V. – C. PLINE SALUE SON CHER GEMINIUS.

L’ami compatissant.

Notre cher Macrinus vient de recevoir un coup bien cruel : il a perdu sa femme dont la rare vertu eût servi d’exemple, même si elle avait vécu dans les temps anciens. Il a passé avec elle trente-neuf ans sans une querelle, sans une brouille. Quel respect elle a toujours témoigné à son mari, alors qu’elle en méritait tant elle-même. Combien de hautes vertus, propres à tous les âges, elle a réunies et associées ! Sans doute Macrinus a la grande consolation d’avoir possédé si longtemps un tel trésor, mais sa perte n’en est que plus amère ; la jouissance du bonheur accroît la douleur d’en être privé. Aussi serai-je inquiet pour cet ami si cher, jusqu’à ce qu’il puisse laisser distraire son chagrin et cicatriser sa blessure ; c’est un effet surtout de la résignation à la nécessité, du temps, et de la satiété de la douleur. Adieu.

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