Charles Chevry s’était juré à lui-même de ne pas prendre un jour, un instant de repos, avant d’avoir découvert ce qu’était devenue la femme de son bienfaiteur. Ainsi fit-il.
Le lendemain de son arrivée à Paris, il se leva au premier bruit qu’il entendit dans l’hôtel, c’est-à-dire vers sept heures du matin. Tout en s’habillant, il sonna le garçon et le pria de lui trouver immédiatement une voiture de remise attelée d’un bon cheval.
Vingt minutes après, le garçon vint prévenir le voyageur que la voiture l’attendait à la porte de l’hôtel.
Zélima, fatiguée, courbaturée, était restée couchée.
Charles l’embrassa, en lui disant :
– Je serai, je pense, de retour avant midi ; repose-toi bien en m’attendant. Si tu te sens assez forte dans l’après-midi quand nous aurons bien déjeuné, nous ferons une première promenade en voiture dans la ville.
Il sortit.
– Où allons-nous, bourgeois ? lui demanda le cocher.
– À Port-Marly. Vous connaissez le chemin ?
– Bien sûr, que je le connais. L’avenue des Champs-Élysées, l’avenue de Neuilly et toujours tout droit par Courbevoie, Nanterre, Rueil et Bougival.
Le cheval, jeune encore, était bon coureur. Il fit le trajet en moins de deux heures.
Charles Chevry descendit de voiture au bord de la Seine, devant la boutique d’un pêcheur marchand de vin. Une femme s’avança sur le seuil de la porte.
– Madame, lui dit-il, je vous serais obligé de vouloir bien m’indiquer la villa des Ormes.
La débitante sortit de la maison.
– La villa est plus loin, monsieur, toujours en suivant le bord de l’eau. Vous voyez devant vous ces grands arbres ?
– Parfaitement.
– Eh bien, ce sont les ormes de la villa.
– Est-elle habitée en ce moment ?
– Non, monsieur. Les personnes qui demeurent aux Ormes l’été retournent à Paris à la fin de septembre. Cependant, si ce n’est pas M. et Mme Legrand que vous voulez voir, vous trouverez à la villa le jardinier et sa femme qui, peut-être, pourront vous répondre.
Chevry remercia l’obligeante cabaretière et se rendit pédestrement à la villa.
Il avait encore dans la mémoire la description de l’habitation et du jardin faite par Lucy dans l’unique lettre qu’elle avait écrite à Zélima. Il reconnut facilement la maison ; il vit les grandes pelouses, les bosquets, la serre, la source jaillissante, la petite rivière anglaise. Il sonna à la porte de service. Ce fut le jardinier qui vint lui ouvrir.
– Mon brave homme, dit Chevry, je m’adresse à vous dans l’espoir que vous pourrez, me donner certains renseignements.
– Si je le peux, monsieur, je suis tout à votre service.
– Y a-t-il longtemps que vous êtes le jardinier de cette belle propriété ?
– Je suis ici depuis deux ans.
– Ah ! depuis deux ans seulement. Les renseignements que je désire concernent des personnes qui ont habité ici, en 1848, pendant une partie, de l’année.
– Je vois, je vois… il s’agit d’une certaine, marquise.
– Précisément.
– J’ai entendu parler de ça, monsieur, mais si vaguement… Je ne pourrais certainement pas répondre à vos questions… Voyez-vous, pour être bien renseigné, il faudrait vous adresser à l’ancien jardinier, celui qui était ici du temps de la fameuse marquise.
Ce mot « fameuse », prononcé avec un accent dédaigneux, perça l’oreille de Chevry comme un coup de poinçon. Pourtant, se rappelant les recommandations de M. Van Ossen, il se contint.
– On le trouver, ce jardinier ? demanda-t-il.
– Il est toujours à Port-Marly. Bien qu’il ne soit plus en maison, il n’a pas quitté le métier ; il fait des jardins pour les uns, pour les autres. Dame, vous savez, monsieur, quand on n’a pas de rentes, il faut qu’on travaille.
