X Rayon de soleil

C’était le dimanche matin. Mlle Dubessy avait passé une bonne nuit, car elle n’avait fait qu’un somme. Son sommeil n’avait pas été troublé par d’effrayants cauchemars, comme la nuit précédente, mais agréablement bercé, au contraire, par de délicieux rêves.

Elle était complètement remise de ses émotions, ne ressentait plus aucune fatigue, et son visage frais, reposé, animé, avait repris son expression des meilleurs jours, des jours heureux. Elle était gaie, la joie de l’espoir se reflétait dans la lumière de ses yeux.

– Nouveau changement à vue, se disait Julie, en aidant sa maîtresse à s’habiller ; allons, nous ne sommes pas à la fin de nos surprises.

– Julie, demanda négligemment Claire, sais-tu si M. Lebel est sorti ce matin de bonne heure, selon son habitude ?

– Il a quitté son pavillon à peu près à la même heure que dimanche dernier. Il est bien le plus enragé promeneur qui existe.

Mlle Dubessy sourit. Et après un assez long silence, la femme de chambre restant muette :

– Julie, reprit Claire, tu ne me parles pas aujourd’hui de M. Édouard Lebel.

– Et pour cause, mademoiselle : vous m’avez défendu de jamais vous parler de lui.

– C’est vrai, je t’ai fait cette défense ; mais…

– Au surplus, mademoiselle, je n’ai rien à vous dire de M. Lebel, ne pouvant vous répéter que ce que je vous ai déjà dit bon nombre de fois.

Il y eut un nouveau silence. Julie semblait ruminer quelque chose.

– M. Édouard aura bientôt terminé ses travaux, dit Claire avec mélancolie.

– Et il s’en retournera à Paris… si vous le laissez partir.

– Sincèrement, Julie, crois-tu qu’il m’aime ?

– N’en êtes-vous donc pas mille fois convaincue ?

– Je doute toujours.

– En vérité !

Troisième silence plus long que les précédents. Ce fut la femme de chambre qui reprit la parole :

– Mademoiselle, dit-elle, voulez-vous faire ce matin à votre dévouée servante un grand, très grand plaisir ?

– Oui, que désires-tu ?

– Que vous ôtiez cette robe que vous venez de mettre, et que vous me permettiez de vous habiller comme il me plaira.

– Oh ! si ce n’est que cela, fit la jeune fille en riant.

– Alors, vous voulez bien ?

– Tiens, répondit Claire, dégrafant son corsage, j’enlève cette robe.

– Et je vais vous en apporter une autre.

Julie passa dans le cabinet garde-robes et revint bientôt avec une magnifique robe de soie gris perle, robe de soirée décolletée, sans manches.

Claire regarda la femme de chambre avec ahurissement.

– Je vais vous habiller, dit tranquillement Julie.

– Quoi ! tu veux que je mette cette robe ?

– Oui, mademoiselle ; c’est une idée à moi.

– Alors une vraie mascarade, fit Claire partant d’un joyeux éclat de rire.

Elle se laissa habiller ainsi que le voulait Julie, qui lui mit au cou le collier de perles et l’obligea à se parer de ses bijoux préférés, et à mettre ses pieds dans des souliers de satin.

– Eh bien ! te voilà contente ? dit Claire.

– Pas encore, mademoiselle.

– Comment, pas encore ?

La femme de chambre jeta un manteau sur les épaules de sa maîtresse.

– Maintenant, mademoiselle, dit-elle, venez.

– Où cela ?

Julie sourit mystérieusement et répondit :

– Au pavillon de M. Lebel.

– Mais tu es folle ! exclama Claire.

– Vous verrez tout à l’heure que j’ai toute ma raison.

– Ainsi, tu veux… Mais c’est d’une indiscrétion…

– Venez toujours.

– Tu as donc la clef du pavillon ?

