Les bouffons à table.
J’ai reçu la lettre dans laquelle vous vous plaignez de l’ennui que vous a causé un dîner, d’ailleurs somptueux, à cause des bouffons, des mignons, des fous, qui circulaient autour des tables . Ne voulez-vous pas vous dérider un peu ? Moi, je n’ai point de ces gens chez moi, mais je tolère ceux qui en ont. Pourquoi n’en ai-je point ? Parce que je ne trouve aucun agrément de surprise et de gaieté, aux mots obscènes d’un mignon, aux impertinences d’un bouffon, aux inepties d’un fou. Ce n’est pas une règle de conduite que je vous donne, mais mon goût. Et même ne savez-vous pas combien de gens sont choqués par ces plaisirs qui nous séduisent et nous charment, vous et moi, parce qu’ils les jugent tantôt sots, tantôt insupportables ? Combien, dès qu’un lecteur, un joueur de lyre ou un comédien paraît, demandent leurs chaussures pour s’en aller ou bien restent allongés, n’éprouvant pas moins d’ennui que vous, quand vous avez subi ces monstruosités, ainsi que vous les appelez ! Montrons donc de l’indulgence pour les plaisirs d’autrui, afin d’en obtenir pour les nôtres. Adieu.