– C’est juste. Maintenant, mon brave homme, je vous prie de m’indiquer la demeure de l’ancien jardinier.
– Le père Vincent reste assez loin d’ici, en montant vers Marly-le-Roi ; il habile une petite maison au milieu des champs ; c’est difficile à trouver, quand on ne connaît pas. Mais, au fait, si vous le voulez, je l’enverrai chercher.
– Ce serait fort gracieux de votre part.
Le jardinier appela un gamin d’une dizaine d’années, qui jouait dans l’allée, sur le sable, avec un gros chien de Terre-Neuve. L’enfant laissa l’animal et accourut près de son père.
– Tu sais où reste le père Vincent, le vieux jardinier ?
– Oui, papa.
– Tu le trouveras probablement chez lui, car en ce moment il n’est guère occupé. Tu lui diras qu’un monsieur le demande et tu reviendras ici avec lui. Surtout, ne t’amuse pas à gaminer sur ton chemin.
– Non, papa.
Le gamin partit en courant. Il revint au bout de vingt minutes, amenant le vieux jardinier.
Quand Charles Chevry lui eut dit ce qu’il attendait de lui, le père Vincent prit la parole.
Il parla de ses anciens maîtres en homme qui les avait bien connus. Le marquis était très froid, il n’adressait, presque jamais la parole à un domestique ; c’est dans le jardin, avec lui, le père Vincent, qu’il causait, un peu.
D’ailleurs il ne s’occupait de rien dans la maison, pas plus que la dame, qui ne parlait pas le français. C’est M. le baron de Simaise qui commandait, ordonnait. Il était tout. On ne connaissait que lui, on n’obéissait qu’à lui, il était le maître. Mais quel bon, quel excellent maître !
Le frère Vincent fit longuement l’éloge du baron, sans remarquer le front assombri et les mouvements d’impatience de son auditeur. Enfin il raconta comment, tout à coup, on avait appris à la villa, après la mort du marquis, que la dame était devenue folle – il évitait de dire la marquise. Il parla ensuite du grand médecin, envoyé par l’oncle de la dame, qui est Anglais et demeure à Liverpool ; de la stupéfaction, de la surprise des autres domestiques en apprenant que la dame n’était pas mariée. Il dit comment la folle, qui n’était pas plus marquise que lui le père Vincent était marquis, avait été emmenée par le célèbre médecin pour être conduite en Angleterre. Il était là, présent, bien qu’il eut été congédié plusieurs jours auparavant ; il avait vu partir la folle.
On comprend combien durent être douloureuses les impressions de Charles Chevry en écoutant cet homme, racontant simplement, naïvement, avec conviction, ces choses monstrueuses qu’il croyait vraies, et quels efforts il dut faire sur lui-même pour ne pas laisser éclater son indignation, la colère qui grondait sourdement en lui. Pâle, frémissant, les dents serrées, il eut la force et le courage d’écouter jusqu’au bout, sans interrompre. D’ailleurs, ce récit l’instruisait. Il avait voulu savoir, il savait. Le doute n’était plus possible. Le baron de Simaise était un voleur, et, pour voler, il n’avait pas reculé devant un autre crime, un crime horrible ! La trame ourdie contre la malheureuse marquise, pour la faire disparaître, était dévoilée.
Au bout d’un instant, faisant appel à sa volonté, se raidissant, il parvint à calmer son agitation.
– N’était-elle pas enceinte ? demanda-t-il.
– Oui, monsieur, et tout près d’accoucher.
– Et elle était folle ?
– Oui, monsieur, folle !
– Êtes-vous bien sûr de cela ?
– Dame, monsieur, il faut bien le croire, puisque le médecin des fous a déclaré qu’elle devait être enfermée.
– Et vous croyez qu’on l’a emmenée en Angleterre ?
– Oui, monsieur, près de son oncle ; je savais le nom de cet oncle ; mais, depuis le temps, je l’ai oublié.
– Et le nom du médecin ?
