XXIV. – C. PLINE SALUE SON CHER MACER.

Acte de dévouement obscur.

Quelle différence dans l’appréciation des actes selon la personnalité de leur auteur ! Les mêmes actions, suivant que vous serez illustre ou obscur seront portées aux nues, ou ravalées plus bas que terre. Je naviguais sur mon cher Larius, quand un vieillard de mes amis me montra une villa, et même une pièce qui s’avance sur le lac : « De là, me dit-il, un jour une femme de notre ville s’est précipitée avec son mari. » Je lui en demandai la raison. Le mari, malade depuis longtemps, était rongé par un ulcère des parties secrètes. La femme obtint qu’il lui permît d’examiner son mal, l’assurant que personne ne lui dirait plus franchement s’il pouvait guérir. Elle le vit et ne garda aucun espoir ; alors elle l’exhorta à mourir et voulut même l’accompagner dans la mort, le guider, lui en donner l’exemple, l’y contraindre ; car elle s’attacha avec son mari et se jeta dans le lac. Cette belle action ne m’est connue, même à moi, qui suis de la même ville, que depuis peu, non qu’elle soit moins noble que le dévouement célèbre d’Arria, mais c’est son auteur qui était de moins noble naissance. Adieu.

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