– J’en ai une et même deux, que j’ai trouvées en les cherchant dans une armoire, sur les indications du maître d’hôtel.

Un peu malgré elle, Claire se laissa emmener. Elles pénétrèrent dans le pavillon au moyen d’une des clefs que Julie avait dans sa poche. Elles montèrent l’escalier et se trouvèrent dans la chambre de l’artiste.

Claire regardait le lit, les autres meubles de la chambre, et, plus particulièrement, la table encombrée de livres, de papiers divers, dont elle n’osait pas s’approcher.

Elle se tourna brusquement vers Julie, le regard interrogateur.

– Écoutez-moi, mademoiselle, dit la femme de chambre : depuis longtemps j’étais curieuse, oh ! mais très curieuse de savoir à quoi M. Lebel pouvait employer son temps quand il passait des journées entières et de longues soirées enfermé dans son pavillon. – « Il doit écrire ses mémoires, peut-être bien un roman », me disais-je. Mais je ne savais pas et cela me taquinait. C’était à ce point, mademoiselle, que je passais des nuits sans pouvoir dormir.

Je voulus satisfaire ma curiosité et, il y a six semaines, je demandai la clef du pavillon à Simone, qui est chargée de faire le ménage de M. Lebel. Je vins dans cette chambre ; mais j’y trouvai une déception, c’est-à-dire ni mémoires commencés, ni roman sur le chantier, enfin aucun écrit, rien. Je voulus ouvrir cette porte que voilà, par laquelle on entre dans la plus belle pièce du pavillon, impossible.

Pourquoi donc M. Lebel fermait-il cette porte ? Cela m’intrigua fort et je me dis : – « Il faudra que je voie. »

Je sus par le maître d’hôtel qu’il devait exister de secondes clefs de toutes les portes du pavillon. Je cherchai et, comme je vous l’ai dit, dans une armoire où il y a des centaines de clefs, je trouvai.

Dimanche dernier je m’introduisis dans le pavillon, j’ouvris cette porte et j’ai vu…

– Tu as vu quoi ?

– Ce que vous allez voir à votre tour, mademoiselle. Julie ouvrit la porte et s’écria :

– Entrez, mademoiselle, entrez et regardez !

Claire poussa un grand cri où il y avait autant de surprise que de joie, et aussitôt un sanglot lui monta à la gorge.

– Eh bien ! mademoiselle, dit Julie, êtes-vous assez ressemblante, assez belle ! Et c’est de mémoire que M. Édouard a fait votre portrait, aidé seulement d’une photographie qu’il m’avait demandée et que je lui avais donnée, ne me doutant guère de l’usage qu’il en voulait faire.

– Oh ! mon Dieu, oh ! mon Dieu ! murmura Claire, ne pouvant détacher ses yeux de cette peinture, reproduisant si admirablement son visage qu’elle pouvait croire qu’elle se voyait dans un miroir.

Julie avait enlevé le manteau qui couvrait les épaules de sa maîtresse.

– Et ce collier de perles, mademoiselle, reprit-elle, et ces bijoux ne sont-ils pas exactement ceux que vous avez sur vous ?

– Julie, c’est merveilleux !

– Comme peinture, sans doute ; mais que d’amour il y a dans ces coups de pinceaux ! Ah ! mademoiselle, comme vous êtes bien tout entière dans sa pensée et dans son cœur !… Et maintenant, doutez-vous toujours ?

– Ah ! Julie, Julie ! s’écria la jeune fille.

Et elle éclata en sanglots.

Au bout d’un instant, la femme de chambre reprit :

– Il n’y a plus que la robe à faire ; M. Édouard n’a pas osé vous prier de poser devant lui avec cette toilette que vous portez en ce moment et dans laquelle il ne vous a vue qu’une seule fois, le jour anniversaire de votre naissance.

– Et nous ne savions rien, Julie, nous ne nous doutions de rien !

– Ah ! il n’avait garde de se vanter de la chose !

