III

Physiquement purifiée, moralement instruite, Septima, cinq minutes plus tard, vint se blottir au milieu du lit, et, plutôt enfant que princesse :

« Merci, papa, dit-elle. Et merci, Chloris.

– Tu m'as dit merci d'avance pour ce que je vais t'accorder, fit le roi. Demande ce qui te fera plaisir. Que veux-tu ?

– Ce que je veux ? un plaisir pour toi, un plaisir pour elle ; mais je crois qu'elle est la plus pressée. Pourquoi rougissez-vous, Mlle de Pranges ? Pourquoi vous tordez-vous ainsi ?

– Je suis en chaleur ! sourit Chloris mollement.

– Alors, papa, nommons-la pour ce soir maîtresse des cérémonies. Une fille en chaleur ne sait plus ce qu'elle dit. On ne s'ennuiera pas avec elle. »

Si échauffée qu'elle parût, Chloris toutefois savait bien ce qu'elle disait et se tint assurée de ne déplaire à personne en prenant son rôle au sérieux pour répondre ce qui suit :

« Le protocole ne permet pas que le souverain prenne la même pucelle deux fois de suite ; mais elle peut nommer trois de ses sœurs entre lesquelles le roi daignera désigner celle qui va passer la nuit avec nous.

– La plus belle, c'est Prima ; la plus vicieuse, c'est Puella ; mais celle qui serait la plus contente…

– C'est Tertia ! fit Chloris.

– Oh ! oui !

– J'ignore pour quelles raisons, dit le roi ; mais j'aime les bonnes volontés. Faites appeler Tertia. Je me retire quelque temps et vous donne le loisir de préparer ses esprits. »

* * *

Tertia ne tarda guère à paraître, toute brune et vive, grande et mince, vêtue d'une chemise de soie jaune, les pieds nus dans ses mules et les cheveux flottants.

Avec elle, un nouveau langage anima la scène :

« Quel bordel que ce palais ! Qu'est-ce que tu fous-là toute nue, chameau d'enfant ? dit-elle à Septima qui rit.

– Et toi ? pourquoi ta natte n'est-elle pas faite à onze heures du soir ?

– Parce qu'à l'heure où toutes les filles se fourrent les dix doigts dans les poils du cul, elles ne trouvent pas deux mains pour natter leurs cheveux, espèce d'innocente !

– Innocente ? ricana la petite.

– Gosse ! tu ne vois même pas que la pauvre Chloris a une envie de jouir qui lui tord le ventre et la gueule du con ?… C'est honteux de coucher avec une jolie fille et de la laisser dans un état pareil ! Regarde ses bouts de tétons, raides comme des pines de chien !… Tu bandes, ma Chloris ?

– De la tête aux pieds.

– Suce ma langue. Où la veux-tu ?

– Une langue aimée, dans ma bouche, c'est assez pour que je décharge.

– Infamie ! si tu fais çà… »

D'un seul geste en arrière, Tertia ôta sa chemise et ne perdit pas de temps :

« Toi sur moi ! dit-elle. N'espère pas que je vais te laisser sur le dos comme une amoureuse endormie…

– Je vais faire des inondations, dans cette posture-là.

– Ne dis pas d'obscénités, imite la réserve de mon langage et pisse ton foutre dans ma bouche. »

Ce ne fut pas long. Bientôt, Tertia « inondée » écarta son jeune visage d'entre les jambes de Chloris, et, joyeusement, tendit ses lèvres à sa petite sœur qui les baisa.

Alors Septima, d'une voix ironique et tranquille :

« Tu t'es fichue de mon innocence ? dit-elle. Devine ce que nous faisons ici.

– Mais oui, au fait… C'est une des chambres du roi. Pour quoi y couchez-vous cette nuit ?

– Secret d'état. Chloris, ne lui dis rien. Nous sommes aussi curieuses qu'elle et nous la mettrons dans nos secrets si elle nous dit les siens.

– Moi ? je n'ai pas de secrets.

– Alors, si tu n'en as pas, dis-les tous. »

Les deux sœurs se mirent à rire.

« Réponds d'abord, fit Septima. On te dira plus tard pourquoi. Combien de fois as-tu joui depuis ce matin ?

– Bébé ! tu n'as pas un poil, pas une goutte là-dessous, mais tu veux savoir…

– Ce n'est pas un secret ; tu viens de le dire.

– Oh ! çà m'est égal ; mais je n'ai pas compté. Attends que je me rappelle… Une… deux… trois… quatre… Quatre… Oui ?… ce n'est guère… et je crois que c'est tout.

