LV

Une courte et chaude averse venait de laver Paris, et le soleil de midi brillait d’un plus mordant éclat, lorsque Jacques débarqua du train de Belgique.

Il était sombre. Les mauvais présages s’accumulaient. Durant son voyage, il n’avait recueilli que d’alarmants indices. Son train était bondé. Une grande effervescence régnait parmi les habitants des régions frontières. Les soldats permissionnaires, les officiers en congé dans le Nord, avaient été avisés télégraphiquement d’avoir à rejoindre leurs régiments. Isolé des socialistes français qui avaient quitté Bruxelles par le même convoi, il avait voyagé en surnombre dans un compartiment rempli de gens du Nord, qui se parlaient sans se connaître, se passaient les journaux, se communiquaient des nouvelles. Ils commentaient les événements avec une inquiétude où la surprise, la curiosité, une certaine incrédulité même, semblaient tenir plus de place encore que l’effroi ; de toute évidence, la plupart s’accoutumaient déjà à l’idée d’une guerre possible. Les renseignements que ces gens colportaient sur les précautions prises par le gouvernement français étaient révélateurs. Partout, déjà, les voies, les ponts, les aqueducs, les usines apparentées aux industries de guerre, étaient surveillés par la troupe. Un bataillon d’active occupait les moulins de Corbeil, dont le directeur était accusé, par l’Action française, d’être officier de réserve dans l’armée allemande. À Paris, l’adduction des eaux, les réservoirs d’alimentation, étaient sous la garde de l’armée. Un monsieur décoré expliquait, avec des précisions d’ingénieur, les travaux entrepris en hâte à la tour Eiffel pour perfectionner l’équipement de la T. S. F. Un Parisien, constructeur d’autos, se plaignait que plusieurs centaines de voitures, fortuitement réunies pour un concours, eussent été, sinon réquisitionnées, du moins retenues sur place jusqu’à nouvel ordre.

Par l’Humanité, que Jacques avait pu se procurer en gare de Saint-Quentin, il avait appris, avec stupeur et colère, que le gouvernement avait eu le front d’interdire, à la dernière minute, le meeting que la C. G. T. avait organisé, la veille, mercredi 29, à la salle Wagram, et où toutes les organisations ouvrières de Paris et de la banlieue étaient convoquées pour une manifestation de masse. Ceux des manifestants qui étaient venus quand même dans le quartier des Ternes, s’étaient vus refoulés par les charges brutales de la police. Les bagarres avaient duré une partie de la nuit ; et peu s’en était fallu que des colonnes de militants eussent atteint le ministère de l’Intérieur et l’Élysée. On attribuait au retour de Poincaré ce geste d’autorité nationaliste, qui semblait annoncer l’intention du gouvernement de briser l’élan de la protestation ouvrière, sans respect pour le droit de réunion et au mépris des plus anciennes libertés républicaines.

Le train avait une demi-heure de retard. En sortant de la buvette, où il avait été prendre un sandwich, Jacques croisa un vieux journaliste qu’il avait rencontré plusieurs fois au Café du Progrès, un nommé Louvel, rédacteur à la Guerre sociale. Il habitait Creil, et venait tous les jours passer l’après-midi au journal. Ils sortirent ensemble de la gare. La cour, les maisons de la place, étaient encore pavoisées : le retour du président de la République, la veille, avait provoqué dans Paris une explosion de patriotisme, dont Louvel avait été témoin, et qu’il racontait avec une émotion inattendue.

– « Je sais », coupa Jacques. « Tous les journaux en sont pleins. C’est écœurant… Je pense que, à la Guerre sociale, vous n’avez pas fait chorus ? »

– « À la Guerre sociale ? Tu n’as donc pas lu les articles du patron, ces jours-ci ? »

– « Non. J’arrive de Bruxelles. »

– « Tu retardes, mon bon… »

– « Gustave Hervé ? ».

