LETTRE XXXVIII.

A MARTIN FFOLKES  .

J’ai reçu, Monsieur, votre lettre avec le petit paquet qui était dedans. M. de Maupertuis a reçu de moi son contingent avec fidélité, car je connais aussi bien que personne l’importance de la chose, et j’ai cru devoir par déférence lui envoyer la superbe et grande machine ; et sans vouloir vous fâcher, je vous avouerai que je ne crois pas que le modèle en soit en Angleterre ; mais qu’on en a pris la peine en Irlande.

M. de Maupertuis m’a chargé de vous envoyer un petit paquet de livres que vous recevrez par Mmc de Bulkley ; j’en ai ajouté un petit que je me fais l’honneur de vous présenter.

A présent que la reine de Hongrie quitte la Bavière ; les Français, la Bohême ; l’Espagne, la Savoie ; que le roi d’Angleterre ne passe pas la mer, il me semble que voilà des acheminements à la paix. J’aime cette paix pour bien des raisons ; je voudrais surtout que rien ne m’empêchât d’aller dans les lieux où vous êtes, et ne m’ôtât l’espérance de vous voir dans les lieux où je suis. Je ne saurais vous dire à quel prix je le désirerais.

Nous parlons souvent de vous, Monseigneur Cerati et moi. Il y a quatre mois qu’il est en France, et il compte bien vous aller voir en Angleterre.

Je vous prie, parlez un peu de moi à MM. les ducs de Richmond et de Montague ; le temps que j’ai passé à leur faire ma cour a été le plus heureux de ma vie.

J’ai l’honneur d’être avec les sentiments de l’amitié la plus tendre, monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

MONTESQUIEU.

A Paris, ce 10 novembre 1742.

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