XXVII. – C. Pline salue son cher Pompeius Falco

Les poésies de Sentius Augurinus.

Voilà trois jours que j’ai assisté à une lecture publique de Sentius Augurinus avec le plus vif plaisir et même avec la plus grande admiration. Il intitule ses vers petits poèmes. Il y en a beaucoup de simples, beaucoup de nobles, de gracieux, de tendres, d’aimables, beaucoup aussi de mordants. Depuis plusieurs années, rien, à mon goût, n’a été écrit de plus parfait en ce genre, à moins que je ne sois induit en erreur par mon amitié pour l’auteur ou par les compliments dont il m’a honoré moi-même dans une de ses pièces. Il y prend pour sujet ma fantaisie de composer parfois des vers. Je vais d’ailleurs vous faire vous-même juge de mon jugement, si je peux retrouver le second vers de cette pièce (car je sais les autres) ; bon ! le voilà retrouvé :

«  Je chante de légers poèmes en vers tout menus, comme ceux qu’autrefois ciselaient mon cher Catulle et Calvus et nos vieux poètes. Mais que m’importent ceux-là ? Pline pour moi vaut à lui seul tous les anciens ; préférant les vers il abandonne le forum et cherche un objet à aimer, un objet à persuader de son amour. Voilà l’illustre Pline, celui qui égale tant de Catons ! Et maintenant, vous tous qui aimez, refusez donc d’aimer !  »

Vous voyez comme tout est spirituel, délicat, achevé . D’après cet avant-goût je garantis le livre entier, dont je vous enverrai un exemplaire, dès qu’il aura été publié. En attendant aimez ce jeune homme et félicitez notre siècle d’avoir produit ce brillant talent, qu’embellit encore un heureux caractère. Il fréquente Spurinna, il fréquente Antoninus, allié de l’un, commensal de tous les deux. Vous pouvez juger par là de la parfaite correction d’un jeune homme qui a gagné à ce point l’affection de si vénérables vieillards. Car rien n’est plus vrai que ces vers du poète – « On est tel que les gens qu’on aime à fréquenter . » Adieu.

Share on Twitter Share on Facebook