– « Hervé n’est pas un rêveur imbécile… Il voit les choses comme elles sont… Voilà plusieurs jours déjà qu’il a compris que la guerre était inévitable, et qu’il serait fou, qu’il serait même criminel, de s’entêter dans l’opposition… Procure-toi son article de mardi, tu verras… »

– « Hervé, patriotard ? »

– « Patriotard, si tu veux… Réaliste, tout simplement ! Il reconnaît, avec loyauté, qu’on ne peut accuser le gouvernement d’aucun geste provocateur. Et il en conclut que, si la France est forcée de se battre pour son sol, rien dans la politique française de ces dernières semaines ne justifierait une défection du prolétariat. »

– « Hervé dit ça ? »

– « Il a même été jusqu’à écrire tout net que ce serait une trahison ! Parce que, ce sol, qu’il s’agirait de défendre, c’est la patrie de la Grande Révolution, après tout ! »

Jacques s’était arrêté. Il regardait Louvel en silence. À la réflexion, il n’était pas tellement surpris : il se rappelait qu’Hervé avait pris violemment position contre l’idée de grève générale, remise en discussion, quinze jours plus tôt, par Vaillant et Jaurès au congrès du socialisme français.

Louvel poursuivait :

– « Tu retardes, mon bon ; tu retardes… Va écouter ce qu’on dit ailleurs… À la Petite République, par exemple… Ou bien au Centre du parti républicain, où j’ai passé hier soir… Partout, c’est le même son de cloche… Partout, les yeux se sont ouverts… Hervé n’est pas le seul à avoir compris… C’est très joli, la fraternité des peuples. Mais les événements sont là ; il faut les regarder en face. Que veux-tu faire ?

– « N’importe quoi, plutôt que… »

– « Une guerre civile, pour éviter l’autre ? Utopie !… À l’heure actuelle, personne ne marcherait… Devant la menace d’une invasion étrangère, tout mouvement d’insurrection avorterait. Même dans les centres ouvriers, même dans les milieux de l’Internationale, la majorité, d’accord avec l’ensemble de la population, entend défendre son territoire… La fraternité universelle, oui, en principe. Mais, pour l’instant, elle passe au second plan ; tout le monde, aujourd’hui, se sent une fraternité restreinte : une fraternité française, mon bon… Et puis, nom de Dieu, voilà assez longtemps que les Pruscos nous embêtent ! S’ils veulent venir s’y frotter !… »

La place retentissait des cris d’une demi-douzaine de camelots qui galopaient en glapissant :

– « Paris-Midi ! »

Louvel traversa la chaussée pour acheter le numéro, Jacques allait le suivre, lorsqu’un taxi vide, qui rôdait, passa devant lui. Il sauta dedans. Avant toutes choses, courir chez Jenny.

« Hervé… », songeait-il, écœuré. « Si ceux-là flanchent, comment donc pourraient-ils tenir, les autres, les petits, la masse… ceux qui lisent chaque matin, dans tous les journaux, qu’il y a des guerres justes et des guerres injustes, et qu’une guerre contre l’impérialisme prussien, pour en finir, une bonne fois, avec les pangermanistes, serait une guerre juste, une guerre sainte, une croisade pour la défense des libertés démocratiques !… »

 

En arrivant avenue de l’Observatoire, il leva les yeux vers le balcon des Fontanin. Toutes les fenêtres étaient ouvertes.

« Sa mère est peut-être de retour ? » se dit-il.

