A M. DE MAUPERTUIS.
L’Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac paraît et il a un grand succès. C’est un enfant qui ressemble à son père. Il décrit agréablement et avec grâce ; mais il décrit tout, et s’amuse partout. J’aurais voulu qu’on en eût retranché environ deux mille vers. Mais ces deux mille vers étaient l’objet du culte de 2 ... comme les autres ; et on a mis à la tête de cela des gens qui connaissaient le latin de l’Enéide, mais qui ne connaissaient point l’Énèide 3 . N*** 4 est admirable ; il m’a expliqué tout l’Anti-Lucrèce, et je m’en trouve fort bien. Pour vous, je vous trouve encore plus extraordinaire : vous me dites de vous aimer, et vous savez que je ne puis faire autre chose.
1747.
1 Lettre publiée par Maupertuis dans son Éloge âe Montesquieu.
2 Il parlait sans doute de l’abbé de Rothelin, éditeur de ce poëme après la mort du cardinal. (D’ALEMBERT.)
3 Voulait-il désigner par là M. Lebeau. chargé par l’abbé de Rothelin de la révision de l’Anti-Lucrèce ? (D’ALEMBERT.)
4 Il y a apparence qu’il parle ici de M. du Mairan, grand panégyriste de l’Anti-Lucrèce.