VII LE RÉCIT DE LA COMTESSE

Les jours plus longs et le soleil plus chaud annonçaient les approches du printemps.

Dans nos squares et jardins de Paris, les sureaux, les saphorines, les lilas montraient déjà quelques bourgeons verts, et les boutons résineux des marronniers se gonflaient, prêts à éclater.

Après un hiver rigoureux – et il l’avait été pour les malheureux, – Paris reprenait un air de gaieté. Cependant la joie n’était pas partout. Il en est toujours ainsi, du reste, en quelque temps que ce soit. Ceux-là sont joyeux, ceux-ci sont dans la tristesse. À côté des satisfaits, qui rient, il y a les souffrants, qui pleurent. C’est un contraste qui est l’image de la vie.

Mais si les déshérités de la fortune ont le triste privilège de pâtir, ceux que l’on considère comme les favoris de la destinée ne sont pas, plus que les premiers, exempts des rudes épreuves de la vie, des souffrances du corps et de celles de l’âme.

Depuis plus d’un mois, l’hôtel de Rosamont, rue de Varenne, était morne et silencieux : plus de dîners, plus de réceptions, plus de fêtes ; les vastes salons fermés ne s’ouvraient plus à personne. Chaque jour quinze, vingt équipages s’arrêtaient devant la grande porte cochère sculptée, mais ne pénétraient plus dans la large cour carrée au fond de laquelle s’élevait l’hôtel, un des plus beaux du faubourg Saint-Germain.

Les visiteurs s’arrêtaient devant la loge du concierge, échangeaient avec ce dernier quelques paroles, laissaient leur carte et se retiraient aussitôt.

Louise de Noyons, comtesse de Rosamont, n’avait plus que peu de temps à vivre.

Atteinte d’une maladie grave, vainement les plus savants docteurs de la faculté avaient tenté de conjurer le mal, qui était allé toujours en s’aggravant. Une grande consultation avait été réclamée, et les trois illustres médecins appelés auprès de la malade prononcèrent des paroles qui, si elles n’étaient pas une sentence de mort, ne laissaient guère à espérer.

Le comte avait compris : la comtesse était perdue. Les domestiques, eux aussi, sentaient que la fin de leur maîtresse était proche.

Tous étaient consternés ; ils ne se parlaient plus entre eux qu’à voix basse.

Une plaisanterie ou un rire à l’office aurait été considéré comme un sacrilège.

Ils ouvraient et refermaient les portes si doucement et avec tant de précautions que pas le plus léger bruit ne troublait le lugubre silence de l’hôtel ; ils allaient et venaient pareils à des ombres à travers les appartements, et comme glissant sur les épais tapis.

En se rencontrant, ils se regardaient tristement et hochaient la tête.

Le comte ne quittait presque pas la chambre de sa femme ; il aurait passé des nuits entières à son chevet si la comtesse n’avait pas insisté pour qu’il allât prendre un repos qui lui était nécessaire.

Du reste, Mme de Rosamont n’était jamais seule, la femme de chambre et une autre femme de service passaient alternativement les nuits auprès d’elle.

On cachait à la comtesse la vérité sur son état ; mais elle avait deviné que les médecins avaient perdu l’espoir de la sauver. Du reste sentant en elle les progrès que faisait la maladie, elle ne cherchait pas à se faire illusion ; elle comprenait qu’elle était condamnée. Mais en bonne chrétienne, qui puise la résignation dans sa foi, elle voyait sans effroi la mort s’approcher.

Est-ce à dire qu’elle allait mourir sans regrets ? Non, certes. Ce qu’elle regrettait en quittant la vie, c’était de se séparer de son époux qu’elle avait tant aimé.

Un matin, comme le comte lui demandait si elle se trouvait un peu mieux, elle laissa glisser sur ses lèvres un sourire doux et triste, puis répondit :

– Je me sens bien affaiblie depuis hier, je n’en ai plus pour longtemps.

– Oh ! Louise, Louise, dit le comte d’une voix tremblante, je t’en prie, n’aie pas cette pensée !

