VI À bas le masque

Dans la chambre n° 4, les trois hommes étaient toujours dans la même immobilité. Toutefois, le maître était dans un état d’agitation extraordinaire. Il avait entendu toutes les paroles de la jeune fille, et quand le silence se fit entre les deux femmes, il se dit :

– Je ne me suis pas trompé, c’est bien un narcotique que la coquine lui a fait boire, et la pauvre enfant vient de s’endormir.

Claire ne pouvant plus ni parler, ni faire un mouvement, il croyait, en effet, que la jeune fille dormait.

Il ignorait qu’il existât à Paris un vieillard de près de quatre-vingt-dix ans, appelé Tartini, lequel était un savant chimiste très habile en l’art de fabriquer toutes sortes de poisons et autres compositions chimiques produisant les effets les plus singuliers.

Dix fois il avait été sur le point d’ouvrir la porte et de se précipiter dans la chambre ; mais il avait su se contenir. Pour lui et ses hommes le moment d’intervenir n’était pas venu encore.

Près de Mlle Dubessy, il n’y avait encore que Mme de Linois, il fallait permettre à M. le comte et à M. le vicomte d’entrer en scène.

Et le mystérieux personnage attendait.

Cependant Mme de Linois s’était dressée debout, pâle, elle aussi, et toute frémissante sous l’impression des regards éperdus de la jeune fille.

Elle alla à la porte donnant sur le couloir et s’assura qu’elle l’avait bien fermée à double tour, ensuite elle marcha rapidement vers la porte de la chambre n° 6 dont elle tira le verrou.

La porte s’ouvrit aussitôt et le comte poussa Alfred dans la chambre, en prononçant ces mots d’une voix creuse :

– Allons, marche, ne tremble pas, elle est à toi !

Si le jeune homme avait suivi exactement les ordres de son père, il se serait précipité sur la jeune fille, l’aurait enlevée dans ses bras et jetée sur le lit. Mais bien qu’il fût ivre de désirs sensuels, il n’était encore qu’un apprenti bandit, un demi-scélérat. Au lieu d’agir brutalement, ainsi que son noble père l’aurait voulu, – car M. le comte était pour les choses rapidement exécutées, – il s’approcha de la jeune fille, s’agenouilla devant elle et lui prit les mains qu’il couvrit de baisers brûlants.

Rien ne saurait rendre l’expression du regard et de la physionomie de Mlle Dubessy ; c’était à la fois l’épouvante, l’horreur et le dégoût.

Et la malheureuse, momentanément paralysée, ne pouvait se soustraire, à l’horrible contact ; elle ne pouvait retirer ses mains que souillaient les lèvres de ce misérable, de ce lâche !

Et s’il lui plaisait, à cet être vil, de coller ses lèvres sur les siennes, il lui faudrait subir également cette flétrissure.

Ah ! si elle avait pu se dresser sur ses jambes, faire usage de ses bras, avec quelle énergie, forte dans sa colère, elle aurait repoussé le misérable !

Ainsi, avec une habileté infernale, on lui avait tendu un piège et elle y était tombée. Elle était à la merci de trois infâmes, de trois monstres, entièrement à leur merci, puisqu’il lui était impossible de se défendre, d’appeler à son secours.

Toutes les phrases de la lettre d’avertissement qu’elle avait reçue d’un ami inconnu se retraçaient dans sa mémoire. Et elle n’avait pas tenu compte des conseils qui lui étaient donnés, mieux que cela, elle les avait méprisés !

Mais que lui voulait-on ? Dans quel but l’avait-on fait tomber dans ce piège infâme ? Ces gens, ces de Linois – des bandits – la tenaient en leur puissance que voulaient-ils donc faire d’elle ?

Une clarté se fit dans son esprit ; elle comprit.

Tout se retourna en elle et il lui sembla qu’elle allait mourir.

Mais la mort n’était-elle pas préférable à l’horrible souillure ? Ne valait-il pas mieux mourir que d’être déshonorée ?

Tout cela avait passé rapidement dans la pensée de Claire.