– Je l’ai oublié aussi ; mais je crois me rappeler qu’il a une maison de santé à Auteuil ; c’est là, d’abord, que la dame a été enfermée avant de partir pour l’Angleterre.
– Savez-vous encore autre chose ?
– Je vous ai dit, monsieur, tout ce que je sais.
Charles Chevry comprit qu’il n’en apprendrait pas davantage à Port-Marly, et qu’il perdrait un temps précieux à interroger d’autres personnes.
Il remercia les deux jardiniers, leur mettant un louis dans la main, appela le petit garçon, à qui il donna une pièce de cinq francs, rejoignit sa voiture et reprit aussitôt la route de Paris.
» Oh ! le misérable, l’infâme ! se disait-il ; est-il possible qu’il y ait sur la terre de pareils scélérats et que Dieu les laisse vivre !… Mais, je le tiens, il ne m’échappera pas ! De gré ou de force, il faudra bien qu’il me dise où est la marquise de Chamarande, où est son enfant ! M. Van Ossen m’a recommandé d’être prudent, patient, de ne rien brusquer ; soit, j’agirai ainsi qu’il me l’a conseillé… En France, la justice est sévère ; c’est au bagne que je puis envoyer le baron de Simaise ; pour cela je n’ai que quelques paroles à dire. Mais il y a une femme, des enfants. Dois-je frapper ces têtes innocentes en même temps que celle du criminel ? Oh ! non, non, ce serait cruel, ce serait un acte odieux, une affreuse cruauté. Ah ! baron de Simaise, vous êtes bien heureux aujourd’hui d’avoir une femme, des enfants pour vous protéger contre moi !
Pendant huit jours, Chevry fit des recherches à Auteuil d’abord, ensuite dans Paris et dans toute la banlieue. Partout, prudemment, adroitement, il prenait des informations. Il était persuadé que la marquise, si elle existait encore, avait été enfermée, séquestrée à Paris même ou dans les environs. Mais il finit par comprendre qu’il perdait absolument son temps. Autant chercher une épingle dans l’herbe haute et drue d’une prairie. Seul, il ne pouvait rien. Continuer ses recherches dans les mêmes conditions était illusoire. Il pouvait chercher ainsi inutilement pendant des années.
Il savait la conduite que menait le baron de Simaise. Toutes les personnes qu’il interrogeait au sujet de la baronne lui en disaient le plus grand bien. Les paroles abondaient, ne tarissaient point quand on faisait son éloge. C’était une noble et digne jeune femme, ayant le cœur haut placé, douce, bonne, dévouée, adorant ses enfants. Son mari avait tous les vices, elle toutes les vertus. Elle souffrait, elle était malheureuse, on la plaignait.
Avant de frapper le coup terrible qu’il réservait au baron, Charles Chevry résolut de voir la baronne. Sans doute elle ne savait rien, mais il l’instruirait ; et si elle était bien telle qu’on la lui avait dépeinte, elle deviendrait aussitôt son alliée. Cédant à la menace, voulant échapper au châtiment, le baron dirait où il tenait la marquise cachée. S’il le fallait, on lui laisserait les millions volés. Certes, dans de telles conditions, il n’hésiterait pas à faire amende honorable. Il éviterait le scandale, la prison, la cour d’assises, le bagne ; son nom ne serait pas déshonoré, son infamie ne retomberait point sur les innocents en larges éclaboussures.
Tout cela était bien pensé.
Zélima, consultée, approuva la démarche que voulait faire son mari. Celui-ci se rendit chez la baronne.
Nous savons quel fut le résultat de l’entrevue ; scène violente, terrible, entre Clémentine, et le baron, où celui-ci nia tout effrontément, avec une audace révoltante. Mais la baronne ne pouvait être trompée : elle avait vu et tenu dans ses mains l’acte de mariage du marquis de Chamarande et de Lucy Glandas. Les dénégations du baron lui firent même voir encore à quelle espèce de misérable elle avait eu le malheur d’unir sa destinée.
