IV

Septima, prenant son rôle au sérieux, fit tout un discours dont le début fut insinuant :

« Veux-tu dire toi-même, papa, qui a eu l'idée d'inviter Ter-tia entre nous ?

– C'est toi.

– Elle n'en savait rien. Je te l'ai fait dire pour qu'elle m'embrasse au lieu de me donner une gifle comme tout à l'heure.

– Il me semble que vous vous embrassez très gentiment.

– Je l'aime bien parce que c'est la plus vertueuse de mes sœurs. Aussi nous lui avons mis un lys dans les cheveux. Regarde comme c'est beau, les yeux d'une pucelle. Si elle a les paupières cernées, c'est encore un signe de virginité : la mauvaise habitude de la masturbation… »

Tertia, un peu rouge et prise de fou rire, se cacha les yeux. La petite continua :

« Elle est si naïve qu'elle se branle encore à son âge et elle a un tel tempérament qu'il faut changer ses draps au milieu de la nuit. Tu dis que je l'embrasse gentiment ? c'est que je suis un peu gousse et qu'elle a toujours le foutre de plusieurs jeunes filles dans sa bouche. Ce n'est pas un parfum, c'est un mélange.

– Ah ! fit le roi qui était volontiers laconique en ses réparties.

– En ce moment, il faut pardonner à son trouble. Elle est si émue qu'elle en est distraite. Nous nous sommes aperçues trop tard, pendant que nous lui mettions un lys dans les cheveux, qu'elle avait encore par erreur, un godmiché dans le derrière. »

Mais Tertia n'était plus troublée du tout. Le visage du roi l'avait rassurée. Elle osa parler, et dit :

« Simple étourderie, papa.

– Pour une étourderie, celle-là est forte !

– Toute jeune fille a ses habitudes intimes, et ses principes.

– Tu as des principes ?

– Je n'en ai qu'un. Je ne me branle jamais sans avoir un godmiché dans le cul. Ce soir, mon godmiché ne me gênait pas : j'ai oublié de le retirer. »

Le roi se croisa les bras :

« Or çà, dit-il, j'ai interrogé ta sœur sur ce qu'elle savait le mieux : la morale. Toi, Tertia, qu'est-ce que tu sais le mieux ?

– La pudeur.

– Prouve-moi par trois fois qu'en ce moment, tu observes les lois de la pudeur, et je te tiendrai quitte du reste.

– Plus de trois fois ! La première, c'est que j'ai une chemise et cela est plus convenable que de la relever comme ceci, jusqu'au dessus des seins.

– Il est vrai, et tu n'en as que plus de mérite car tu es plus jolie quand tu lèves tu chemise, Tertia.

– La seconde, c'est qu'au lieu de me raser les poils, comme Prima…

– Elle se rase ?

– Tous les soirs. Mais moi, je laisse pousser les miens, qui sont touffus n'est-ce pas ? et je dissimule ainsi mes parties honteuses. Troisième preuve de ma pudeur : je n'ai pas dit que ces poils servaient à dissimuler un con. Quatrième…

– C'est plus que je ne demande.

– Quatrième preuve : quoique je grille d'envie d'être enculée, je me suis fourré un godmiché par là pour mieux garantir mon pucelage du cul. »

Ce disant, Tertia retira sa chemise et montra sa jeune croupe où le phallus était planté.

« Ange de pudeur ! fit Septima.

– J'allais le dire, répéta le roi. Elle a fort bien répondu. Qu'elle ôte cet objet superflu. Il est temps de lui accorder ce qu'elle grille d'envie d'obtenir. »

Ici, Chloris, qui s'était tenue à l'écart pendant le dialogue, s'avança :

« La maîtresse des cérémonies, si tel est le bon plaisir de Sa Majesté, déclare que la posture à genoux n'est pas indiquée pour un dépucelage aussi facile que celui de Tertia, mais que son Altesse peut montrer ainsi les preuves de sa virginité.

– Par pudeur ? dit Septima.

– Évidemment ! fit Tertia. Une jeune fille qui présente ses pucelages en levrette baisse les yeux, se cache le visage… Et puis j'ai une pudeur toute particulière : je rougis au con plutôt qu'à la joue. N'est-il pas simple de montrer ma pudeur où elle se trouve ?

– Elle a raison fit le roi. Il n'y a rien à dire à cela. Cette enfant est bien ma fille : je reconnais en son cerveau la justesse de mes déductions. »

Septima, qui devenait rosse, attendit que Tertia fût en posture, et dit avec solennité :

« Chloris et moi, nous jurons que Tertia est pucelle. Si nous ne le disions pas, personne ne s'en douterait. »

Brusquement retournée, Tertia eut un cri.

« Saloperie de petit chameau ! »

Et sur la dernière syllabe, Septima eut encore une gifle.

« Tu manques d'égards envers le roi, dit-elle avec tranquillité.

– C'est toi qui lui manques de respect en me décernant des certificats de vertu, comme si j'en avais besoin… Écoute, papa : tu sauras tout. Plus les filles font l'amour et moins elles se branlent, mais plus elles se branlent et plus elles sont vertueuses. Est-ce vrai ?

– Je le crois.

– Moi qui n'ai pas cessé de grandir en vertus, je me branle de toutes les manières : un doigt sur le bouton et un godmiché dans le cul cela ne suffit pas toujours à mes aspirations. Je me suis fourré les doigts dans le con si souvent que mon pucelage ne les gêne plus, mais je te le demande : à quoi me servait-il ? Une pucelle n'en a pas besoin. Un modèle de peintre n'a pas de modelage ; pourquoi une pucelle aurait-elle un pucelage ?

– Complètement maboule, soupira la petite.

– Non pas ! dit le roi. Elle raisonne si bien que je ne trouve point d'arguments pour la contredire.

– Avec ou sans pucelage, conclut Septima, il vaut encore mieux l'enculer que de la contredire. »

La dernière phrase de Septima ne souleva aucune protestation. La salive de Chloris fut agréée de part et d'autre comme une offrande nécessaire et suffisante, puis la jeune fille s'étendit sur le côté, leva au ciel des yeux mourants lorsqu'elle se sentit pénétrée par toute autre chose que son instrument de cuir, et enfin, remuant son doigt par devant, ses « fesses virginales » par derrière, elle eut un spasme violent qui provoqua celui du roi.

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