– Et si l'on proposait de jouir une cinquième fois, tu voudrais ?

– Si je voudrais ? J'espère bien que vous allez me faire minette, et ce n'est pas çà qui m'empêchera de me branler avant de m'endormir. »

Septima poussa l'interrogatoire jusqu'à l'inquisition.

« Dis comment tu te branles.

– Comme si tu ne le savais pas !

– Tu as toujours le godmiché que tu t'es fait avec une peau de gant.

– Le premier s'est déchiré. Je m'en suis fait un autre, plus gros, parce que…

– Ne dis pas d'inconvenances.

– Parce que j'ai le trou du cul plus souple que le tien, microbe.

– Comme tu te trompes ! Je viens d'être enculée.

– Par qui ?

– Par un homme. »

Tertia resta muette. Elle regarda sa fille d'honneur… Chloris lui fît signe que oui… La jeune princesse inclina la tête en guise de salut et demanda gaîment :

« Par où est-ce qu'on t'a enculée ?

– Par où tu vas l'être à ton tour.

– Moi ? Moi, je vais être…

– Enculée sur ce lit, sous mes yeux, ma chère ! Je sais ce que c'est, ne crains rien : je te donnerai des conseils. »

Pour prix des conseils qu'elle offrait, Septima reçut une gifle, pas méchante, mais sonore.

« La morpionne ! dit sa sœur. Elle se fout de moi… Chloris, dis-moi tout ! Qui est notre amant ? Je suis sûre que je le devine.

– Oui.

– Tu sais qui je veux dire ?

– C'est lui. »

Tertia eut un instant de silence méditatif ; puis se retournant à demi couchée sur le petit corps de Septima, elle lui dit avec bonne humeur :

« Infection de la nature, pourquoi ris-tu ?

– Parce que tu m'as traitée d'innocente et qu'il n'y a que toi de pucelle ici.

– Tu t'es fait faire dépuceler le trou du cul avant moi, tu es une ordure.

– Continue. Je suis trop fière de te scandaliser. Qu'est-ce que je suis encore ?

– Une enfant pourrie de vice, qui fait la putain avant de jouir.

– Et puis ?

– Fi donc ! une petite fille qui chie du foutre ! est-ce que je devrais t'embrasser ? Qu'est-ce que tu mérites pour ta punition ?

– Ta langue dans le cul.

– Tu dis cela pour m'en faire autant ? pour te purifier la bouche entre mes fesses virginales ?

– Ses fesses virginales ! Elle s'encule elle-même du matin au soir et elle compte sur ma langue pour la dépuceler ! »

Mais Tertia s'était déjà mise en posture. Le jeu dura quelques instants et dès qu'il fut terminé, Septima dit avec conviction :

« Ma langue est entrée plus vite que la tienne. Tu n'auras pas de mal à te faire enculer. »

Près d'elles, Chloris silencieuse, qu'elles n'avaient vue ni sortir ni rentrer, vint s'asseoir au bord du lit et présenta en souriant l'objet cousu par Tertia :

« Mon amant ! s'écria la jeune fille. Elle a été le chercher ! Pour ta peine, tu vas le recevoir ! Tourne-toi !

– Une autre nuit, dit Chloris. L'heure va sonner où cette porte s'ouvrira. Soyons sages. Mettez-vous en tenue.

– Avec une chemise de soie jaune et un godmiché dans le cul ? dit Tertia battant des mains. Cela ira divinement à mon genre de beauté. Donne… mais il faut le mouiller. Où ça ?

– Ce qu'il y a de plus mouillé ici, dit Septima, c'est le con de Chloris.

– Oui ! dans le foutre ! dans le foutre ! Ouvrons-lui les cuisses !»

La fille d'honneur se laissa faire ; puis Tertia s'introduisit l'instrument qui était assez long et gros avec un bourrelet au milieu de telle sorte qu'il se maintenait, moitié par dedans, moitié au dehors ; et tournant le dos à sa petite sœur :

« Comment la trouves-tu, lui dit-elle, la seule qui soit pucelle ici ? Tu ne dis rien ?

– Je dis que c'est dégoûtant, la virginité.

– Dépêchons-nous, dit Chloris. La chemise, d'abord. Et ces cheveux ! Laissez-vous coiffer. Voulez-vous un lys dans les cheveux ?

– Oui, en signe de candeur. Oh ! si j'allais m'intimider ! Parle pour moi, Septima. »

Le roi entrait.

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