Sollicitation.
Je suis dans une grande perplexité et dans un grand souci au sujet des démarches de mon ami Erucius. Je ressens pour cet autre moi-même des tourments et des angoisses qu’en pareille occasion je n’ai point éprouvés pour moi ; et d’autre part mon honneur, ma réputation, mon crédit courent des risques. C’est moi qui ai obtenu de notre César le laticlave pour Sextus et la charge de questeur ; il doit à mon appui le droit de poser sa candidature au tribunat, et s’il ne l’obtient du Sénat, je crains de paraître avoir abusé le prince. Je ne dois donc rien négliger pour que le jugement public confirme l’opinion que l’empereur, sur ma parole, a bien voulu concevoir de ses mérites. Quand je n’aurais pas ce motif pressant de m’intéresser à lui, je n’en désirerais pas moins venir en aide à un jeune homme plein de probité, de sérieux, de savoir, digne enfin de tout éloge, ainsi du reste que sa famille entière. Car son père, Erucius Clarus, est un homme très digne, d’une vertu antique, avocat éloquent et expérimenté, qui plaide avec une parfaite loyauté, une fermeté égale et non moins de modestie. Il a pour oncle C. Septicius, qui est la vérité, la franchise, la droiture, la sûreté même. Tous rivalisent d’affection pour moi, tout en m’aimant également ; voici une occasion de m’acquitter envers tous en la personne d’un seul. J’arrête donc, je supplie, j’assiège mes amis ; je vais de maison en maison, de réunion en réunion, et j’éprouve par mes prières le degré de crédit ou de considération dont je jouis. Je vous conjure donc à votre tour de vouloir bien vous charger d’une partie des soins que je me suis imposés ; je vous paierai de retour, si vous le demandez, et même sans que vous le demandiez. On vous aime, on vous honore, on vous courtise. Manifestez seulement vos intentions, et il ne manquera pas de gens pour les seconder avec empressement. Adieu.