Les loisirs de la campagne.
Jusques à quand persisterez-vous à rester tantôt en Lucanie, tantôt en Campanie ? « C’est que, dites-vous, moi je suis Lucanien et ma femme Campanienne. » Excellente raison sans doute d’être absent longtemps, mais non pas toujours. Revenez donc enfin à Rome, où vous attendent considération, honneurs, amitiés tant hautes qu’humbles. Jusques à quand vivrez-vous en prince ? Jusques à quand veillerez-vous, ou dormirez-vous selon votre bon plaisir ? Jusques à quand point de brodequins de cérémonie, la toge en congé, et la liberté tout le long du jour ? Il est temps de revenir goûter à nos ennuis, ne serait-ce que pour éviter à vos plaisirs la satiété qui les rendrait monotones. Revenez faire des visites matinales, pour éprouver plus de plaisir à en recevoir, vous perdre dans notre cohue, pour mieux jouir de la solitude. Mais quelle maladresse ? Voulant vous attirer, je vous rebute. Peut-être en effet ces exhortations mêmes vous engageront-elles à vous plonger encore davantage dans vos loisirs, que d’ailleurs je voudrais non pas supprimer, mais seulement interrompre. Car de même que, vous offrant à dîner, je mêlerais aux plats doux des mets épicés et piquants, afin de réveiller votre appétit lassé et rebuté par les premiers, de même maintenant je vous conseille de relever quelquefois les délices de votre vie par une pointe d’acidité. Adieu.