VIII

Quand on pose très-explicitement cette question à Maelzel : « L’Automate est-il ou n’est-il pas une pure machine ? » il fait invariablement la même réponse : « Je n’ai pas à m’expliquer là-dessus. » Or, la notoriété de l’Automate et la grande curiosité qu’il a excitée partout, sont dues à cette opinion dominante qu’il est une pure machine, plus particulièrement qu’à tout autre circonstance. Naturellement, il est de l’intérêt du propriétaire de le présenter comme une chose telle. Et quel moyen plus simple, plus efficace peut-il y avoir, pour impressionner les spectateurs dans le sens désiré, qu’une déclaration positive et explicite à cet effet ? D’autre part, quel moyen plus simple, plus efficace pour détruire la confiance du spectateur dans l’Automate pris comme pure machine, que de refuser cette déclaration explicite ? Or, nous sommes naturellement portés à raisonner ainsi : – Il est de l’intérêt de Maelzel de présenter la chose comme une pure machine ; – il se refuse à le faire, directement du moins, par la parole ; mais il ne se fait pas scrupule et il est évidemment soigneux de le persuader indirectement par ses actions ; si la chose était vraiment telle qu’il cherche à l’exprimer par ses actions, il se servirait très-volontiers du témoignage plus direct des paroles ; – la conclusion, c’est que la conscience qu’il a que la chose n’est pas une pure machine est la raison de son silence ; – ses actions ne peuvent pas le compromettre ni le convaincre d’une fausseté évidente ; – ce que ses paroles pourraient faire.

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