Mme de Linois se tenait à l’écart, près de la fenêtre, à moitié cachée derrière les rideaux.

Le comte, très sombre, dardant sur la jeune fille son regard sinistre, était resté sur le seuil de la porte. Il passait fiévreusement les doigts dans sa barbe et se mordillait les lèvres.

Alfred, tenant toujours les mains de Claire, disait :

– Claire, je vous aime, je vous adore, comme jamais aucune jeune fille n’a été aimée, adorée. Ah ! vous le savez bien et depuis longtemps que je vous aime de toutes les forces qui sont en moi ! Je ne pouvais plus vivre sans vous, mais je ne voulais pas mourir afin de vous consacrer ma vie tout entière.

Claire, Claire, sois à moi, donnons-nous l’un à l’autre pour la vie !

Il osait, il avait l’audace de la tutoyer, l’infâme !

Il savait qu’il pouvait tout lui dire, qu’elle avait été mise dans l’impossibilité de lui répondre.

Et la pauvre enfant entendait cela, et, immobilisée, elle n’avait que la flamme de son regard pour protester contre des paroles iniques. Ah ! si elle avait pu parler !

Alfred continua :

– Claire, unissons-nous l’un à l’autre, échangeons de délirants baisers d’amour ; tu seras ma femme, mon épouse chérie, adorée ; nous aurons de beaux enfants, car tu les aimes, les enfants, et nous les adorerons, ces chers petits êtres, comme tu es toi-même adorée ! Oh ! comme notre vie sera heureuse et belle !

Toujours dans l’encadrement de la porte, M. de Linois haussait les épaules, donnant ainsi des signes visibles d’impatience.

La comédie des beaux sentiments durait trop longtemps. Il s’avança pour y mettre fin.

– Mademoiselle, dit-il d’une voix douce et pateline, la femme pardonne tout à l’amour ; ce que, dans sa sévérité, le monde blâmerait, vous l’excuserez, vous le pardonnerez en vous disant qu’il y avait là l’égarement, l’emportement d’une passion qu’aucunes considérations humaines ne pouvaient maîtriser.

Et, maintenant, mes enfants, nous vous laissons seuls.

Il échangea avec son fils un regard expressif, puis il éteignit la lumière du bougeoir. Il allait éteindre également l’autre bougie lorsque, tout à coup, la porte de la chambre n° 4 s’ouvrit avec fracas.

Trois hommes, ayant chacun un revolver à la main, firent irruption dans la chambre du drame.

Et avant que les de Linois eussent eu le temps de se reconnaître, de comprendre ce qui se passait, un des nouveaux venus avait bondi jusqu’à la porte du n° 6 pour en défendre le passage.

Les trois complices étaient cernés, pris dans leur propre piège.

Le charmant Alfred s’était dressé comme par un ressort, livide, tremblant de tous ses membres.

Mlle Dubessy avait tourné la tête et compris que Dieu avait entendu la prière qu’elle lui adressait du fond de son âme.

Ces trois hommes venaient à son secours. Et juste au moment où elle se disait :

– C’est fini, plus d’espoir, je suis perdue, perdue !

À cet instant même la porte s’ouvrait, les hommes paraissaient, elle était sauvée !

Devant ses yeux, elle vit ces mots, contenus dans le billet anonyme, tracés en lettres de feu :

« Vous ne serez pas une victime !

« On veille sur vous !

– Nous sommes trahis et je ne suis pas armé ! avait murmuré M. de Linois, dont les yeux pleins de lueurs fauves, s’étaient injectés de sang.

Quant à Mme de Linois, subitement prise d’une violente attaque de nerfs, elle s’était écroulée sur le parquet et se tordait dans d’affreuses convulsions.

Le défenseur de la jeune fille l’avait enveloppée d’un regard plein d’intérêt et de compassion et s’était dit, voyant le rayonnement de joie des yeux de Claire et leur expression de profonde reconnaissance :

– Elle n’est pas endormie, elle voit, entend et comprend ; mais cette étrange immobilité…

Alors notre personnage s’avança, le regard flamboyant, et se plaçant en face de son antagoniste, il lui montra son visage en pleine lumière.

