VIII. – C. Pline salue son cher Maturus Arrianus

Promotion de Pline à la dignité d’augure.

Vous me félicitez de mon élévation à l’augurat , et vous me félicitez avec raison, d’abord parce qu’il est beau d’obtenir, même dans de petites choses, l’estime d’un prince si sage, ensuite parce que le sacerdoce lui-même est antique et auguste et qu’en outre entre tous il jouit d’un caractère sacré et privilégié, puisqu’il dure autant que la vie. D’autres dignités jouissent d’une considération à peu près égale ; mais comme on les accorde, on peut les retirer ; dans celle-ci au contraire, la fortune n’a qu’un pouvoir, celui de donner. Une circonstance encore me paraît mériter vos félicitations, c’est que je succède à Julius Frontinus, homme du premier rang, qui chaque année depuis longtemps, le jour de l’élection, m’a toujours présenté pour ce sacerdoce, paraissant ainsi me désigner comme son successeur. Aujourd’hui l’événement a si bien approuvé ce choix, qu’il semble ne rien devoir au hasard. Quant à vous, d’après votre lettre, ce qui vous cause le plus de plaisir dans mon augurat, c’est que M. Tullius Cicéron fut augure. Vous vous réjouissez de me voir suivre dans la carrière des honneurs les traces de celui que je rêve d’égaler dans les lettres. Mais fasse le ciel qu’après avoir obtenu, beaucoup plus jeune que lui, le même sacerdoce et le consulat, je puisse, au moins dans ma vieillesse, posséder un peu de son génie. Mais, prenons garde ! Les biens dont disposent les hommes me sont échus à moi et à bien d’autres, tandis qu’il est difficile d’atteindre et même présomptueux d’espérer ce que les Dieux seuls peuvent donner. Adieu.

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