LETTRE XXXVII.

A MARTIN FFOLKES  .

Le pauvre capitaine Norden est mort, monsieur, j’en suis très fâché ; c’était un homme de mérite, et nous comptions beaucoup son esprit et son savoir. Le pauvre homme a eu une fin très heureuse ; il ne se jugeait perdu qu’une [heure] avant que de l’être. Il nous reste le comte Daniskiold dont je vous remercie de m’avoir procuré la connaissance. Mme de Tencin, à qui je devais le représenter de votre part, n’est arrivée que depuis deux ou trois jours de Lyon ; je l’ai déjà prévenue, et je le lui mènerai ces jours-ci.

Comment vous portez-vous, monsieur ; c’est la chose du monde qui m’intéresse le plus. Votre amitié est un bien qui a fait longtemps les délices de ma vie, et qui en fait encore les regrets. Je ne vous félicite point de votre place à l’Académie des sciences ; c’est elle qu’il faut féliciter  . A propos de sciences, vous ferez un grand plaisir à Maupertuis et à moi, si vous voulez envoyer à Maupertuis et à moi une douzaine de  ... et nous vous enverrons en revanche les premiers livres qui s’imprimeront dans ce pays-ci ; et il est bien certain que la marchandise anglaise vaudra mieux que la française. Je m’en rapporte à la décision du président de votre Société Royale  .

Adieu, monsieur mon cher illustre ami, personne ne vous aime, respecte et honore plus que moi.

MONTESQUIEU.

A Paris, ce 27 septembre 1712.

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