– Je ne dois pas me faire illusion, mon ami ; et puis, si je ne voyais pas si proche le terme de ma vie, je pourrais mourir avant d’avoir rempli un dernier devoir.

– Que veux-tu dire ? De quel devoir parles-tu ?

La comtesse se souleva péniblement, et s’adressant à la femme de service, à qui c’était le tour de passer la journée auprès d’elle :

– Je désire être seule avec M. le comte, lui dit-elle, veuillez nous laisser.

La femme se retira aussitôt.

Le comte regardait la comtesse, étonné et inquiet.

– Maxime, lui dit-elle, assieds-toi là, tout près de moi, afin de bien entendre tout ce que je vais te dire.

Le comte s’étant assis, elle continua :

– Mon ami, c’est une grave révélation que j’ai à te faire.

– Une révélation ? répéta le comte.

– Oui, depuis notre mariage, je ne t’ai jamais caché qu’une chose, oh ! une seule, Maxime : c’est un secret que la volonté de Dieu m’a fait découvrir ; dans l’intérêt d’une autre personne, je l’ai enfermé en moi ; et puis, pour d’autres raisons encore, j’ai cru devoir me taire. Mais je vais bientôt mourir, mon ami, et je ne veux pas emporter ce secret dans la tombe : sa révélation s’impose à moi, à présent, comme un devoir.

– Mon Dieu, mais de quoi s’agit-il donc ?

– Je vais être obligée de parler un peu longuement, mon cher époux ; mais je t’en prie, écoute-moi avec attention et aussi sans impatience.

– Louise, je ne demande pas à connaître ce secret.

– C’est vrai, mon ami, mais ma conscience me conseille, m’ordonne de parler.

– Eh bien ! Louise, je t’écoute.

– Maxime, nous avons eu dans un temps, l’un et l’autre, un grand chagrin de ne pas avoir d’enfant. L’avons-nous assez désiré cet enfant, ce fils que le ciel nous a toujours refusé !

– Il n’est pas venu, nous nous sommes résignés.

– Oui, nous nous sommes résignés, mais non consolés. Lorsque nous sommes revenus en France pour ne plus nous en éloigner, puisque tu ne voulais plus accepter de poste nouveau, il avait été convenu entre nous, sur ma demande, tu te le rappelles, que nous prendrions pour l’élever, l’aimer, en faire notre fils, un petit garçon orphelin ou abandonné.

– Oui, nous avions pris cette décision, et c’est toi, Louise, qui as renoncé à ce projet.

– C’est vrai ; mais tu en sauras tout à l’heure la raison. Alors, mon ami, je n’avais pas encore absolument perdu l’espoir d’être mère. Ce fut l’année suivante que j’appris la douloureuse certitude que j’étais condamnée à ne pas avoir d’enfant. Voici comment :

On me parla d’un célèbre médecin, savant illustre, qui traitait tout spécialement les maladies et les infirmités de la femme. Il se nommait M. Chevriot.

– J’ai plus d’une fois entendu parler du docteur Chevriot ; c’était, en effet, un médecin d’un grand renom.

– Et d’une bienveillance et d’une bonté rares, mon ami. J’allai le voir à ton insu, et, sans me faire connaître, je lui parlai de la douleur que nous avions tous deux de ne pas avoir un enfant.

D’abord il essaya de me rassurer, de me consoler en me disant qu’un enfant pouvait parfaitement venir après neuf années de mariage et il me cita des femmes devenues mères alors qu’elles ne l’espéraient plus, c’est-à-dire après vingt années et plus de mariage.

C’était assez dire que je ne devais pas désespérer ; mais j’avais cette idée que je pouvais être frappée de stérilité ; je demandai au docteur de constater la chose par un examen. Il s’y refusa d’abord, mais je fis tant pour vaincre sa résistance, qu’il se rendit à mes prières.

Hélas ! le malheur que je redoutais était bien réel : je ne pouvais pas être mère ! Ah ! je ne te dirai rien de la douleur que j’éprouvai à ce moment, tu devines si elle fut grande, mon cher Maxime.

