XV

Il est temps de renouer connaissance avec deux personnages du premier épisode de cette histoire.

Nous voulons parler de Cerise et de Léon Rolland.

On s’en souvient, la jolie fleuriste avait épousé l’heureux Léon le jour même où le comte Armand de Kergaz épousait mademoiselle de Balder.

Au moment où l’ouvrier ébéniste sortait de l’église donnant le bras à sa jeune femme, M. de Kergaz s’était approché de lui.

– Mon ami, lui dit-il, je pars à l’instant même, et dans quelques heures je serai fort loin de Paris.

– Allez, monsieur le comte, répondit Rolland ; je comprends que vous vouliez vivre un peu seul avec votre bonheur.

– Mais si je pars, dit le comte, je n’oublie pas que ce bonheur dont vous parlez, c’est à vous et à votre belle et vertueuse jeune femme que je le dois, et je tiens à conserver votre bonne amitié pour mon retour.

– Ah ! monsieur le comte, s’écria Cerise, n’est-ce point un trop grand honneur pour nous ?

– Non, dit Armand, tous les nobles cœurs sont frères.

Et remettant une lettre à Léon :

– Pour vous prouver que je vous considère comme mon ami, je vais vous charger d’une mission… une mission importante, et que je crois digne de vous.

– Ah ! parlez, monsieur le comte, parlez, murmura Léon tout ému.

– Mes instructions sont contenues dans cette lettre, dit-il. Adieu… au revoir plutôt !

Et le comte passa, offrit la main à sa jeune femme, la fit monter dans sa chaise de poste qui attendait tout attelée à la porte de l’église, et l’équipage partit au grand trot, emportant, comme avait dit Léon, le bonheur sur ses coussins de soie.

Alors Léon Rolland brisa la volumineuse enveloppe que lui avait remise le comte.

Elle renfermait deux lettres.

L’une, dont la souscription était de la main de Jeanne, était à l’adresse de Cerise.

L’autre, écrite par le comte, était pour Léon Rolland.

Léon ouvrit la sienne et lut :

« Mon ami,

« Si je me soustrais pour quelques mois à la tâche que je me suis imposée, c’est que j’ai la conviction profonde que je laisse à Paris des cœurs aussi dévoués que le mien à l’œuvre du bien que je poursuis, et que le vôtre est un de ceux qui me seconderont le plus énergiquement. Permettez-moi donc, mon ami, de vous charger d’une mission.

« Il y a à Paris de longs mois d’hiver, pendant lesquels le pain est cher et le bois encore plus, où de nombreuses familles vivent de l’insuffisant salaire de leur chef, salaire que souvent le manque d’argent réduit à néant. Vous avez été ouvrier, vous savez les misères, les douleurs et aussi les vertus de vos frères ; vous êtes donc celui que je choisis de préférence pour soulager ces misères, consoler ces douleurs, encourager ces vertus ignorées.

« Vous étiez ouvrier, je vous fais patron. Allez vous établir au cœur du faubourg Saint-Antoine, ouvrez-y un vaste atelier de menuiserie et d’ébénisterie, et occupez deux cents ouvriers. Donnez de préférence du travail à ceux qui seront pères de famille ; pour vos choix, consultez toujours votre cœur.

« Je joins à ma lettre un bon sur mon banquier de cent mille francs pour vos frais d’installation, et je vous ouvre chez lui un crédit que votre expérience limitera.

« Armand. »

« Ma chère Cerise,

« Armand vient d’écrire à Léon sous mes yeux et m’a donné sa lettre à lire.

« Moi aussi, j’ai une bonne et charitable idée, et puisque Léon est l’exécuteur de celle d’Armand, je veux vous charger de mettre la mienne en pratique.

