LETTRE XV 1 .

A M. MAIGNOL, PROCUREUR SYNDIC 2

A BORDEAUX.

J’ai, Monsieur, l’honneur de vous envoyer le mémoire au sujet des contestations que je puis avoir avec MM. les Maire et Jurats, au sujet des limites de nos terres ; et j’espère que vous rendrez à l’Hôtel de Ville et à moi le grand service de nous accommoder ; mais comme M. Roquette, qui se transporta, il y a quelque temps, sur les lieux, gâta tout par son incapacité, et fit un plantement de bornes, plus encore contre le sens commun que contre mes intérêts, je vous supplie d’agréer que pour la conservation de mes droits qu’il a estropiés, aussi bien que ceux de l’Hôtel de Ville, je fasse un acte à Messieurs les Jurats, qui puisse me mettre à l’abri du procès-verbal qu’il en a fait, afin qu’on ne puisse pas l’employer dans la suite comme une pièce authentique.

Je vous parlerais, Monsieur, de mon attachement parfait, si vous pouviez ignorer à quel point je suis, Monsieur, votre très-humble, très-obéissant serviteur.

MONTESQUIEU.

A La Brède, ce 10 août 1731.

1 Tirée d’un Mémoire imprimé qui est à la bibliothèque de Bordeaux, ainsi que les deux lettres suivantes.

2 Nous donnons ces lettres d’affaires, d’abord parce qu’elles furent écrites de la main de Montesquieu, et en outre parce que ce procès avec la ville de Bordeaux, qui aboutit à lui reconnaître la propriété de mille arpents de lande, joue un certain rôle, dans la vie du Président.

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