III. – C. PLINE SALUE SON CHER PAULINUS.

L’amour de la gloire.

Chacun a son idéal de bonheur ; pour moi le plus heureux des hommes est celui qui s’enivre de la jouissance anticipée d’une bonne et durable renommée et qui, sûr de la postérité, vit entouré de sa gloire future. Et si cette récompense de l’immortalité ne brillait à mes yeux, ce qui me plairait serait l’indolence d’un profond repos. Car enfin tous les hommes doivent, à mon avis, songer à leur immortalité, soit à leur condition mortelle, et les premiers lutter, s’acharner, les seconds chercher le repos, la détente, et ne pas fatiguer une vie éphémère par des peines stériles, comme j’en vois beaucoup qui dépensent une misérable et fastidieuse apparence d’activité pour aboutir au mépris de soi-même. Je vous dis tout cela, que je me dis chaque jour à moi-même, afin que je cesse de me le dire, si ce n’est pas votre opinion ; vous ne serez pas d’une opinion contraire, vous qui sans cesse méditez quelque œuvre grande et immortelle. Adieu.

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