Les Romains ne faisaient cas que des troupes de terre, dont l’esprit était de rester toujours ferme, de combattre au même lieu, et d’y mourir. Ils ne pouvaient estimer la pratique des gens de mer, qui se présentent au combat, fuient, reviennent, évitent toujours le danger, emploient souvent la ruse, rarement la force. Tout cela n’était point du génie des Grecs 1 , et était encore moins de celui des Romains.
Ils ne destinaient donc à la marine que ceux qui n’étaient pas des citoyens assez considérables 2 pour avoir place dans les légions : les gens de mer étaient ordinairement des affranchis.
Nous n’avons aujourd’hui ni la même estime pour les troupes de terre, ni le même mépris pour celles de mer. Chez les premières 3 l’art est diminué ; chez les secondes 4 il est augmenté : or, on estime les choses à proportion du degré de suffisance 5 qui est requis pour les bien faire.
1 Comme l’a remarqué Platon, liv. IV des Lois. (M.)
2 Polybe, liv. V. (M.)
3 Voyez les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains. etc., c. IV. (M.)
4 Ibid. (M.)
5 Sup. XX, XXII, note 3.