de nous n’a la prétention d’être fou, et que, si tu l’es, ta folie n’a rien de jovial ni d’amusant.
— Il ne te reste alors qu’un seul argument, dit Maurice, et je suis surpris que tu ne l’aies pas encore employé.
— Lequel ?
— Numero Deus impare gaudet.
— C’est vrai, c’est irrésistible.
Maurice se coucha sur l’herbe.