Non : Jenny était seule. Il en eut la certitude, dès qu’il la vit, pâle, bouleversée de joie, ouvrir la porte et reculer dans l’ombre du vestibule. Elle fixait sur lui un regard anxieux, mais si tendre, qu’il avança vers elle, et, spontanément, écarta les bras. Elle frissonna, ferma les yeux, et s’abattit sur sa poitrine. Leur première étreinte… Ni l’un ni l’autre ne l’avait préméditée ; elle ne dura que quelques secondes : subitement, comme si Jenny reprenait conscience d’une réalité impérieuse, elle se dégagea ; et, levant la main sur la table où gisait un journal déplié :

– « Est-ce vrai ? »

– « Quoi ? »

– « La… mobilisation ! »

Il saisit la feuille qu’elle désignait. C’était un numéro de ce Paris-Midi qu’on criait sur la place de la gare ; qu’on vendait, depuis une heure, par milliers d’exemplaires, dans tous les quartiers de Paris. La concierge, affolée, venait de l’apporter à Jenny.

Le sang afflua au visage de Jacques :

Un conseil de guerre a été tenu cette nuit à l’Élysée… Le III e Corps d’armée est dirigé en hâte vers la frontière… Les troupes du VIII e Corps ont reçu leurs effets, leurs munitions, leurs vivres de campagne, et attendent l’ordre de départ…

Elle le regardait, les traits figés par l’angoisse. Enfin, avec la brusquerie d’une hésitation vaincue, elle murmura :

– « S’il y a la guerre, Jacques… partirez-vous ? »

Il attendait la question, depuis cinq jours. Il releva les yeux, et, de la tête, résolument, il fit : non.

Elle songea : « Je le savais » ; puis, luttant contre la gêne perfide qui la troublait, elle se dit aussitôt ; « Il faut beaucoup de bravoure pour refuser de partir ! »

Ce fut elle qui rompit le silence :

– « Venez. »

Elle l’avait pris par la main, et l’entraînait. La porte de sa chambre était restée ouverte. Elle hésita une seconde, et l’y fit entrer. Il la suivit, sans faire attention.

– « Ce n’est peut-être pas vrai », soupira-t-il. « Mais ça peut l’être demain. La guerre nous enserre de tous les côtés. Le cercle se rétrécit. La Russie s’obstine, l’Allemagne aussi… Dans chaque pays, le pouvoir s’entête aux mêmes offres dérisoires, aux mêmes intransigeances, aux mêmes refus… »

« Non », pensait-elle, « ce n’est pas la peur. Il est courageux. Il est logique. Il ne doit pas faire comme les autres ; il ne doit pas céder, il ne doit pas partir. »

Sans un mot, elle s’approcha de lui, et se blottit contre sa poitrine.

« Il me restera ! » se dit-elle soudain ; et son cœur fit un bond.

Jacques l’entourait de son bras, et, debout, penché sur elle, il baisait le front à demi caché. Elle défaillait de douceur, à se sentir si fortement saisie. Elle se faisait petite et légère, pour qu’il pût – elle ne savait quoi – la soulever, l’emporter… Elle brûlait de l’interroger sur son voyage, mais elle ne l’osait pas. Par la seule pression de son visage, il l’obligea doucement à relever la tête, et ses lèvres frôlèrent la joue, la longue joue lisse, jusqu’à la bouche, qui restait close, serrée, mais qui ne se détourna pas. Elle étouffait un peu sous ce baiser insistant, et, pour respirer, glissant la main entre leurs deux visages, elle écarta le buste. Ses traits étaient surprenants de calme, de gravité. Jamais elle n’avait paru plus consciente, plus responsable, plus résolue. Sans la brusquer, il la reprit passionnément contre lui. Elle s’abandonna, sans timidité ni résistance. Elle ne souhaitait plus rien que de se sentir ainsi tenue entre ses bras. Sagement enlacés, joue contre joue, ils s’assirent sur le lit bas, qui formait un étroit divan en face de la fenêtre. Plusieurs minutes, ils demeurèrent immobiles, silencieux.

– « Et toujours pas de lettre de maman », dit-elle à mi-voix.

– « C’est vrai… Votre mère… »

Elle lui en voulut, quelques secondes, de partager si mal l’angoisse qui la rongeait.