« Puisque Léon va ouvrir un vaste atelier pour hommes, pourquoi, ma chère Cerise, n’en dirigeriez-vous pas un destiné à des femmes, à de jeunes orphelines que le manque d’ouvrage, les tentations du luxe, les fascinations du vice pourraient éloigner du droit chemin, et qui n’auraient pas le courage de travailler douze ou quinze heures, comme vous l’avez fait longtemps, pour gagner un mince salaire ? Armand met à ma disposition cinquante mille francs et un crédit chez son banquier. Aussi, je vous laisse, en partant, mes pleins pouvoirs, et vous prie de me garder cette amitié dont vous m’avez déjà donné tant de preuves.

« Jeanne. »

Léon et Cerise, après avoir lu ces deux lettres, se regardèrent, et dans ce regard échangé ils se jurèrent d’exécuter les volontés de leurs bienfaiteurs.

Six mois après, au milieu du faubourg Saint-Antoine, les deux ateliers, qui occupaient à eux deux une vaste maison, se trouvaient en pleine activité.

Trois ans plus tard, Léon Rolland était un des fabricants du faubourg Saint-Antoine le plus en vogue et qui occupent le plus d’ouvriers, et Cerise se trouvait à la tête de vastes ateliers de confection où les orphelines et les mères chargées de famille trouvaient toujours de l’ouvrage à un prix plus élevé que partout ailleurs.

Or, précisément le jour même où la belle inconnue avait un moment quitté le chevet de Fernand blessé pour courir, déguisée en ouvrière, sur la place de la Bastille, le maître ébéniste était dans son magasin, vers onze heures du matin environ, occupé avec son contremaître et son caissier, dans une petite pièce convertie en bureau.

Un apprenti, qui rendait au patron quelques légers services domestiques, frappa discrètement à la porte et, sur l’invitation de Léon, pénétra dans le bureau.

– Que veux-tu, Minet ? demanda le maître ouvrier.

– Patron, répondit l’apprenti, à qui ce surnom de Minet avait été donné par ses camarades de l’atelier, précisément à cause de sa jolie figure futée et matoise, et de la légèreté avec laquelle il grimpait aux barreaux des croisées, le long des charpentes, et se laissait couler du haut en bas de l’escalier, à cheval sur la rampe, c’est une jeune fille qui désire vous parler.

Léon crut que sa femme, qui occupait les étages supérieurs de la maison, lui envoyait une de ses ouvrières, et il dit à Minet :

– J’y suis… Fais-la entrer.

Alors le patron vit apparaître sur le seuil cette éblouissante et mignonne créature que nous connaissons déjà, et qui était tout aussi séduisante sous les humbles vêtements d’ouvrières qu’elle l’était, quelques heures auparavant aux yeux de Fernand Rocher, sous la robe de chambre de la femme élégante et riche.

Turquoise était, comme Chérubin le charmeur, douée de cette puissance de fascination qui s’exerce par le regard.

Léon éprouva à sa vue une commotion à peu près semblable à celle qu’avait éprouvée Fernand Rocher, et il baissa involontairement les yeux sous ce regard bleu et profond qu’elle laissa peser sur lui.

Ce rayonnement étrange donnant à ses yeux un pouvoir magnétique assez grand pour jeter à la fois le trouble, et chez un homme oisif, vivant, comme Fernand Rocher, dans un monde opulent et distingué, et chez un pauvre ouvrier, simple de cœur et d’esprit, tel que Léon Rolland.

Léon tressaillit donc involontairement à la vue de la jeune femme, et machinalement il lui indiqua un siège.

– Monsieur… Rolland ? demanda-t-elle de sa voix la plus douce, la plus mélodieusement timbrée.

– C’est moi… mademoiselle…

La jeune femme jeta un regard défiant sur les deux personnes qui se trouvaient dans le bureau.

Léon crut deviner qu’elle n’osait parler devant elles, et d’un signe il les congédia.

– Je vous écoute, mademoiselle, dit-il.

Elle baissait les yeux et paraissait toute tremblante.

– Monsieur… dit-elle enfin, vous avez fait travailler, il y a deux ans, un ouvrier du nom de François Garin…

– Oui, mademoiselle… c’est probable du moins… Je crois me rappeler ce nom-là, dit Léon, qui consulta ses souvenirs. C’était un homme âgé déjà de cinquante-cinq ans environ.