Elle se souvint de certaines visites mystérieuses faites de temps à autre à son mari par un inconnu. Nous savons également comment, interrogeant sa mémoire, elle se rappela des paroles, alors incompréhensibles pour elle, entendues un jour, par hasard : « Blaincourt, vieux château, la folle, l’enfant… »
C’était une vive clarté jetée dans la nuit. Ainsi, c’était à quelques lieues seulement de Vaucourt, où elle allait chaque année passer la belle saison, c’était à Blaincourt, dans un vieux manoir en ruines, que la marquise et son enfant, malheureuses victimes de la cupidité de son mari, étaient enfermés, séquestrés.
Elle avait promis à Charles Chevry d’être son alliée, de l’aider par tous les moyens possibles à retrouver la marquise de Chamarande. Pouvait-elle faire moins ? Non. elle devait, en présence d’une telle iniquité, réparer, dans les limites du possible, le mal qui avait été fait. À tout prix, il fallait conjurer l’épouvantable malheur qui menaçait ses enfants et elle-même. Pour elle, pour ses chers enfants, Chevry avait promis de se taire, de ne rien révéler encore à la justice ; elle pouvait donc éviter l’opprobre, la honte, le déshonneur !
Alors elle écrivit cette lettre fatale qui allait livrer au sinistre Blaireau deux nouvelles victimes.
Confiée à un domestique, la lettre, au lieu d’être portée immédiatement à Charles Chevry, fut remise au baron de Simaise par le valet infidèle.
Déjà, sentant qu’il avait tout à redouter de sa femme, le baron avait eu le temps de l’entourer d’espions.
Sans la moindre hésitation, le misérable décacheta la lettre et lut.
» Quoi ! ce que Blaireau et lui croyaient si bien caché, la baronne le savait !
Un instant il se crut perdu. Il sentait ses cheveux se hérisser sur sa tête, une sueur abondante et froide inondait son front et ses tempes. Il se vit dans une glace : il lui sembla qu’en quelques minutes il avait vieilli de dix ans. Il était livide, avait les traits affreusement contractés. Il poussa une sorte de rugissement, en pressant fiévreusement son front dans ses mains. Il voyait le gouffre sous ses pieds, il allait tomber. Quel écroulement ! Quelle chute horrible !
Que faire ? Que faire ? Il ne pouvait rien, lui, rien, rien… Et ce Charles Chevry et sa femme devenaient de plus en plus menaçants ! Blaireau seul pouvait le sauver, si le sauvetage était possible. Cela lui coûterait cher, mais qu’importe ! Oh ! la prison, la cour d’assises, les juges !… Ses dents claquaient, il tremblait, grelottait comme s’il eût eu la fièvre.
Il n’avait plus d’espoir qu’en Blaireau ; il courut rue du Roi-de-Sicile. Blaireau était chez lui. L’homme du mal devina, d’un coup d’œil, la gravité de la situation.
– Lisez, lisez vite, lui dit le baron, en lui tendant la lettre.
En lisant, la figure de Blaireau changea trois ou quatre fois d’expression.
– Hum, hum ! fit-il, les sourcils froncés, le front plissé.
Et il se gratta le menton, ce qui était chez lui l’indice d’une violente émotion.
– Eh bien ? interrogea le baron avec l’anxiété d’un homme placé entre la vie et la mort.
– C’est grave, c’est excessivement grave, répondit Blaireau d’une voix creuse.
– Aussi n’ai-je pas perdu un instant pour venir vous trouver.
– Vous avez bien fait. Ah ! monsieur le baron, je vous ai toujours dit : « Ne cessez pas de regarder du côté de Batavia. » Comme j’avais raison ! Oui, quelque chose me disait que, si nous étions un jour inquiétés, le danger viendrait de là. Et il est venu, et il est près de nous, menaçant, terrible.
– N’y a-t-il donc rien à faire ? demanda le baron accablé.
– Il y a toujours à faire, monsieur le baron. Donc, cet homme a vu Mme de Simaise ?
