II – C. PLINE SALUE SON CHER SABINUS.

Les lettres courtes.

Vous me faites plaisir de me réclamer non seulement des lettres fréquentes, mais encore très longues. Je les ai ménagées jusqu’ici d’abord parce que je voulais respecter vos grandes occupations, ensuite parce que moi-même j’étais accaparé par une foule d’affaires le plus souvent futiles, mais qui dispersent l’attention et la fatiguent. En outre je n’ai pas non plus matière à écrire plus longuement. Je ne suis pas en effet dans la même situation que Cicéron, dont vous me proposez l’exemple ; il avait un génie d’une extrême fécondité et, égales à son génie, la variété et la grandeur des événements lui fournissaient une ample matière. Tandis que moi, dans quelles étroites limites je suis enfermé, vous le voyez clairement, sans que je vous le dise, à moins que je ne me décide à vous envoyer en fait de lettres des exercices d’école et qui sentent le rhéteur . Mais rien ne me paraît plus déplacé, quand je me représente vos faits d’armes, vos étapes, vos cors et vos trompettes, quand je me représente les sueurs, la poussière, les soleils brûlants que vous endurez. Voilà, je pense, une excuse suffisante ; et pourtant je ne sais si je désire que vous l’admettiez. Car une tendre affection ne pardonne pas les courtes lettres à ses amis, même en sachant qu’ils y mettent tout le compte. Adieu.

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