Le misérable poussa un cri rauque, étranglé, et recula terrifié, secoué par un tremblement convulsif.

– Vous, vous, vous ! balbutia-t-il éperdu.

– Ah ! vous me reconnaissez ! Eh bien, j’en suis ravi ; cela vous évite de prétendre que vous êtes le comte de Linois. Quittez donc ce nom dont vous vous êtes frauduleusement emparé, que vous avez volé et reprenez celui qui vous appartient et que vous avez depuis longtemps déshonoré.

À bas le masque ! Vous avez assez joué au comte de Linois, qui fut dans un temps votre ami et le mien, et qui est mort en Amérique il y a six ans.

Mais vous savez cela mieux que moi, vous avez assisté aux derniers moments du comte de Linois ; il est même probable que vous n’avez pas été pour rien dans cette mort d’un malheureux qui, deux jours auparavant, se portait à merveille. Vous savez vous procurer et faire usage de merveilleux poisons, et aussi d’autres substances, poudres ou liquides non moins merveilleux.

Et, montrant de la main la jeune fille immobile dans le fauteuil, il ajouta :

– En voici la preuve, monsieur le baron Raoul de Simiane.

Il avait prononcé ces paroles d’une voix acerbe, qui cingla la figure du misérable comme un coup de cravache.

Celui-ci, dans lequel nos lecteurs ont sans doute reconnu depuis longtemps le terrible de Simiane, avait la face horriblement convulsée. Ne pouvant bondir à la gorge de son ennemi, maintenu qu’il était par le canon du revolver braqué sur lui, il grinçait des dents.

Alfred, un peu revenu de son épouvante, s’était éloigné de Mlle Dubessy et manœuvrait avec l’intention évidente de s’enfuir par une des portes latérales, malgré les deux hommes à qui la garde en avait été confiée.

L’inconnu ayant remarqué son manège, s’écria :

– Ne le laissez pas échapper, j’aurai aussi à lui parler tout à l’heure.

Il reprit, s’adressant de nouveau à de Simiane :

– Vous ne m’attendiez point ici, n’est-ce pas, monsieur le baron ? Donc, continua-t-il avec une ironie mordante, je n’ai pas cru devoir vous prévenir de ma visite. J’ai préféré vous causer une surprise, peu agréable il est vrai, mais, enfin, une surprise.

Je vois ce soir Mlle Dubessy pour la première fois ; mais je m’intéresse à cette jeune fille, je m’intéresse à elle plus que vous ne le croyez, monsieur le baron, et, vous le voyez, je me suis fait son défenseur.

La pauvre enfant échappe à vos convoitises ; votre fils, le fils d’Antoinette Picot, qui a été autrefois au service de la baronne de Simiane, votre mère, votre fils ne souillera pas le corps de cette vierge et vous, baron de Simiane, vous ne vous emparerez pas des millions de Mlle Claire Dubessy comme de ceux du malheureux Ludovic de Mégrigny.

De Simiane fit entendre une sorte de grognement de fauve.

Il reprenait peu à peu son sang-froid. Il se redressa brusquement et d’un ton farouche :

– Allez-vous me dire, enfin, ce que vous me voulez ?

– Ah ! ce que je te veux ! Je veux, après t’avoir arraché ton masque, je veux, serpent, te briser les dents ! Tu as trop fait de victimes ; elles crient toutes vengeance contre toi… Tu as mordu, tu ne mordras plus !

– Pourquoi vous mêlez-vous de mes affaires, quand je ne m’occupe pas des vôtres ? Pourquoi pénétrez-vous ainsi dans ma vie ?

– Parce qu’il fallait à tes victimes un vengeur ; ce vengeur, c’est moi !

Les yeux du maudit lancèrent des flammes. Il se ramassa sur lui-même et fit un mouvement pour s’élancer sur son ennemi.

– Si tu fais un seul pas en avant, lui cria le vengeur, aussi vrai que je m’appelle Maxime de Rosamont, je te tue comme un loup enragé !