– Oui, fit-elle d’un signe de tête, levant de nouveau sur lui ce regard qui l’avait fait frissonner tout entier.

– Un ouvrier de la province, reprit Léon qui se souvenait tout à fait de l’homme dont on lui parlait ; il était venu à Paris et n’avait pu y trouver de l’ouvrage. Je l’ai occupé environ six mois.

– Précisément, monsieur.

– Puis il est retourné dans son pays, où il avait une fille.

– C’était moi, monsieur, dit la jeune femme d’une voix émue.

– Vous ! fit Léon surpris.

– Je me nomme Eugénie Garin, répondit-elle avec tristesse.

– Et… votre père ? demanda Léon.

– C’est lui qui m’envoie, monsieur.

– Ah ! je devine, dit le brave ouvrier ; il craint sans doute que je ne sois fâché contre lui, vu qu’il m’a quitté un peu brusquement. Mais, ajouta-t-il en souriant, dites-lui que j’ai toujours pour lui du travail… et de l’argent d’avance s’il est gêné.

– Hélas ! murmura la jeune femme, mon père ne travaillera plus, mon cher monsieur…

Elle parut comprimer un gros soupir.

– Il est aveugle, dit-elle.

– Aveugle ! s’écria Léon.

– Depuis six mois, monsieur, répondit-elle en levant sur lui de nouveau son magnifique regard.

– Ah ! je comprends, fit l’ouvrier, et vous avez eu raison, mademoiselle, de songer à moi. Je vous en remercie.

L’inconnue rougit et parut se troubler.

– Vous vous trompez peut-être, monsieur, murmura-t-elle ; nous sommes fiers. C’est du travail que je viens vous demander.

Et comme Léon faisait un geste, elle se hâta d’ajouter :

– Madame Rolland, m’a dit mon père, est une brave et digne femme, qui ne refusera pas de te donner de l’ouvrage…

– Certes, non, dit Léon.

– Malheureusement, reprit-elle en baissant modestement les yeux, je ne pourrai venir travailler à l’atelier et quitter mon père… Non seulement il est aveugle, mais encore il est infirme.

– Qu’à cela ne tienne, dit Léon, Cerise vous donnera de l’ouvrage à emporter.

Et le brave garçon se leva et lui dit :

– Ma femme est sortie en ce moment ; elle est allée chez madame la comtesse de Kergaz ; mais elle ne tardera pas à rentrer. Voulez-vous l’attendre ?

– Oui, monsieur, répondit-elle humblement.

Tout en parlant, Léon jetait un coup d’œil sur les vêtements misérables de la jeune femme ; sur cette propreté qui lui semblait essayer en vain de dissimuler la misère, et il éprouvait déjà pour elle un sentiment qu’il croyait n’être que de la compassion, bien que, en réalité, il fût d’une nature impossible à définir.

– Venez, dit-il, je vais vous conduire là-haut… à l’atelier. Ma femme ne peut tarder à rentrer.

La jeune femme le suivit, toujours humble, toujours modeste, et le visage empreint de tristesse.

– C’est singulier, poursuivit Léon en gravissant l’escalier qui conduisait au premier étage, ce François Garin était un assez triste drôle, à l’atelier, et voici que je suis pris de compassion pour lui.

Et se tournant vers la jeune femme :

– Où demeure votre père ? demanda-t-il.

– À deux pas d’ici, répondit-elle, rue de Charonne, 23.

– Bien, j’irai le voir tout à l’heure. Quand vous êtes venue, j’allais sortir et me rendre précisément dans cette rue, où j’ai un entrepôt de bois.

Et Léon tourna le bouton de la porte d’entrée de son appartement.

Le logement particulier de Léon Rolland se trouvait, comme on le voit, au premier étage, et donnait par une porte sur l’atelier de confections.