– « Aucune nouvelle ? »

– « Une carte de Vienne, écrite à la gare, et datée de lundi : “Bien arrivée”. C’est tout ! »

Cette carte, Jenny l’avait reçue la veille, le mercredi matin. Et, depuis, mortellement inquiète, elle avait en vain guetté les courriers : ni lettres, ni télégramme… Elle se perdait en conjectures.

D’un œil distrait, il parcourait cette chambre qu’il ne connaissait pas, et dont la découverte l’eût si fort ému quelques jours plus tôt. C’était une petite pièce claire et ordonnée, tapissée d’un papier à raies blanches et bleues. La cheminée servait de coiffeuse : des brosses d’ivoire, une pelote à épingles, quelques photos insérées dans la feuillure de la glace. Sur la table, le sous-main de cuir blanc était fermé. Rien ne traînait, si ce n’est quelques journaux hâtivement repliés.

Dans un souffle, à l’oreille, il dit :

– « Votre chambre… » Puis, comme elle ne répondait rien, il reprit, évasivement : « Je ne croyais vraiment pas que vôtre mère continuerait son voyage… »

– « Vous ne la connaissez pas ! Maman ne renonce jamais à ce qu’elle a décidé. Et, maintenant qu’elle est sur place, elle voudra faire toutes les démarches qu’elle a en tête… Mais le pourra-t-elle ? Qu’en pensez-vous ? Est-ce que ce n’est pas dangereux, en ce moment, d’être en Autriche ? Dites ? Que peut-il arriver ? La laissera-t-on seulement revenir, si elle tarde ? »

– « Je ne sais pas », avoua Jacques.

– « Que peut-on faire ? Je n’ai même pas son adresse… Comment expliquer ce silence ? Je me dis que si elle était repartie, elle m’aurait télégraphié… Elle doit donc être restée à Vienne ; et, sûrement, elle m’écrit ; les lettres doivent se perdre en route… » D’un geste anxieux, elle désigna les journaux sur la table : « Quand on lit ce qui se passe, on ne peut pas ne pas trembler… »

Ces journaux, Jenny avait couru les acheter, dès la première heure, – se hâtant de rentrer pour ne pas manquer le retour de Jacques. Et, toute la matinée, elle les avait lus et relus, obsédée par cette menace suspendue sur tous les êtres qui lui étaient chers : Jacques, sa mère, Daniel.

– « Daniel aussi m’a écrit », dit-elle, en se levant.

Elle alla prendre dans le sous-main une enveloppe qu’elle tendit à Jacques. Puis, d’elle-même, comme un animal fidèle, elle revint se blottir contre lui.

Daniel ne cachait pas l’inquiétude où le plongeait le voyage de Mme de Fontanin. Il s’apitoyait sur le sort de Jenny, seule à Paris pendant cette tourmente. Il lui conseillait d’aller voir Antoine, les Héquet. Il la conjurait de ne pas s’alarmer ; tout pouvait s’arranger encore. Mais, en post-scriptum, il annonçait que sa division était en alerte, qu’il pensait quitter Lunéville dans la nuit, et que, peut-être, il lui serait difficile de donner de ses nouvelles les jours suivants.

La tête appuyée à la poitrine de Jacques, les yeux levés, elle le regardait lire. Il replia la lettre et la lui rendit. Il vit qu’elle attendait un mot d’espoir :

– « Daniel a raison : tout peut s’arranger encore… Si seulement les peuples comprenaient… S’ils se décidaient à agir… C’est à ça qu’il faut travailler, jusqu’au dernier, dernier moment ! »

Emporté par son idée fixe, il conta brièvement les manifestations de Paris, de Berlin, de Bruxelles, et quels transports l’avaient saisi devant l’unanime élan de ces foules qui, envers et contre tout, clamaient, par toute l’Europe, leur volonté de paix. Et, soudain, il eut honte d’être là. Il pensait à l’activité de ses camarades, aux réunions organisées ce jour même dans les diverses sections socialistes, à tout ce qu’il avait personnellement à faire, – cet argent qu’il devait prendre et mettre le plus tôt possible à la disposition du Parti… Il avait redressé la tête, et, tout en caressant les cheveux de la jeune fille, il déclara, avec un mélange de mélancolie et de rudesse :