– Oui.
– Que s’est-il passé entre eux ?
– Il a montré à ma femme l’acte de mariage, et la baronne, comme vous le voyez par cette lettre, a pris l’engagement de l’aider dans ses recherches.
– Et quand Mme de Simaise vous a parlé de votre belle-sœur, qu’avez-vous répondu ?
– Que l’acte de mariage était faux, que Lucy Glandas n’était que la maîtresse de mon frère ; qu’elle avait, après la mort du marquis, quitté Port-Marly, et que j’ignorais absolument ce qu’elle était devenue.
– Bien. Mais comment votre femme a-t-elle pu savoir ce qu’elle révèle dans cette lettre ?
– Je ne saurais le dire. Pourtant je crois pouvoir supposer qu’elle a un jour surpris notre conversation.
– Oui, oui, c’est cela, monsieur le baron : je me souviens d’avoir entendu un jour, au commencement de cette année, un bruit de pas et le froissement d’une robe de soie derrière l’une des portes de votre chambre.
» Cette lettre, monsieur le baron, m’effraye et me rassure en même temps ; elle m’effraye parce que nous avons tout à redouter, elle me rassure parce que le péril n’est pas imminent. Nous avons le temps d’aviser. Pour le moment et jusqu’à nouvel ordre, votre femme et vos enfants sont notre sauvegarde. Certes, il est heureux pour nous que Charles Chevry ait eu l’idée de voir Mme de Simaise avant de s’adresser à la justice. C’est pour vous sauver que Mme de Simaise devient l’alliée de votre ennemi ; comprenez-vous cela ?
– Oui, je comprends.
– Monsieur le baron, vous avez bien fait de vous marier et mieux fait encore d’avoir des enfants.
Blaireau resta un instant silencieux, la tête dans ses mains. Quand il se redressa, un éclair sillonna son regard.
– Monsieur le baron, prononça-t-il lentement et d’une voix sourde, quand un obstacle se dresse devant moi, je le brise ; quand un danger me menace, je l’arrête : il faut que ce Charles Chevry meure !
La physionomie de Blaireau avait pris une expression si terrible, que le baron se sentit frissonner jusque dans la moelle des os.
– Mais la baronne sait… balbutia-t-il.
Blaireau eut un petit rire sec, aigre. Puis, hochant la tête :
– Oui, répliqua-t-il, Mme de Simaise sait ; mais elle se taira… Elle se taira, monsieur le baron, non point par amour pour vous – ceci soit dit sans vous offenser – mais à cause de ses enfants. Une mère ne peut rien, rien, contre le père de ses enfants.
– Enfin, qu’allez-vous faire ?
– Je vous l’ai dit : nous débarrasser de notre ennemi.
– Comment ?
– Cet homme nous menace, il peut nous envoyé au bagne ; je l’ai condamné, il mourra.
– Prenez garde, Blaireau.
– Oh ! vous n’avez pas besoin de me recommander la prudence. D’abord, cette lettre.
Blaireau la glissa dans une enveloppe blanche, sur laquelle il écrivit l’adresse de Charles Chevry, imitant avec une merveilleuse habileté de faussaire l’écriture de la baronne. Cela fait, il détacha adroitement le cachet de cire de la première enveloppe, et à l’aide d’une composition de cire liquide, prenant sur le papier comme de la colle, il l’adapta sur le revers de l’autre enveloppe.
Le baron le regardait faire, ébahi.
– Voyez, lui dit Blaireau, en lui mettant la lettre dans la main.
– Oui, c’est bien l’écriture de la baronne, et il est impossible de reconnaître que cette enveloppe a été substituée à une autre.
– Aussitôt rentré chez vous, vous rendrez cette lettre au domestique qui vous l’a remise et il la portera immédiatement à son adresse.
– Comment, vous voulez…
– Je veux que Charles Chevry se mettre en route pour Blaincourt ; seulement, je prendrai certaines dispositions pour l’empêcher d’arriver au but de son voyage.