« – Maintenant, dis-je au docteur, il ne me reste plus qu’à chercher un enfant que nous élèverons et adopterons ; nous y avons déjà songé, mon mari et moi. »

Et je demandai à M. Chevriot s’il ne lui était pas possible de m’aider à trouver cet enfant.

Il me parla de l’Assistance publique et ensuite d’un établissement, à Boulogne-sur-Seine, où, comme à l’hospice des Enfants trouvés, on recueillait de pauvres petits orphelins ou abandonnés.

Il me répugnait de m’adresser à l’Assistance publique. Pourquoi ? Je ne saurais pas le dire. Mais Dieu voulait que je fisse une et même deux visites à cet établissement de Boulogne auquel on a donné le nom de Maison maternelle, et qui est tenu par des religieuses de l’ordre de saint Vincent de Paul.

Le lendemain, sans t’avoir parlé de rien, je me rendis à la maison de Boulogne.

Je m’étais dit : Si je trouve là un petit garçon qui me plaise et tel que je le désire, je le présenterai à Maxime à qui il plaira également, et nous en ferons notre fils.

Je fus reçue par la supérieure de la Maison maternelle, la mère Agathe, avec beaucoup d’affabilité. Déjà avertie de ma visite par le docteur Chevriot, elle savait ce que je désirais, et je la trouvai on ne peut mieux disposée à m’être agréable.

Elle me conduisit au milieu des petits garçons de l’établissement, – une trentaine environ – qui, en récréation, jouaient dans une cour spacieuse, ombragée de jeunes tilleuls.

Je vis là des enfants de tous les âges, depuis quatre ans jusqu’à huit et dix ans. Ils étaient très proprement tenus, ce qui indiquait les soins qu’on leur donnait, et tous habillés à peu près de la même manière. Leurs belles joues fraîches et roses respiraient la santé. Quelle joie ! quelle gaieté ! Je crois bien que tous étaient beaux, et je crois bien aussi que je les ai embrassés tous. J’étais enchantée, ravie. Mais ils étaient si gentils, si mignons, ces chérubins, que je trouvais le choix à faire difficile.

La supérieure m’avait laissée un instant seule avec les enfants, et je me promenais au milieu d’eux lorsque j’en aperçus deux autres à l’extrémité du préau. Je me dirigeai de leur côté. L’un, le plus âgé, – il avait onze ans, – était tout entier à un paysage qu’il avait sous les yeux et qu’il dessinait avec goût, avec méthode et déjà un talent réel.

Je ne jetai qu’un coup d’œil sur le dessin et le dessinateur, l’autre enfant ayant vite attiré toute mon attention. Il me sembla que je n’avais jamais vu un aussi gentil garçonnet ; c’est qu’il était vraiment beau, beau comme un ange du Titien avec ses belles joues rondes estompées de carmin, sa bouche mutine, ses yeux vifs, son front intelligent, ses beaux cheveux bouclés encore un peu blonds.

Il suivait avec intérêt les coups de crayon de son camarade, pendant que moi, captivée, et comme sous un charme fascinateur, je le regardais, ne pouvant me lasser de l’admirer. Je subissais une impression étrange, dont je ne pouvais me rendre compte, mais qui me remuait dans tout mon être.

Ah ! cette fois, mon choix était fait ! C’était cet enfant que je voulais, j’avais trouvé notre fils adoptif, et il me semblait que, déjà, j’étais un peu sa mère.

Je l’interrogeai. Il me répondit d’une voix douce, délicieusement timbrée, qui vint caresser mes oreilles comme l’harmonie d’une musique aérienne.

Il me dit son âge, il avait neuf ans.

La supérieure revint et m’arracha à mon extase.

Nous quittâmes la récréation et rentrâmes dans la maison.

Je ne laissai pas à la mère Agathe le temps de m’interroger, je lui désignai aussitôt celui de ses pensionnaires que mon cœur plus encore que mes yeux avait choisi.