– Julie, souvent, toutes les nuits dans ces derniers temps, le pavillon restait éclairé jusqu’à deux heures et même trois heures du matin, cette pièce surtout ; il travaillait à mon portrait.

La femme de chambre secoua la tête.

– Il y a des mois, répondit-elle, que votre portrait est tel que vous le voyez.

– Pourtant, Julie…

– J’ai aussi remarqué que M. Édouard veillait fort tard, mademoiselle ; eh bien ! je crois qu’il restait en contemplation devant son ouvrage, qu’il s’y oubliait, que peut-être il pleurait en regardant votre image, et qu’il lui adressait toutes les paroles qu’il ne se permettait pas de prononcer devant Mlle Claire Dubessy.

La jeune fille soupira et, la tête inclinée, resta songeuse.

Quelques minutes s’écoulèrent.

Soudain, trois coups de cloche se firent entendre.

– C’est une visite que l’on annonce, dit la femme de chambre.

– Mais je n’attends personne ce matin, fit Claire avec un mouvement d’impatience. Et puis, ajouta-t-elle, je ne puis pas recevoir habillée ainsi.

– Mademoiselle veut-elle que j’aille voir…

– Non, rentrons vite au château, le plus pressé est de changer de toilette.

Un quart d’heure après, Mlle Dubessy était prête à recevoir la personne que la cloche avait annoncée, une dame qu’on avait priée de vouloir bien attendre dans le salon.

Envoyée par sa maîtresse pour savoir le nom de la visiteuse, Julie revint et annonça :

– Mme Clavière.

Claire laissa échapper un cri de joyeuse surprise. Elle s’élança hors de sa chambre, courut au salon et tomba dans les bras de la Dame en noir, en s’écriant :

– Ah ! que je suis heureuse de vous voir !

Elles s’embrassèrent avec effusion.

Puis, s’étant assises à côté l’une de l’autre sur un canapé :

– Vous ne m’attendiez pas, dit Mme Clavière.

– Pas aujourd’hui, c’est vrai ; mais depuis longtemps j’espérais cette bonne visite que vous m’aviez promise.

– Peut-être l’aurais-je retardée encore ; mais j’accours à Grisolles où, paraît-il, ma présence est devenue nécessaire.

– Nécessaire ? répéta Claire.

Puis aussitôt :

– Vous avez vu M. le comte de Rosamont ?

– Non, je n’ai pas vu M. de Rosamont ; mais il m’a écrit, j’ai reçu sa lettre hier, quelques lignes seulement ; une heure après je prenais le chemin de fer et me voici.

Mais que se passe-t-il donc ici, chère enfant ? Ah ! dites-moi tout, ne me cachez rien !

La jeune fille devint très rouge. Et comme elle paraissait embarrassée :

– Est-il vrai que vous aimez Édouard ? demanda la Dame en noir.

– Oui, oui, je l’aime !

– Et il vous aime également ?

– Oui.

Claire prononça ce mot avec un accent qui révélait toute l’allégresse de son âme.

– Cela devait être, fit la Dame en noir avec un doux sourire.

– Ce matin, reprit la jeune fille, je pouvais douter encore, mais, à présent, je ne doute plus.

– Et cependant, si j’en crois ce que M. de Rosamont m’a écrit, vous souffrez, vous êtes malheureux tous deux ?

– Nous avons également souffert.

– Pourquoi ? Parce que vous ne vous êtes point dit que vous vous aimiez et que, faute de vouloir vous entendre, vous vous êtes mis à douter l’un de l’autre.

– C’est vrai.

– Où en sont les choses, maintenant ?

– Il n’y a rien de changé.

– Édouard ignore toujours que vous êtes sa cousine ?

– Oui.

– Peut-être auriez-vous dû le lui dire.

– Oh ! non, j’aurais eu trop peur…

– De quoi ?

– Qu’il ne me maudit comme il a maudit ma mère.