Il se composait de quatre petites pièces : une salle à manger, un petit salon, deux chambres à coucher, dont l’une était occupée par les jeunes époux, l’autre par la mère de Léon.

Tout cela était propre, modeste, et respirait l’aisance honnête que procure le travail.

– Maman, dit Léon à sa mère, Cerise est-elle rentrée ?

– Pas encore, répondit la vieille, qui avait conservé son costume de paysanne et ses sabots.

– Tenez, dit Léon, voilà une jeune fille qui va l’attendre ici et que je lui recommande expressément. C’est la fille d’un de mes anciens ouvriers.

Puis, s’adressant à l’inconnue :

– Mademoiselle, dit-il, voulez-vous déjeuner avec nous ? Dans une heure, Cerise sera ici.

– Merci, répondit-elle avec tristesse ; et pardonnez-moi, monsieur, si je ne puis accepter… mais… mon père…

Léon, ému jusqu’aux larmes, pensa que peut-être il n’y avait pas de pain chez le pauvre aveugle, et que cette pensée empêchait sa fille d’accepter cette invitation.

– Soit, dit-il, mais attendez Cerise et attendez… moi ; j’ai une course de quelques minutes à faire, et je serai bientôt de retour.

Et Léon, laissant sa jeune protégée auprès de sa mère, descendit rapidement dans son bureau, mit son paletot et sortit.

Le maître ouvrier gagna la rue de Charonne d’un pas rapide, s’arrêta devant le numéro 23, et jeta au portier le nom de François Garin.

– Au sixième, la troisième porte à gauche dans le couloir, répondit l’autocrate de la loge.

Léon gravit un escalier sale et tortueux, arriva au sixième et frappa à la porte indiquée, dont la clef se trouvait dans la serrure.

– Entrez ! dit une voix chevrotante à l’intérieur.

Léon poussa la porte, et son cœur se serra douloureusement à la vue du réduit dans lequel il pénétrait.

C’était une petite pièce mansardée qui n’avait plus d’autres meubles qu’un lit de sangles, un grabat, une table et deux chaises.

Dans le lit, un vieillard était enveloppé dans une mince couverture, trop légère pour la saison rigoureuse.

Le grabat était sans doute destiné à sa fille. La cheminée était sans feu.

Sur la table, il y avait quelques assiettes fêlées et vides, un morceau de pain, une cruche pleine d’eau.

Dans un coin, une vieille malle en bois, où sans doute étaient serrées les dernières hardes de la misérable famille.

Dans ce vieillard, dont les yeux étaient rouges et sans rayonnement, preuve certaine que sa cécité provenait de son intempérance, Léon reconnut son ancien ouvrier François Garin.

– Qui est là ? demanda l’aveugle d’une voix lamentable.

– C’est moi, répondit Léon, moi, Léon Rolland.

– Ah ! mon cher monsieur, s’écria l’aveugle, est-ce possible ?… Tant d’honneur à un misérable comme moi…

– Votre fille est venue me voir, père Garin…

– Ah ! murmura l’ouvrier, qui parut retenir ses sanglots avec peine, la chère enfant du bon Dieu ! sans elle je serais mort, mon bon monsieur Rolland.

Et le vieillard se dressa à demi sur son lit et raconta avec des sanglots comprimés que sa fille le nourrissait depuis bientôt six mois, travaillant dix-huit heures par jour pour gagner de quinze à vingt sous.

– Hélas ! acheva-t-il, voici la morte saison qui va venir pour les dentellières, et ma fille n’a plus d’ouvrage. Alors j’ai songé à vous, mon bon monsieur Rolland, et j’ai pensé que votre petite dame…

– Vous avez eu raison, mon ami, dit le maître ouvrier. Votre fille est en ce moment à la maison, et ma femme lui donnera de l’ouvrage ; mais en attendant, ne vous fâchez pas, père Garin et permettez-moi de vous prêter un peu d’argent.

L’aveugle cacha sa tête dans ses mains.

– Ah ! murmura-t-il, je n’ai plus la force d’être père quand je songe à ma pauvre enfant…

Et il tendit humblement la main.