Je vis alors la figure de la religieuse changer subitement d’expression, et elle me répondit : – « Cet enfant et son camarade, que vous avez vu dessiner, sont les seuls ici que nous ne pouvons confier à personne. »

Je demandai une explication.

La supérieure m’apprit que le gentil garçonnet, auquel je m’étais déjà attachée, n’était pas un enfant abandonné ; il avait une mère qui l’adorait.

« – Choisissez parmi les autres, ajouta la religieuse.

« – Non, non ! m’écriai-je, c’est celui-là que je veux, c’est lui et non un autre que je veux adopter ! »

Je pensais que cette mère, qui s’était séparée de son enfant pour le faire élever dans la maison de charité, devait être une femme malheureuse, une de ces pauvres ouvrières qui ont tant de mal à gagner leur pain quotidien, et je me disais : Quand elle saura ce que je veux faire pour son fils, l’avenir qui lui est réservé, elle n’hésitera pas un instant à me le donner.

J’annonçai à la religieuse mon intention de voir la mère de l’enfant afin de m’entendre avec elle.

La supérieure eut beau me dire et me répéter que c’était inutile, que je n’obtiendrais rien de la mère, attendu que je demandais une chose impossible, je ne voulus rien entendre. J’y mettais de l’entêtement. Il y avait dans cela comme une fatalité.

À la fin, et bien malgré elle, j’ai dû le reconnaître, la religieuse consentit à me ménager une entrevue avec la mère du petit garçon, qui devait venir à la Maison maternelle le lendemain dans l’après-midi.

Je revins à l’hôtel et crus devoir te cacher la visite que je venais de faire à la maison de Boulogne. Avant tout, il fallait réussir, et je n’étais pas sûre de pouvoir convaincre la mère.

Le lendemain, j’arrivai à la Maison maternelle à l’heure que la supérieure m’avait donnée.

La mère de l’enfant était là ; prévenue, elle m’attendait. On me conduisit auprès d’elle.

C’était une jeune femme plutôt grande que petite, et qui ne paraissait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Elle était vêtue très simplement d’un costume noir qui lui allait à ravir et dessinait les formes admirables du buste.

Je restai un instant comme éblouie de sa beauté, contemplant son gracieux visage aux traits délicats, ses grands yeux bleus d’une douceur exquise et son opulente chevelure blonde.

Le comte fit un mouvement, comme si les paroles de la malade avaient réveillé en lui un souvenir.

– J’ai su depuis, reprit Mme de Rosamont, que cette jeune femme était toujours habillée de noir, ce qui la faisait appeler la Dame en noir.

Elle me salua avec beaucoup d’aisance et, gracieusement, m’invita à prendre un siège.

Alors je lui parlai de son fils, dont je désirais faire le mien et pour lequel j’avais déjà la tendresse d’une véritable mère. Je lui dis tout ce qui serait fait en vue de l’avenir de son fils et pour son bonheur. Je lui fis comprendre qu’il s’agissait d’une adoption et que son enfant, devenant notre fils, aurait un jour, non pas seulement une belle fortune, mais un grand nom.

Elle m’avait d’abord écoutée froidement ; puis, peu à peu, elle s’était animée.

Elle me répondit qu’elle aimait, qu’elle adorait son fils, qu’elle n’avait, que lui au monde et qu’une mère qui aimait son enfant, ne le donnait pas, même en présence de la réalisation des plus magnifiques promesses.

« – Madame, ajouta-t-elle, Dieu seul sait tout ce que j’ai souffert à cause de mon enfant ; mais, à présent, il est ma joie, mon bonheur, mon orgueil, il est toute ma vie ! »

Entre elle et moi la discussion fut longue. Je faisais valoir mes raisons ; mais elles se brisaient contre l’amour maternel. Je sentais bien que je n’obtiendrais rien de cette mère que les plus belles promesses ne pouvaient éblouir, et cependant je ne voulais pas encore être vaincue.

Jusque-là, je lui avais caché mon nom ; j’espérai avoir raison, enfin, de sa résistance, en lui disant que j’étais la comtesse de Rosamont et que c’était le nom de Rosamont, avec le titre de comte, que nous donnerions à son fils.

