FRAGMENTS

Les contes qui précèdent suffisent à donner au grand public l’idée de ce qu’était la littérature romanesque des Égyptiens. J’aurais pu sans inconvénient m’arrêter après l’Emprise du trône d’Amon : aucun de mes lecteurs n’aurait réclamé la publication des fragments qui suivent. J’ai cru pourtant qu’il y avait quelque intérêt à ne pas négliger ces tristes débris : si les lettrés ne voient rien à y prendre, les savants trouveront peut-être leur compte à ne pas les ignorer complètement.

En premier lieu, leur nombre seul prouve clairement combien le genre auquel ils appartiennent était en faveur aux bords du Nil : il fournit un argument de plus à l’appui de l’hypothèse qui place en Égypte l’origine d’une partie de nos contes populaires. Puis, quelques-uns d’entre eux ne sont pas tellement mutilés qu’on ne puisse y découvrir aucun fait intéressant. Sans doute, douze ou quinze lignes de texte ne seront jamais agréables à lire pour un simple curieux ; un homme du métier y relèvera peut-être tel ou tel détail qui lui permettra d’y discerner tel incident connu d’ailleurs, ou la version hiéroglyphique d’un récit qu’on possédait déjà chez des peuples différents. Le bénéfice sera double : les égyptologues y gagneront de pouvoir reconstituer, au moins dans l’ensemble, certaines œuvres qui leur seraient restées incompréhensibles sans cela ; les autres auront la satisfaction de constater, aux temps reculés de l’histoire, l’existence d’un conte dont ils n’avaient que des rédactions de beaucoup postérieures.

J’ai donc rassemblé dans les pages qui suivent les restes de six contes d’époques diverses :

1° Une histoire fantastique dont la composition est antérieure à la dix-huitième dynastie ;

2° La querelle d’Apôpi et de Saqnounrîya ;

3° Plusieurs morceaux d’une histoire de revenant ;

4° L’histoire d’un matelot ;

5° Un petit fragment grec relatif au roi Nectanébo II ;

6° Quelques pages éparses d’une version copte du roman d’Alexandre.

Je regrette de n’avoir pu y joindre ni le roman du Musée du Caire, ni le premier conte de Saint-Pétersbourg ; le manuscrit du Caire est mutilé à n’en tirer rien de suivi et le texte de Saint-Pétersbourg est encore inédit. Peut-être réussirai-je à combler cette lacune, s’il m’est donné d’entreprendre une cinquième édition de ce livre.

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