Léon y mit deux pièces d’or, et lui dit :

– Je reviendrai vous voir demain. Adieu, père Garin, je vais vous renvoyer votre fille.

Léon Rolland descendit et frappa au carreau de la loge du portier.

Une vieille femme, coiffée d’un madras en forme de turban, lui apparut, et, d’une voix aigre, demanda ce qu’il désirait.

– Montez chez le père Garin, dit Rolland en lui donnant dix francs, un cotret pour lui faire du feu, et portez-lui du bœuf et du bouillon. Ayez soin de lui, je reviendrai.

La portière, qui n’était pas habituée à de semblables munificences, salua jusqu’à terre, et s’empressa d’exécuter les ordres de Rolland, tandis que celui-ci regagnait le faubourg Saint-Antoine et son domicile. Précisément comme il traversait la place de la Bastille, Cerise revenait de l’hôtel de Kergaz, reconnut son mari, pressa le pas et courut à lui.

– Ah ! te voilà ? dit Léon, qui lui offrit aussitôt son bras.

– Oui, mon cher petit homme, répondit Cerise, employant avec son mari cette épithète amicale, fort répandue parmi les ouvriers de Paris.

Cerise était toujours cette vertueuse et jolie fille que nous avons connue autrefois rue du Faubourg-du-Temple, si rieuse et si gaie, et travaillant de si grand cœur en songeant à ses chères amours.

Le mariage l’avait embellie. Ce n’était plus la petite fille de seize ans, c’était la jeune femme de vingt et un ans, dont la taille avait acquis toute son élégance, dont les traits charmants avaient perdu ces légers indices de fatigue qui sont la conséquence de la nubilité, et souvent d’un travail forcé peu soutenu par une nourriture insuffisante chez les femmes du peuple.

Cerise était devenue une femme, une femme jeune et charmante qui faisait l’admiration naïve des habitants du faubourg, dans lequel on ne l’appelait que la belle madame Rolland.

Cerise, enfin, était la plus heureuse des femmes, car elle avait un mari qu’elle aimait et un jeune enfant qu’elle adorait, et le bonheur embellit encore.

– Mon enfant, lui dit Léon, pressons un peu le pas et hâtons-nous de rentrer.

– Pourquoi donc ? est-il déjà l’heure de déjeuner ?

– Ce n’est pas cela, dit Léon en souriant, on t’attend à la maison.

– Ah !… et qui donc ?

– Une pauvre fille sans ouvrage.

Et Léon raconta à sa femme son entrevue avec la fille du père Garin, et sa visite au vieil aveugle.

Ce récit donna des ailes à la bonne Cerise ; elle monta, légère comme une biche, l’escalier de la maison, tant elle avait hâte, la chère femme du bon Dieu, de soulager une misère, et Léon la suivit.

Eugénie Garin, ou du moins celle qui portait ce nom, était assise dans la salle à manger, conservant son attitude modeste et mélancolique.

Elle vit entrer Cerise et Léon Rolland en même temps, et elle devina que la première était celle qu’elle attendait.

Et alors elle leva de nouveau ses yeux sur Léon Rolland, puis elle les reporta sur Cerise…

Ce double regard produisit deux résultats également étranges.

La jeune femme était pauvrement vêtue, elle avait l’apparence de l’honnêteté et de la misère réunies, et cependant, sous le poids de son regard, Cerise tressaillit et se troubla comme si un animal venimeux, un reptile se fût dressé devant elle.

On eût dit qu’elle avait le pressentiment que le malheur venait d’entrer dans sa maison.

En même temps, Léon ressentit également une commotion inconnue qui fouetta son sang dans ses veines.

Aucune de ces impressions n’échappa à la prétendue fille du père Garin :

– Et de deux ! pensa-t-elle.

Puis elle baissa les yeux, ajouta mentalement :

– Avant huit jours, cet homme sera amoureux fou de moi, et cette femme sera jalouse.

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