La fraternité littéraire.
Vous me priez avec insistance de plaider une cause qui vous tient à cœur, pleine d’intérêt d’ailleurs et glorieuse à défendre ; je m’en chargerai, mais pas gratuitement. Vous vous récriez : « Est-il possible, de ne pas plaider gratuitement, vous ! » C’est possible. Car le salaire que j’exigerai me fera plus d’honneur qu’une assistance gratuite. Je demande ou plutôt je stipule que Cremutius Ruso plaide avec moi. C’est mon habitude, et j’ai déjà rendu ce service à plusieurs jeunes gens en vue. Car je brûle du désir de présenter au barreau les jeunes gens bien doués et de les confier à la renommée. Or plus qu’à tout autre, je dois à mon cher Ruso ces bons offices, je les dois à sa naissance, je les dois à l’exquise affection qu’il a pour moi ; je prise beaucoup de le faire paraître, entendre dans les mêmes causes que moi, et surtout pour la même partie. Obligez-moi, obligez-moi avant qu’il parle, car après qu’il aura parlé vous me remercierez. Je vous suis garant qu’il répondra à vos préoccupations, à mes espérances, à l’importance de la cause. Il est doué de si belles qualités qu’il sera bientôt en état de produire les autres, pourvu qu’avant il ait été poussé par nous. Car il n’est pas de talent si éclatant dès les débuts, qui puisse percer, s’il ne rencontre un sujet, une occasion, et même un protecteur et un patron. Adieu.