La terrible attitude de M. de Rosamont disait assez qu’il n’hésiterait pas à mettre sa menace à exécution.

De Simiane, nous le savons, insolent et cruel avec les faibles, était rampant et lâche en face des forts. Au lieu d’avancer, il recula.

De sa voix calme, à l’accent sévère, l’ami d’autrefois reprit :

– Je ne pensais plus à vous, baron de Simiane, je vous avais complètement oublié ; je vous croyais mort et, malheureusement, vous étiez toujours de ce monde. Vous vous étiez enfui de France pour échapper à la justice avec laquelle vous aviez de terribles comptes à régler, pourquoi y êtes-vous revenu ? Vous n’aviez pas assez de vos anciens crimes, il vous fallait commettre de nouveaux forfaits, faire encore couler des larmes !

Chez vous, il n’y eut jamais un instant de remords, vous n’eûtes jamais la pensée du repentir. Sur la terre libre d’Amérique et ailleurs, partout où vous avez porté vos pas, qu’avez-vous fait ? J’ai fait prendre des informations et si je n’ai pas pu tout savoir, j’ai au moins la certitude que les renseignements qui m’ont été fournis sont absolument exacts.

La fortune que vous aviez emportée de France a été dissipée en moins de quatre ans. Dès lors, sous le nom de James Mikley, vous faisant passer pour un Anglais, vous n’avez plus vécu que d’expédients. On vous a vu dans toutes les principales villes des États-Unis. Devenu un joueur très habile, on se souvient de la chance étonnante qui vous favorisait sur les tapis verts. À cette industrie, qui n’était pas toujours aussi lucrative que vous l’auriez voulu, vous ajoutiez l’escroquerie et le vol sous toutes ses formes.

– C’est faux, c’est faux ! hurla de Simiane.

– J’ai des lettres qui sont des preuves. Partout où vous avez passé, vous avez fait des dupes et laissé les plus tristes souvenirs.

C’est au Canada que vous avez rencontré le comte de Linois ; vous vous reconnûtes et renouâtes les liens d’une ancienne camaraderie. De son côté l’amitié était sincère, mais du vôtre !… Passons.

De Linois avait eu, comme vous, une jeunesse très agitée ; mais s’il avait follement gaspillé la fortune que lui avaient laissée ses parents, lui, au moins, n’avait point forfait à l’honneur et était resté digne de porter le nom de ses ancêtres.

À vingt-cinq ans, il se maria avec une jeune orpheline qu’il aimait, dont il était aimé et qui lui apporta une dot d’un million. Il put alors se délivrer de ses créanciers et il conserva le château de Linois, en Bourgogne, avec ses dépendances. C’était l’épave d’un magnifique héritage.

Antoinette Picot, l’ancienne femme de chambre de la baronne de Simiane et plus tard de Blanche de Mégrigny, était sortie de sa crise de nerfs ; elle avait relevé la tête, et toujours étendue sur le parquet, le buste appuyé sur ses bras, elle écoutait avidement ; car ni elle ni son fils ne savaient ce que de Simiane avait fait en Amérique ; ils ignoraient, par conséquent, comment le baron avait pu changer son nom contre celui de comte de Linois.

Alfred, qui s’était affaissé sur une chaise, écoutait aussi, les coudes sur ses genoux et la tête dans ses mains.

Mlle Dubessy ne perdait pas une des paroles de M. de Rosamont ; elle écoutait avec une attention croissante et un étonnement profond.

– La jeune Mme de Linois, poursuivit le vengeur, avait des parents en Amérique, à Philadelphie ; elle et son mari se rendirent dans cette ville. De Linois avait résolu de se donner au travail et de se refaire une fortune, si c’était possible, afin d’apaiser le regret qu’il avait des fautes de sa jeunesse.

Presque tout de suite en arrivant à Philadelphie, la comtesse avait mis au monde un fils auquel on donna le prénom d’Alfred. Maintenant, plus que jamais, le travail du comte de Linois avait un but. Il lui fallait reconstituer sa fortune afin que son fils pût un jour porter son nom avec éclat.