Alors, Maxime, alors elle se dressa debout d’un seul mouvement, pâle, frémissante, les yeux étincelants… Ah ! elle était superbe ! La violence de son émotion donnait à sa beauté comme un éclat divin.

« – Madame la comtesse, me dit-elle tristement ; je n’avais pas l’honneur de vous connaître, mais j’avais entendu parler de vous : vous êtes née Louise de Noyons, fille cadette du marquis et de la marquise de Noyons ; vous avez épousé le comte Maxime de Rosamont le 10 mai de l’année 1862 ; la cérémonie de votre mariage a eu lieu à l’église Sainte-Clotilde. »

Ah ! mon ami, tu peux juger de mon saisissement, de ma stupéfaction.

Le comte, affreusement pâle, les yeux fixés sur la comtesse, écoutait haletant.

Après un silence, la malade reprit :

– La jeune femme me demanda si je savais que le comte de Rosamont, avant son mariage, avait eu une maîtresse. Je lui répondis que je ne l’avais pas ignoré, mais que je n’avais jamais su le nom de cette maîtresse.

« – Eh bien, madame la comtesse, me dit-elle, la maîtresse du comte de Rosamont était une jeune fille de dix-huit ans qui se nommait Marie Sorel. »

– Marie Sorel ! exclama le comte, et c’était elle, elle-même qui te parlait !

– Oui, c’était Marie Sorel ; et cet enfant que je voulais lui prendre, cet enfant, aujourd’hui un homme, est le fils du comte de Rosamont.

– Louise, que dis-tu ?

« – Quand le comte Maxime de Rosamont, qui se faisait appeler Lucien Gervois, a abandonné Marie Sorel, elle était enceinte de près de cinq mois. »

Le comte poussa un cri rauque et couvrit son visage de ses mains.

La malade resta quelques instants silencieuse.

– Écoute encore, Maxime, reprit-elle, écoute : Marie Sorel m’a raconté sa navrante histoire…

– Louise, tu te fatigues, c’est assez ; je ne veux pas savoir…

– Il le faut, cependant ; tu ne dois rien ignorer.

– Alors, j’écoute, fit M. de Rosamont.

La comtesse n’avait rien oublié de ce que Marie Sorel lui avait elle-même raconté.

Très calme, affermissant sa voix, elle commença le douloureux récit.

Maintenant le comte était comme suspendu aux lèvres de la malade.

Il se sentit traversé par un frisson quand la comtesse lui raconta le suicide de Marie ; puis comment un jeune homme dont elle était aimée, était arrivé à temps pour enfoncer la porte de sa chambre et la sauver.

Mme de Rosamont entra dans quelques détails concernant le jeune homme, dont elle ne disait pas encore le nom avec intention.

Elle arriva au duel de Saint-Cucufa où elle montra l’ami d’enfance de Marie Sorel mortellement blessé par le baron de Simiane.

– Ah ! je me souviens ! s’écria le comte, c’est devant moi qu’a éclaté la querelle qui a amené cette fatale rencontre. Mais comment s’appelait donc ce jeune homme, qui devait payer de sa vie son dévouement ?

D’une voix lente et grave, la comtesse répondit :

– Il s’appelait André Clavière !

Le comte se dressa comme par un ressort.

– André Clavière ! exclama-t-il. Oui, oui, voilà le nom de ce brave garçon, qui a provoqué de Simiane !

La main appuyée sur son front, il resta un instant hésitant ; puis d’une voix vibrante d’émotion :

– Louise, prononça-t-il, qui donc est ce jeune homme qui s’appelle aussi André Clavière, ce jeune sous-préfet que nous avons vu l’année dernière à la soirée du ministre ?

– Ah ! tu le devines ! répondit la malade.

– Lui, lui ! c’est le fils de Marie Sorel !

– Et le tien, Maxime.

Un sanglot s’échappa de la poitrine du comte, qui retomba sur son siège comme anéanti.

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