LETTRE CLVI.

BILLET AU MÊME.

Vous fûtes hier de la dispute avec M. de Mairan 1 sur la Chine. Je crains d’y avoir mis trop de vivacité, et je serais au désespoir d’avoir fâché cet excellent homme. Si vous allez dîner aujourd’hui chez M. de Trudaine 2 , vous l’y trouverez peut-être ; en ce cas, je vous prie de sonder un peu s’il a mal pris ce que j’ai dit ; et sur ce que vous me rendrez, j’agirai de façon avec lui, qu’il soit convaincu du cas que je fais de son mérite et de son amitié.

De Paris, en 1755.

1 De l’Académie des sciences et de l’Académie française, très-connu par des ouvrages excellents, et par l’honnêteté et la douceur de son caractère. Ces deux savants n’étaient pas du même avis sur quelques points qui regardaient les Chinois, sur lesquels M. de Mairan était prévenu par les lettres du P. Parennin, jésuite, et dont M. de Montesquieu se méfiait. Lorsque le voyage de l’amiral Anson parut, il s’écria : « Ah ! je l’ai toujours dit, que les Chinois n’étaient pas si honnêtes gens qu’ont voulu faire croire les Lettres édifiantes. » (GUASCO.)

2 Conseiller d’État et intendant des finances, qui vit beaucoup avec les hommes de lettres les plus distingués, et s’occupe avec zèle de l’encouragement des arts ; il était un des amis les plus intimes de M. de Montesquieu. (G.)

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