Pendant plusieurs années le comte et la comtesse vécurent très heureux.

Mais le malheur s’abattit tout à coup sur de Linois. Il perdit sa femme et son fils à quelques jours de distance.

Baron de Simiane, vous avez entre les mains l’acte de naissance de Jeanne-Angélique Dubourg, l’acte de mariage du comte et de la comtesse de Linois et l’acte de naissance d’Alfred-Henri de Linois ; moi, je possède l’acte de décès de Jeanne-Angélique Dubourg, comtesse de Linois, et l’acte de décès de son fils Alfred Henri de Linois.

Maintenant, de Simiane, adossé au mur, le visage blême, convulsé, roulait des yeux effrayants, qui semblaient sortir des orbites.

M. de Rosamont reprit la parole.

– Ce n’est pas pour vous apprendre ce que vous savez aussi bien que moi que je fais ce récit, mais pour vous prouver que je suis parfaitement renseigné, et afin que les personnes qui m’entendent sachent bien qui vous êtes et ce que vous valez.

Je reviens au comte de Linois. La mort de sa femme et de son fils lui porta un coup terrible. Il tomba dans un profond découragement, ses facultés intellectuelles s’affaiblirent, il négligea ses affaires, et la maison de commerce qu’il avait fondée et qui commençait à prospérer, s’en alla à la dérive et finit par sombrer.

Alors le malheureux de Linois se mit à voyager et, comme je l’ai dit, il était au Canada lorsque vous le rencontrâtes.

Il vous raconta sa douloureuse histoire, ne vous laissant rien ignorer des choses qui le concernaient.

À votre tour, et comme il s’étonnait que vous eussiez pris un faux nom, vous lui dites que vous aviez été dans la nécessité de le faire afin de vous soustraire à vos créanciers et à d’impitoyables rancunes.

De Linois accepta vos explications, crut à l’affection que vous lui témoigniez, et se laissa diriger par vos conseils intéressés.

Vous étiez revenus à Philadelphie. Un jour, vous décidâtes de rentrer tous deux en France, et toujours dirigé par vous, qui aviez déjà formé le projet criminel de vous substituer à lui, le comte rassembla tous ses papiers, même ceux qui paraissaient n’avoir aucune importance.

Avant de partir, vous engageâtes le comte à faire un dernier voyage à travers le pays. Un matin, vous vous arrêtâtes au village de Fonikan, à cinquante lieues de Philadelphie ; le comte était souffrant, il se mit au lit ; le lendemain soir il rendit le dernier soupir. Déjà vous vous étiez emparé de son nom, et ce fut sous celui de James Mikley que vous fîtes enterrer le comte de Linois.

Alors, vous vous êtes dit :

« On ne se souvient plus du baron de Simiane, on le croit mort ; je puis rentrer en France, reparaître sur les boulevards de Paris, et comme les années et mon séjour en Amérique m’ont en quelque sorte métamorphosé, on ne me reconnaîtra pas ; je pourrai être sans danger le comte de Linois.

« Je ferai plus : imitant admirablement l’écriture, du comte, je me mettrai en relations avec son notaire, le régisseur du domaine de Linois et je toucherai le prix des fermages, des ventes de bois, etc. Et le moment viendra où je pourrai prendre possession du château.

– Eh bien ! oui, de Simiane, vous avez dit : Je ferai cela, et avec une stupéfiante audace, vous l’avez fait. Après avoir volé le nom du comte de Linois, vous vous êtes emparé de ses biens.

Il y a deux ans, le vieux notaire mourut ; l’année dernière ce fut le tour du régisseur, qui était aussi un vieillard. Alors, n’ayant plus à craindre qu’on ne s’écriât en vous voyant : – « Cet homme n’est pas le comte de Linois, notre maître », vous êtes entré souriant et la tête haute dans ce vieux manoir bourguignon, donné autrefois à un de Linois en récompense d’éclatants services rendus à son prince.

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