VIII

Des deux sœurs, la plus agitée après cette longue scène, fut Prima.

La suivant le long de la galerie où elle marchait d'un pas rapide, Puella fit tout haut une sorte d'examen de conscience :

« Quelle confusion si l'Abbé était là ! Cette nuit j'ai enculé ma sœur ; ma sœur m'a enculée ; j'ai sucé la queue de mon père, j'ai avalé mon petit frère…

– Et autre chose itou que tu n'oses me dire.

– Parce que j'en ai encore un peu dans la bouche. Mais le foutre d'homme, sais-tu à quoi çà ressemble ?

– Tu me raconteras çà demain. Couche-toi, chérie. Je t'enferme. »

* * *

Seule, Prima courut en avant, mais à pas de loup, jusqu'à l'appartement de sa sœur favorite qu'elle n'avait pas voulu nommer au roi.

A cette heure de la nuit, les quinze ans de Quarta dormaient si profondément que la brusque ouverture de la porte ne troubla pas leur sommeil, et ne dérangea pas leur posture.

En été, Quarta couchait sur son lit et non dedans. Comme une jeune Vénus du Titien, elle couchait nue, et sa main droite n'était jamais égarée qu'entre ses cuisses.

Au premier mot de sa sœur elle ouvrit de grands yeux :

« Oh ! que tu es gentille ! je ne t'attendais plus, ma Prima ! Pourquoi es-tu si rouge ? Viens sur moi.

– Sous toi.

– Tu as envie de jouir, mon amour ? Retiens-toi un peu !

Moi aussi, j'ai envie…

– Ah ! pas comme moi ! Regarde le con que je rase pour que tu t'y frottes. Regarde s'il t'aime ! Presse tes poils dessus et je décharge.

– Mon bouton aussi ! Le sens-tu ? Serre tes bras !

– Mais, tiens ! mais, tiens ! je décharge, mon adorée ! Je crois que je t'inonde…

– Oui, c'est chaud.

– Tiens ! Encore !

– Attends-moi !

– Non ! ne jouis pas !… Je me recule… Laisse-moi respirer… »

Quarta fit une moue de tout son visage et dit presque en pleurant :

« Pourquoi ne veux-tu pas que je jouisse ? Me voilà pleine de foutre et je n'ai pas déchargé.

– Tu es encore plus belle quand tu bandes.

– Non. J'ai de plus beaux yeux quand j'ai joui. Pourquoi ne veux-tu pas ? »

La raison en était que les récits d'amour ou de vicieux mystères excitaient Quarta hors de toute mesure lorsqu'elle se trouvait en état de convoitise.

Prima aimait la voir ainsi.

« Ne te touche pas ! je te le défends ! Laisse entrer mon doigt.

– Je suis au supplice, mon amour ! Tu me mets en chaleur, tu m'empêches de jouir, et tu ne veux pas que je me branle quand j'ai ton doigt dans le…

– Chut. Écoute ce que je viens de faire. Je viens d'être enculée trois fois : par une langue, par un godmiché, par un vit.

– Oh ! peut-on ! Et elle en est fière ! Si tu m'aimais comme je t'aime, tout cela ne t'aurait pas fait autant de plaisir que ton doigt m'en donne. Tiens ! je vais t'en fourrer deux des miens pour te punir. Je suis trop amoureuse de toi ! tu es une saleté.

– Ne boude pas. Tu as envie de rire.

– Parce que tu me fais casse-noisettes sur les doigts. Mais tu viens d'en faire autant à une langue, à un vit, à un godmiché, à quoi encore ? Quelle petite ordure que cette Puella ! Quand j'ai su que tu l'appelais ce soir dans la chambre…

– Tu t'es branlée ?

– Méchante !

– J'en suis sûre comme si je t'avais vue. Ne dis pas non.

– Je me suis branlée pour toi… Et je ne me suis pas assez branlée. J'aurais dû le faire toute la nuit, j'aurais moins envie de t'embrasser.

– Fais-moi des reproches.

– Tu es trop belle.

– Et puis ?

– Tu me fais trop bander en ce moment.

– Et puis ?

– Et puis, pendant qu'on te faisait tout çà, tu t'es retenue, mon adorée ! tu n'as voulu jouir que dans mes bras ! et c'est toi qui m'aimes trop ! à peine t'ai-je touchée, tu as crié : Je décharge !

– Je te le crierai encore avant la fin de la nuit, ma Quarta !

– Pas avant moi ! Je t'adore ! Je t'adore ! Laisse-moi jouir.

– Devine d'abord ce que j'ai apporté là, sous mon peignoir, sur la chaise.

– Tu m'as apporté ton ventre, sous mes poils, sur le lit.

– Mais là, sous mon peignoir ? le godmiché de Chloris.

– Ah ! je le veux ! et que tu me le mettes ! Dépêche-toi. Je ne me touche pas. »

Jamais Quarta n'avait reçu ce godmiché que de Chloris elle-même ou en sa présence, et, chaque fois, à côté de sa virginité. Aussi, ni elle ni Prima ne pensèrent-elles d'abord qu'étant seules cette nuit-là elles pouvaient… Quarta. soudain en eut l'idée. Elle se retourna sur le dos, ouvrit les jambes et dit d'une voix précipitée :

– Dépucelle-moi par devant !