– « Je ne peux pas rester avec vous, Jenny… Il y a trop de choses qui m’appellent… »

Elle ne bougea pas, mais il la sentit se contracter, et vit le regard désespéré qu’elle glissa vers lui. Il la pressa plus violemment contre sa poitrine ; il couvrit de baisers le pauvre visage défait. Il avait pitié d’elle, et tout le poids des événements s’aggravait soudain pour lui de cette douleur muette qu’il ne savait comment secourir.

– « Je ne peux pourtant pas vous emmener avec moi… », murmura-t-il, comme s’il eût pensé tout haut.

Elle tressaillit, et osa dire :

– « Pourquoi non ? »

Avant qu’il eût compris ce qu’elle voulait faire, elle s’était échappée de ses bras, avait ouvert son armoire, pris un chapeau, des gants.

– « Jenny ! J’ai dit ça… Mais c’est impossible, voyons. J’ai des choses à faire, des gens à voir… Il faut que j’aille à l’Huma… au Libertaire… ailleurs encore… à Montrouge, ce soir… Qu’est-ce que vous deviendriez, pendant ce temps-là ? »

– « Je resterai en bas, dans la rue… », dit-elle sur un ton suppliant qui les surprit tous les deux. Elle avait abdiqué toute fierté. Ces trois jours de séparation l’avaient transformée. « Je vous attendrai autant qu’il faudra… Je ne vous gênerai en rien… Laissez-moi vous suivre, Jacques ; laissez-moi partager votre vie… Non, je ne vous demande pas ça, je sais que c’est impossible… Mais ne m’abandonnez pas… ici… avec ces journaux ! »

Jamais encore il ne l’avait sentie si proche : c’était une Jenny nouvelle – une sœur de combat !

– « Je vous emmène ! » s’écria-t-il joyeusement. « Je vous présenterai mes amis… Vous verrez… Ce soir, nous irons ensemble au meeting de Montrouge… Venez ! »

 

– « La première chose, c’est d’en finir avec cette affaire d’héritage… », déclara-t-il, posément, dès qu’ils furent dehors. « Et ensuite, il s’agira de savoir ce qu’il y a de vrai dans les nouvelles de Paris-Midi. »

Il y avait de la gaieté dans sa voix. La présence de la jeune fille lui rendait son entrain des meilleurs jours. Il glissa la main sous le coude de Jenny, et l’entraîna d’un pas rapide, vers le Luxembourg.

À la charge de l’agent (comme aux succursales des établissements de crédit, aux caisses d’épargne, aux bureaux de poste), la foule assiégeait les guichets pour changer en espèces le papier-monnaie. En Bourse depuis deux jours, c’était la panique. Les agents de change et les gros coulissiers s’employaient auprès du gouvernement afin d’obtenir un moratoire qui permît de reporter, à tout hasard, en fin août, la liquidation de juillet.

– « Vous pouvez dire que vous étiez bien renseigné, Monsieur », confessa le fondé de pouvoir, avec un clignement d’œil plein de considération. « À quarante-huit heures près, nous n’aurions pas pu exécuter votre ordre ! »

– « Je sais », fit Jacques imperturbablement.

Quelques heures plus tard, la moitié de la respectable fortune laissée par M. Thibault – moins deux cent cinquante mille francs de valeurs sud-américaines, qu’il n’avait pas été possible de liquider en un si bref délai, – était déposée, par les soins de Stefany, entre des mains discrètes et qualifiées, qui, avant vingt-quatre heures, s’étaient chargées de mettre ce don anonyme à la disposition du Bureau international.

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