– Édouard, vous aimant et ayant pu vous apprécier, ne pouvait plus vous comprendre dans ses malédictions.

– Cette crainte m’a constamment retenue.

– Je crois qu’elle était fort exagérée. Voilà donc pourquoi, imposant silence à votre cœur, vous avez gardé le secret de votre amour ?

– Oui, mais j’ai beaucoup fait pour amener Édouard à me faire l’aveu du sien.

– Vous n’avez pas réussi, et vous en avez deviné la cause ; vous avez compris qu’Édouard très fier, ayant toutes les délicatesses du cœur, voyait votre grande fortune se dresser devant lui et le repousser.

Pour une cause vous gardiez le secret de votre amour, pour une autre Édouard enfermait le secret du sien au fond de son âme. Voilà donc où vous en êtes encore aujourd’hui ?

– Hélas ! oui.

– Je suis à Grisolles, chère enfant, et j’espère pouvoir arranger les choses.

Mais dites-moi, Claire, vous avez-vu souvent le comte de Rosamont ? !

– Une seule fois, madame, et il n’est pas venu au château.

– Comment a-t-il pu savoir que vous aimiez Édouard et que vous étiez aimée de lui ?

– Je l’ignore.

– Édouard n’a pu lui faire cette confidence.

– Oh ! certainement, bien que le comte fût digne de sa confiance ; du reste, je ne crois pas qu’Édouard ait vu M. de Rosamont.

– Savez-vous si le comte a fait un long séjour dans ce pays ?

– S’il est parti hier soir, comme c’est probable, il est resté au moins un mois à Poitiers.

– Un mois ! fit la Dame en noir songeuse.

Mais, reprit-elle, vous ne savez pas, vous ne pouvez pas savoir pourquoi il est venu dans la Vienne ?

– Si, si, je le sais ! s’exclama la jeune fille.

– Eh bien ? interrogea avidement Mme Clavière.

– M. le comte de Rosamont est venu dans ce pays pour me défendre contre des ennemis que je croyais mes amis, et me tirer saine et sauve d’un guet-apens infâme !

– Claire, mon enfant, que voulez-vous dire ?

– Vous m’avez demandé de ne rien vous cacher, vous saurez tout. Ces ennemis dont je viens de parler étaient aussi les vôtres, ceux de votre fils, ceux de mon amie Henriette et de sa mère.

– Les de Linois ?

– Un nom et un titre volés !

– Oh !

– Sous le nom du comte de Linois se cachait le frère de Mme Beaugrand, le baron Raoul de Simiane !

– Est-ce possible ? s’écria la Dame en noir haletante.

– Celle qui se faisait appeler comtesse de Linois, n’était autre que l’ancienne femme de chambre de la mère du baron de Simiane et, plus tard, la femme de chambre de Mme de Mégrigny. Cette misérable femme, étant au service de la baronne de Simiane, devint la maîtresse du baron ; un fils naquit de cette liaison, c’est ce fils qu’on appelait à Grisolles le vicomte de Linois.

– Mon Dieu ! mais ce que vous m’apprenez là est épouvantable !

– Bien moins, cependant, que ce que je vais tout à l’heure vous raconter.

M. le comte de Rosamont est venu dans ce pays en vengeur, il est venu châtier le baron de Simiane.

– Il l’a tué !

– Non, le baron s’est tué lui-même, et ce matin, à huit heures, il a été enterré au cimetière de Poitiers sous le nom de Gallien, voyageur de commerce. Quant à la fausse comtesse et au faux vicomte de Linois, dès hier matin ils ont disparu.

– Il me semble que je suis en proie à un horrible cauchemar, dit Mme Clavière.

– Hélas ! tout cela n’est que trop réel, fit Claire.

Après un court silence elle reprit :

– Maintenant vous allez frémir en écoutant le récit que je vais vous faire.

