LETTRE XLVII 1 .

A M. DE TOURNY 2 .

M. Stoup vient d’être porté, monsieur, pour la jurade dans l’ordre des avocats, et il a eu les trente voix ; ce qui est une chose bien rare. Il y a longtemps qu’il aurait été question de lui, si M. Cazalet, son beau-frére, pendant les trois ans qu’il a été porté, et les deux ans qu’il a été jurat, ne lui avait pas été un obstacle. Il a été syndic des anciens en 1741. J’ai écrit pour lui à M. le marquis d’Argenson. Je vous serai bien obligé, monsieur, si vous vouliez bien rendre service (vous dont on écoute tant la voix), à mondit sieur Stoup, auprès de ce ministre. Vous parlerez pour un bon sujet, pour un homme qui a bien de la considération. Il est mon ami, et je serais bien flatté si cette qualité ajoutait quelque chose à celles que je viens de dire.

Ne viendrez-vous donc jamais ? J’ai une véritable impatience d’avoir l’honneur de vous voir. J’ai envie de faire querelle à Mrae la duchesse d’Aiguillon 3 de votre long séjour. Mais les femmes vous amusent et ne vous retiennent pas.

J’ai l’honneur d’être, avec des sentiments très respectueux, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

MONTESQUIEU.

Bordeaux, ce 3 août 1745.

1 Archives de la Gironde, tome VI.

2 Louis-Urbain-Aubert de Tourny. intendant de Bordeaux. (1694-1760.)

3 Grande amie de Montesquieu dont il sera souvent question dans ces lettres.

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