DE LA RELIGION.

Dieu est comme ce monarque qui a plusieurs nations dans son empire ; elles viennent toutes lui porter un tribut, et chacune lui parle sa langue, religion diverse.

Quand l’immortalité de l’âme serait une erreur, je serais fâché de ne pas la croire 19  : j’avoue que je ne suis pas si humble que les athées. Je ne sais comment ils pensent ; mais pour moi je ne veux pas troquer l’idée de mon immortalité contre celle de la béatitude d’un jour. Je suis charmé de me croire immortel comme Dieu même. Indépendamment des idées révélées, les idées métaphysiques me donnent une très forte espérance de mon bonheur éternel, à laquelle je ne voudrais pas renoncer.

La dévotion est une croyance qu’on vaut mieux qu’un autre.

Il n’y a pas de nation qui ait plus besoin de religion que les Anglais. Ceux qui n’ont pas peur de se pendre doivent avoir la peur d’être damnés.

La dévotion trouve, pour faire de mauvaises actions, des raisons qu’un simple honnête homme ne saurait trouver.

Ce que c’est que d’être modéré dans ses principes ! Je passe en France pour avoir peu de religion, en Angleterre pour en avoir trop.

Ecclésiastiques : flatteurs des princes, quand ils ne peuvent être leurs tyrans.

Les ecclésiastiques sont intéressés à maintenir les peuples dans l’ignorance : sans cela, comme l’Évangile est simple, on leur dirait : « Nous savons tout cela comme vous. »

J’appelle la dévotion une maladie du cœur, qui donne à l’âme une folie dont le caractère est le plus aimable 20 de tous.

L’idée des faux miracles vient de notre orgueil, qui nous fait croire que nous sommes un objet assez important pour que l’Être suprême renverse pour nous toute la nature ; c’est ce qui nous fait regarder notre nation, notre ville, notre armée, comme plus chères à la Divinité. Ainsi nous voulons que Dieu soit un être partial, qui se déclare sans cesse pour une créature contre l’autre, et qui se plaît à cette espèce de guerre. Nous voulons qu’il entre dans nos querelles aussi vivement que nous, et qu’il fasse à tout moment des choses dont la plus petite mettrait toute la nature en engourdissement.

Trois choses incroyables parmi les choses incroyables : le pur mécanisme des bêtes, l’obéissance passive et l’infaillibilité du pape.

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