Claire dit comment et pourquoi elle était devenue jalouse, affreusement jalouse d’une jeune femme de Grisolles très jolie, et de quelle façon la fausse comtesse avait su exploiter son aveugle jalousie pour la conduire à Poitiers, dans un hôtel où, disait-elle, Édouard Lebel et sa maîtresse se donnaient rendez-vous.

La jeune fille poursuivit en racontant à Mme Clavière, très exactement, ce qui s’était passé à l’hôtel des Bons-Enfants.

La Dame en noir était pâle et toute tremblante.

– C’est horrible, horrible ! murmura-t-elle d’une voix étranglée.

– Personne au château ne se doute de l’épouvantable danger que j’ai couru, acheva Mlle Dubessy ; M. le comte de Rosamont m’a ramenée à la porte du parc, et j’ai pu rentrer dans ma chambre comme j’en étais sortie, sans avoir été vue ni entendue.

– Et heureusement guérie de votre fatale jalousie ?

– Guérie, je ne l’étais pas encore. Mais hier matin j’appris par mon tuteur pourquoi M. Lebel avait pris en si grande affection cette jeune femme dont j’étais jalouse. Alors, tout m’étant expliqué, je me mis à pleurer à chaudes larmes. Je venais d’être instantanément guérie de ma jalousie.

– Quelle est donc la raison de l’affection assez singulière d’Édouard pour cette jeune femme ?

– Oh ! c’est bien simple : Louise Moranne, qui est une enfant trouvée, a été élevée dans cette maison que vous avez fondée à Boulogne-sur-Seine.

– Louise, Louise ! je me souviens d’elle ; Mme Moranne est une de mes chères filles ! Ah ! je comprends, maintenant, je comprends !

– Et moi aussi, madame, je comprends.

– Chère enfant, Édouard Lebel est là tout entier dans cette action.

– Oui, et depuis hier, si c’eût été possible, je l’aurais aimé plus encore.

– Enfin, vous ne doutez plus qu’il ne vous aime ; vous me l’avez dit.

– Je ne peux plus en douter.

– Malgré qu’il ne vous ait pas encore parlé de son amour ?

– Malgré cela. Je ne me suis pas présentée immédiatement devant vous, je vous ai fait attendre au moins vingt minutes, ce que je vous prie de me pardonner ; je n’étais pas au château.

– Ah !

– Je commettais le péché d’indiscrétion ; j’étais avec Julie, ma femme de chambre, dans le pavillon où habite M. Édouard.

– Dans une de ses lettres, il m’a parlé de son pavillon. Eh bien ?

– Cédant aux instances de Julie qui, sur un doute que j’exprimais, tenait à me convaincre que j’étais aimée, je me laissai conduire dans le pavillon. Dans une pièce qu’Édouard tient fermée et dont il a toujours la clef dans sa poche, mais dont ma femme de chambre ouvrit la porte avec une autre clef, je me trouvai en présence de mon portrait.

– De votre portrait ?

– Oui, madame, de mon portrait en pied, grandeur naturelle, fait de mémoire par mon cousin ; de mon portrait merveilleusement peint et d’une ressemblance on ne peut plus parfaite. Mais vous le verrez.

– J’espère bien qu’Édouard me permettra d’admirer son travail.

– Enfin, madame, c’est ainsi que je viens d’acquérir la certitude que je suis aimée d’Édouard.

Et, ajouta-t-elle, en laissant aller sa tête charmante sur l’épaule de Mme Clavière, après avoir tant souffert de mon amour, qu’une jalousie sans raison me faisait maudire, je serais maintenant complètement heureuse si Édouard oubliait que je suis… la fille d’Antoinette Rondac.

Mme Clavière mit un baiser sur le front de Claire, et de cette voix qui savait si bien pénétrer jusqu’au cœur, elle lui dit :

– Vous êtes un ange de rédemption ; Édouard n’a plus le droit de maudire la mémoire de celle qui vous a mise au monde.

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