– Quelle folie !

– Oui, je suis en folie, je suis en chaleur. Dépucelle-moi par le con !

– Tu le regretteras demain.

– Je ne le regretterai pas. Est-ce que Tertia le regrette ?

Je me branlerai jusqu'au fond pour toi !… Ah ! que tu es belle avec cette queue ! Viens sur moi.

– Je te ferai mal.

– Tu me feras jouir ! Je mouille ! J'en ai plein les doigts quand je t'ouvre mes poils et mes lèvres ! Aussi chaude que toi quand tu es entrée !

– Et tu ne sais pas comment tu jouis, mon aimée, tous les jours où je t'encule ?

– Encule-moi par le con, cette nuit ! N'y pense pas. Tu as des poils par derrière ; moi par devant. Trompe-toi. Viens, mon amant ! mon premier ! mon Primo chéri !

– Je t'embrasse. Je ne sais plus ce que je fais. Place toi-même, où tu veux, la tête du…

– De ta queue. Elle y est. Je la tiens. Pousse !… Pousse plus fort ! D'un seul coup… Ah !

– Quarta, mon amour…

– C'est fait… Continue… Ce n'est rien. Je t'aime. Je vais jouir… Baise-moi, tu es beau.

– Jamais je n'ai aimé comme je t'aime en ce moment.

– Ni moi. Je jouis ! Ta bouche ! »

Elles se turent ensemble.

Les jeunes filles que l'on dépucelle parlent très peu, sitôt qu'elles souffrent et jouissent. La collision du plaisir avec la douleur les stupéfie. Elles gémissent des baisers. Elles parlent du regard.

Lorsque tout s'apaisa et que le dernier frisson eut fui le long des jambes, Quarta sut murmurer avec un sourire de béatitude :

«Je suis plus heureuse que je ne rêvais. Prima ! tu as pu croire que je regretterais mon pucelage après te l'avoir donné ? Je regretterais toute ma vie de ne te l'avoir donné qu'une fois.

– Tu me le donneras…

– Toujours ! T'en souviendras-tu ?

– Oui, chérie. Mais devine combien de fois tu me le donneras toi-même, autrement que par l'amour et par le souvenir ?…

Quels grands yeux tu ouvres ! Ne cherche pas.

– Dis-moi vite comment je peux te le donner encore ! »

Un long baiser put seul excuser Prima de garder le silence.

Elle dit enfin :

« Si nous nous aimons chaque nuit ventre à ventre, est-ce seulement parce que tu bondis sitôt qu'entre les jambes je te touche de la langue ?

– Non. C'est pour jouir bouche à bouche.

– Et cette bouche que tu baises n'est-ce pas elle surtout qui aura ton pucelage ?

– Oh ! si ! et plus encore ! le foutre et le sang ! la chair si elle la veut !

– Et ma langue ?

– Pas maintenant, je t'en supplie ! Je serais désespérée de jouir avant toi. Si tu m'aimes assez pour comprendre que je t'adore, prends tout ce que mon pucelage peut donner à ta bouche, mais ne jouissons pas sans voir notre amour dans nos yeux. »

* * *

Quand les deux bouches se retrouvèrent, Prima était pâle et Quarta très rouge.

« Que tu as saigné ! Que j'ai dû te faire mal !

– Jamais je ne t'ai plus aimée ; »

Prima eut un élan :

« Ma Quarta ! mon seul amour ! demande-moi tout ce que tu voudras : je te le ferai.

– Quelque chose d'extraordinaire ? Que nous ne faisons pas ensemble ?

– Oui.

– Tu acceptes d'avance ?

– Oui.

– Eh bien, fit la jeune fille avec un rire tendre, je porte une main hardie au con de Votre Altesse et je la branle.

– Ce n'est pas sérieux !

– Branle-moi aussi… Pour jouir bouche à bouche… Je suis suis trop endolorie pour me frotter… Croisons nos mains comme deux gosses… Mais écoute d'abord : je t'ai avoué que je me branlais pour toi. Est-ce que toi jamais…

– Peux-tu ! Et ces yeux d'enfant, ces yeux inquiets qui attendent ma réponse ! Tout bas, dis-moi toi-même ce que tu sais.

– Oui, tout bas. Je sais… que tu es comme nous toutes…

Plus on t'a fait jouir, plus il faut que tu te branles toute seule avant de dormir. Et… et je n'étais pas sûre, mais je lis dans tes yeux que tu le faisais pour moi.

– Pour qui donc pouvais-tu rêver que je le faisais ?

– Tu es si belle que je pensais : Prima doit se branler pour elle-même.

– Comme Secunda ? une petite glace entre les jambes ?… Je le fais quelquefois ; mais que me montre-t-elle, ma glace ? Le ventre et le con rasés tous les matins pour toi, pour toi seule, pour sentir de plus près tes poils et ta chair. Ai-je même besoin d'une glace quand j'y mets la main ? »

Quarta y mit la bouche et le baisa de toute son âme ; puis, s'allongeant de nouveau près de sa sœur et la touchant du doigt :

« Sens. Voilà comme je fais quand je me branle pour toi.

– Et moi, voilà comment… Oh ! mais tu t'y prends mieux !

– Continue comme sur toi-même. »

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